tique comporte des signes non spécifiques
d’inflammation et deux lésions cellu-
laires caractéristiques : les cellules mul-
tinuclées et les inclusions cellulaires. Ces
inclusions en “verre dépoli”, avec halo
périphérique, strictement intranu-
cléaires, sont volontiers observées dans
les cellules épithéliales, en particulier
dans les biopsies faites sur les berges des
ulcérations. D’autres techniques de dia-
gnostic rapide sont réalisables à partir du
produit d’écouvillonnage rectal sous
anuscopie ou rectoscopie rigide (détec-
tion des antigènes viraux par méthode
ELISA ou immunofluorescence). Le
traitement curatif des rectites herpé-
tiques repose sur l’acyclovir (Zovirax®),
ou le valacyclovir (Zelitrex®). Chez l’im-
munocompétent, un traitement oral est
conseillé pendant 10 jours en cas de
primo-infection, et pendant 5 jours seu-
lement en cas de poussée ultérieure.
Cytomégalovirus
Les cas de colite à CMV chez des adultes
n’ayant par ailleurs aucun facteur connu
d’immunodépression et n’ayant pas de
maladie inflammatoire intestinale sont
exceptionnels. Il s’agit alors le plus sou-
vent de rectites à CMV faisant suite à un
rapport sexuel anal, associées à des signes
généraux de primo-infection virale (3).
Les observations faisant état d’une colite
à CMV en dehors d’un contexte vénérien
portent, le plus souvent, sur des patients
âgés avec des affections inflammatoires ou
infectieuses associées. Aucun cas de colite
à CMV n’a été diagnostiqué au sein de
cohortes prospectives de colites aiguës
d’adultes immunocompétents (4). Le dia-
gnostic de colite à CMV repose sur la mise
en évidence des inclusions caractéris-
tiques, plus fréquentes au fond des ulcéra-
tions qu’au niveau de leurs berges ou qu’en
zone macroscopiquement saine. L’immu-
nomarquage permet de conforter le dia-
gnostic en cas d’inclusions atypiques.
E. coli O157:H7 et autres
E. coli entéro-hémorragiques
Le caractère pathogène d’E. coli
O157:H7, principal représentant des E.
coli entéro-hémorragiques (5, 6), a été
démontré en 1982 dans le cadre de deux
épidémies de colites hémorragiques liées
à l’ingestion de hamburgers contaminés.
Depuis, des cas sporadiques et de petites
épidémies, en milieu communautaire ou
en institution, ont été rapportés sur tous
les continents. Depuis les années 1950,
on considère que les E. coli entéro-
hémorragiques sont responsables de la
majorité des cas de syndrome hémoly-
tique et urémique (SHU), ce syndrome
compliquant lui-même l’infection intes-
tinale dans 5 à 20 % des cas (7). L’ épidé-
miologie des E. coli entéro-hémorra-
giques en France est encore mal connue
et repose en grande partie sur l’identifi-
cation des causes de SHU en milieu
néphrologique, surtout pédiatrique. À tra-
vers cette surveillance, il s’avère que le
sérotype O157:H7 est moins prédomi-
nant qu’en Amérique du Nord, représen-
tant 50 % des cas seulement. Chez
l’adulte, les premiers cas documentés de
colites à E. coli O157:H7 commencent
tout juste à être publiés (8), mais l’inci-
dence de ces infections ne peut qu’être
sous-estimée, tant que les milieux sélec-
tifs d’E. coli O157:H7 ne seront pas ense-
mencés, au moins au cours des diarrhées
hémorragiques. Cependant, aucun cas
d’infection à E. coli entéro-hémorragique
n’a été décelé dans une série prospective
de 93 colites aiguës en région parisienne,
dont 46 % étaient cliniquement hémor-
ragiques (4). Il est ainsi probable, en
attendant des données épidémiologiques
d’envergure, que les infections à E. coli
entéro-hémorragiques soient moins fré-
quentes en France qu’en Grande-Bre-
tagne ou en Amérique du Nord.
Le trait essentiel commun à tous les séro-
types d’E.coli entéro-hémorragiques est
de pouvoir produire l’une et/ou l’autre
des deux toxines appelées indifférem-
ment vérotoxine ou shiga-toxine. Ces
deux toxines sont composées d’une sous-
unité A responsable de l’activité cyto-
toxique, et de 5 sous-unités B. La toxine
se fixe par une sous-unité B à un récep-
teur spécifique glycolipidique, présent
sur les membranes des cellules euca-
ryotes, en particulier des cellules épithé-
liales et des cellules endothéliales. La
sous-unité A pénètre dans la cellule par
endocytose. Après protéolyse, elle est
transformée en une enzyme active qui, en
se fixant sur la sous-unité 60S du ribo-
some, inactive la traduction protéique de
la cellule. La vérotoxine 1 est produite
par 20 à 80 % des souches d’E. coli
O157:H7, et la vérotoxine 2 par la majo-
rité des E. coli O157:H7. Inversement,
d’autres sérotypes que O157:H7 peuvent
produire l’une et/ou l’autre des véro-
toxines. La détection par PCR dans les
selles des gènes des vérotoxines est donc
le trait diagnostique potentiel commun à
tous les E. coli entéro-hémorragiques.
Sur 100 personnes infectées, 20 resteront
asymptomatiques, 20 développeront une
diarrhée aiguë non hémorragique spon-
tanément résolutive, 60 une diarrhée
hémorragique, 6 un SHU ou un purpura
thrombocytémique thrombopénique. Un
patient décédera, le plus souvent des
complications d’un SHU. Typiquement
(figure 1), l’infection à E. coli entéro-
hémorragique débute brutalement par des
douleurs abdominales spastiques
intenses, suivies, quelques heures après,
d’une diarrhée liquide. Environ la moitié
des patients ont des nausées et des vomis-
sements. La diarrhée devient hémorra-
gique en général au deuxième ou troisième
jour d’évolution (extrêmes : 0 à 8 jours) et
dure habituellement 7 à 10 jours
(extrêmes : 1 à 30 jours). Le nombre de
selles au plus fort de la diarrhée est de 10
(extrêmes : 3 à plus de 30). La fièvre n’est
présente que dans 30 % des cas environ,
et reste modérée. De ce fait, les diagnos-
Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (14) n° 6, juin 2000 184
mise au point
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