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Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (14) - n° 9 - novembre 2000
mise au point
expansion constante. Il n’y a pas de diffé-
rence clinique entre l’infection à HSV1 et
HSV2 ; cependant, HSV2 est responsable
de 80 % des herpès génitaux, et les récur-
rences sont dix fois plus fréquentes
qu’avec HSV1. La primo-infection réalise
habituellement un tableau sévère qui peut
durer plusieurs semaines. L’incubation est
de 7 jours en moyenne. Elle est caractéri-
sée par une éruption vésiculeuse doulou-
reuse éphémère passant souvent inaper-
çue, qui laisse place à des érosions ou
ulcérations multiples, douloureuses, planes,
polycycliques et confluentes.
Leur localisation est péri-anale, intraca-
nalaire ou rectale basse (10 derniers cen-
timètres).
Des signes généraux (fièvre, asthénie,
myalgies) ainsi que des signes régionaux
évocateurs sont associés : rétention
d’urines, constipation, adénopathies ingui-
nales, dysurie et paresthésies sacrées. Les
récurrences sont peu ou pas symptoma-
tiques, avec un risque de contamination
évident ; la rectite est alors exceptionnelle.
Dans le cas particulier de l’immunodépres-
sion, surtout liée au VIH, il existe une aggra-
vation importante de l’infection herpétique,
alors sévère, expansive et récurrente.
•Diagnostic
Le recours aux examens de laboratoire
doit surtout servir à éliminer d’éventuels
diagnostics différentiels dans les formes
atypiques ; en effet, le diagnostic est avant
tout clinique. Le diagnostic paraclinique
repose sur la culture virale : recherche de
l’effet cytopathogène (ECP) qui apparaît
en un à cinq jours, sur des lésions préle-
vées à un stade précoce et acheminées au
laboratoire sans retard. L’ECP peut être
mis en évidence plus rapidement sur un
frottis par le cytodiagnostic de Tzanck
mais qui est toutefois peu sensible. La cul-
ture rapide permet, 24 heures après mise
en culture classique, la détection d’anti-
gène HSV intracellulaire par l’utilisation
d’anticorps monoclonaux spécifiques.
L’utilisation d’anticorps monoclonaux
détectant l’antigène viral permet aussi un
diagnostic rapide (3 heures) et spécifique
(tests immunoenzymatiques) de même
que la PCR.
La sérologie ne peut présenter un intérêt
que dans le cas d’une primo-infection, avec
apparition d’une séroconversion sur deux
sérums prélevés à 2-3 semaines d’inter-
valle. Elle devrait donc être réservée à ce
cas de figure, les récurrences n’entraînant
pas de modification du taux d’anticorps.
•Traitement
Le traitement curatif de l’herpès doit être
prescrit le plus tôt possible. Il repose sur
l’administration d’antiviraux per os : l’aci-
clovir (Zovirax®) ou le valaciclovir (Zeli-
trex®), prodrogue de l’aciclovir possédant
une meilleure absorption digestive et per-
mettant une meilleure observance en dimi-
nuant le nombre de comprimés à prendre.
Les posologies et durées de traitement sont
indiquées dans le tableau ci-dessous.
La forme i.v. est réservée aux sujets immu-
nodéprimés ou aux cas d’atteinte sévère.
S’il y a résistance, le foscarnet (Foscavir®)
peut être utilisé.
Si les récurrences sont fréquentes (> 6/an),
on peut proposer un traitement continu
préventif par Zovirax®2 cp/24 h ou Zeli-
trex®1 cp/24 h, dont l’indication sera à
réévaluer périodiquement.
La syphilis
•Clinique
Le chancre anal dû à Treponema pallidum
est la manifestation classique de la syphi-
lis primaire. Il apparaît 3 semaines après
le contact infectant et se présente comme
une ulcération latéralisée, propre, rosée,
indolore, indurée avec une adénopathie
inguinale unilatérale également indolore.
Cependant, il existe de nombreux aspects
atypiques : fissure latérale chronique,
ulcérations multiples bipolaires en kissing,
ulcérations bourgeonnantes, raghades
suintantes ; la présence d’une adénopathie
inguinale doit orienter le diagnostic.
Certains chancres sont asymptomatiques,
d’autres sont très rares, comme le chancre
rectal qui prend un aspect ulcéro-végétant
pseudo-tumoral.
Les syphilides érosives sont propres à la
syphilis secondaire ; apparaissant 45 jours
après le chancre, elles prennent l’aspect de
plaques muqueuses : macules péri-anales
blanc nacré de petite taille, indolores. Au-
delà du 4emois, apparaissent les syphilides
papuleuses : lésions indurées hyper-
trophiques parfois végétantes pseudo-
condylomateuses. Il faut alors rechercher
des lésions cutanéo-muqueuses palmo-
plantaires typiques de syphilis secondaire.
•Diagnostic
Le diagnostic repose soit sur la mise en
évidence de Treponema pallidum par
l’examen au microscope à fond noir d’un
prélèvement effectué au niveau des
lésions, soit sur la sérologie.
Les deux tests sérologiques de référence
sont le TPHA et le VDRL. Le VDRL
(Veneral Disease Research Laboratory),
qui se positive 4 semaines après l’infec-
tion, utilise un antigène cardiolipidique ;
c’est une technique peu coûteuse, facile à
réaliser mais peu sensible et peu spéci-
fique avec de nombreux faux-négatifs et
faux-positifs. Le TPHA (Treponema pal-
lidum Haemagglutination Assay), qui uti-
lise un antigène tréponémique, est une
technique facile dont les résultats sont très
fiables. Il se positive 3 à 4 semaines après
le début de l’affection.
Mise au point
Primo-infection Récurrence
Posologie Zelitrex®1 cp (500 mg) x 2/24h
ou
Zovirax®5 cp (200 mg) x 2/24h
Durée 10 j 5 j