GASTRO •11/00 30/08/02 9:58 Page 271 m i s e a u p o i nt Mise au point Maladies sexuellement transmissibles anorectales D. Tabhut, S. Sultan* Interrogatoire, examen clinique La symptomatologie des MST anorectales est peu spécifique : douleurs anales, suintements, prurit, épreintes, ténesmes, faux besoins, écoulements purulents et/ou hémorragiques par l’anus. C’est parfois un examen systématique chez un sujet à risque asymptomatique qui pourra faire évoquer une MST. Aussi faudra-t-il réaliser un interrogatoire en deux temps : le premier temps, classique, précède l’examen et fait préciser les signes fonctionnels et leur mode évolutif, les antécédents personnels ; le second temps, orienté par l’examen proctologique qui soupçonne une MST, essaiera de préciser la date du dernier rapport, le type de sexualité, l’utilisation éventuelle d’accessoires, la notion de partenaires multiples, de voyage en zone tropicale, de rapport avec un partenaire originaire de L es maladies sexuellement transmissibles (MST) constituent un problème majeur de santé publique en raison de leur incidence croissante dans le monde : au moins 333 millions de nouveaux cas de MST guérissables survenues en 1995. Ces chiffres intéressent essentiellement des pays en voie de développement mais n’épargnent pas les pays industrialisés. Cette situation est très préoccupante en raison des complications gynéco-obstétricales (stérilité, atteinte fœtale, grossesses extra-utérines) et du risque accru de transmission du VIH liée à la présence de lésions génitales, d’où l’importance des campagnes de prévention et des mesures prophylactiques. Les infections à Chlamydia trachomatis constituent actuellement, chez les femmes, les MST les plus prévalentes dans les pays industrialisés. Les localisations anorectales des MST touchent essentiellement les homosexuels masculins. La multiplicité des partenaires est un facteur de risque majeur de contamination. Lors d’un examen proctologique classique, il faudra évoquer une MST devant trois types de lésions : lésions ulcérées ou érosives, lésions végétantes, une rectite. * Service de proctologie médicochirurgicale, hôpital des Diaconesses, Paris. zone tropicale, des signes d’infection génitale (urétrite...). Dans un contexte de probable MST, l’anuscopie et la rectoscopie doivent si possible être pratiquées sans préparation préalable afin de ne pas faus- 271 sement négativer certains prélèvements, en particulier pour Neisseria gonorrhoeae. Enfin, il faudra réaliser un examen clinique général en insistant sur la recherche d’adénopathies inguinales particulièrement évocatrices de lésions vénériennes. Les lésions ulcérées ou érosives Devant des lésions ulcérées ou érosives il faut penser en priorité, et surtout dans les pays industrialisés, à l’herpès et à la syphilis. Lorsqu’il y a une notion de contage en région tropicale, trois diagnostics sont à évoquer : la maladie de Nicolas-Favre, la donovanose et le chancre mou. Enfin, l’amibiase peut donner également un tableau d’ulcération anale, bien que la rectite en soit la présentation la plus fréquente. L’herpès • Clinique Première cause d’ulcération génitale dans les pays industrialisés, l’herpès est en Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (14) - n° 9 - novembre 2000 GASTRO •11/00 30/08/02 9:58 Page 272 m i s e a u p o i nt Mise au point expansion constante. Il n’y a pas de différence clinique entre l’infection à HSV1 et HSV2 ; cependant, HSV2 est responsable de 80 % des herpès génitaux, et les récurrences sont dix fois plus fréquentes qu’avec HSV1. La primo-infection réalise habituellement un tableau sévère qui peut durer plusieurs semaines. L’incubation est de 7 jours en moyenne. Elle est caractérisée par une éruption vésiculeuse douloureuse éphémère passant souvent inaperçue, qui laisse place à des érosions ou ulcérations multiples, douloureuses, planes, polycycliques et confluentes. Leur localisation est péri-anale, intracanalaire ou rectale basse (10 derniers centimètres). Des signes généraux (fièvre, asthénie, myalgies) ainsi que des signes régionaux évocateurs sont associés : rétention d’urines, constipation, adénopathies inguinales, dysurie et paresthésies sacrées. Les récurrences sont peu ou pas symptomatiques, avec un risque de contamination évident ; la rectite est alors exceptionnelle. Dans le cas particulier de l’immunodépression, surtout liée au VIH, il existe une aggravation importante de l’infection herpétique, alors sévère, expansive et récurrente. • Diagnostic Le recours aux examens de laboratoire doit surtout servir à éliminer d’éventuels diagnostics différentiels dans les formes atypiques ; en effet, le diagnostic est avant tout clinique. Le diagnostic paraclinique repose sur la culture virale : recherche de l’effet cytopathogène (ECP) qui apparaît en un à cinq jours, sur des lésions prélevées à un stade précoce et acheminées au laboratoire sans retard. L’ECP peut être mis en évidence plus rapidement sur un frottis par le cytodiagnostic de Tzanck mais qui est toutefois peu sensible. La culture rapide permet, 24 heures après mise en culture classique, la détection d’antigène HSV intracellulaire par l’utilisation d’anticorps monoclonaux spécifiques. L’utilisation d’anticorps monoclonaux détectant l’antigène viral permet aussi un diagnostic rapide (3 heures) et spécifique (tests immunoenzymatiques) de même que la PCR. La sérologie ne peut présenter un intérêt que dans le cas d’une primo-infection, avec apparition d’une séroconversion sur deux sérums prélevés à 2-3 semaines d’intervalle. Elle devrait donc être réservée à ce cas de figure, les récurrences n’entraînant pas de modification du taux d’anticorps. • Traitement Le traitement curatif de l’herpès doit être prescrit le plus tôt possible. Il repose sur l’administration d’antiviraux per os : l’aciclovir (Zovirax®) ou le valaciclovir (Zelitrex®), prodrogue de l’aciclovir possédant une meilleure absorption digestive et permettant une meilleure observance en diminuant le nombre de comprimés à prendre. Les posologies et durées de traitement sont indiquées dans le tableau ci-dessous. Primo-infection Récurrence Posologie Zelitrex® 1 cp (500 mg) x 2/24h ou Zovirax® 5 cp (200 mg) x 2/24h Durée 10 j 5j La forme i.v. est réservée aux sujets immunodéprimés ou aux cas d’atteinte sévère. S’il y a résistance, le foscarnet (Foscavir®) peut être utilisé. Si les récurrences sont fréquentes (> 6/an), on peut proposer un traitement continu préventif par Zovirax® 2 cp/24 h ou Zelitrex® 1 cp/24 h, dont l’indication sera à réévaluer périodiquement. La syphilis • Clinique Le chancre anal dû à Treponema pallidum est la manifestation classique de la syphi- Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (14) - n° 9 - novembre 2000 272 lis primaire. Il apparaît 3 semaines après le contact infectant et se présente comme une ulcération latéralisée, propre, rosée, indolore, indurée avec une adénopathie inguinale unilatérale également indolore. Cependant, il existe de nombreux aspects atypiques : fissure latérale chronique, ulcérations multiples bipolaires en kissing, ulcérations bourgeonnantes, raghades suintantes ; la présence d’une adénopathie inguinale doit orienter le diagnostic. Certains chancres sont asymptomatiques, d’autres sont très rares, comme le chancre rectal qui prend un aspect ulcéro-végétant pseudo-tumoral. Les syphilides érosives sont propres à la syphilis secondaire ; apparaissant 45 jours après le chancre, elles prennent l’aspect de plaques muqueuses : macules péri-anales blanc nacré de petite taille, indolores. Audelà du 4e mois, apparaissent les syphilides papuleuses : lésions indurées hypertrophiques parfois végétantes pseudocondylomateuses. Il faut alors rechercher des lésions cutanéo-muqueuses palmoplantaires typiques de syphilis secondaire. • Diagnostic Le diagnostic repose soit sur la mise en évidence de Treponema pallidum par l’examen au microscope à fond noir d’un prélèvement effectué au niveau des lésions, soit sur la sérologie. Les deux tests sérologiques de référence sont le TPHA et le VDRL. Le VDRL (Veneral Disease Research Laboratory), qui se positive 4 semaines après l’infection, utilise un antigène cardiolipidique ; c’est une technique peu coûteuse, facile à réaliser mais peu sensible et peu spécifique avec de nombreux faux-négatifs et faux-positifs. Le TPHA (Treponema pallidum Haemagglutination Assay), qui utilise un antigène tréponémique, est une technique facile dont les résultats sont très fiables. Il se positive 3 à 4 semaines après le début de l’affection. GASTRO •11/00 30/08/02 9:58 Page 273 m i s e a u p o i nt Mise au point Le FTA ABS (Fluorescent Treponemal Antibody), très spécifique, se positive dès le début de la troisième semaine après l’infection et le demeure chez le malade non traité. De coût élevé, il doit être réservé à la confirmation d’un diagnostic sérologique, surtout dans les dix premiers jours du chancre. L’IgM SPHA (Solid Phase Haemagglutination Assay) est un test très spécifique également, facile à exécuter, qui permet la recherche des IgM spécifiques antitréponémiques ; il se positive dès la deuxième semaine après l’infection, mais n’est pas pratiqué par tous les laboratoires. Le test de Nelson ne serait plus utile d’après de nombreux auteurs. Ces tests sérologiques peuvent être anormalement négatifs chez certains patients infectés par le VIH, et c’est là que l’examen au microscope à fond noir prend tout son intérêt. • Traitement Le traitement, qui n’a pas changé, repose, en l’absence d’allergie, sur l’antibiothérapie par pénicilline G ; une injection de 2,4 M UI d’Extencilline® (benzathinebenzylpénicilline) en intramusculaire (i.m.), renouvelable après une semaine pour certains auteurs, notamment en cas de syphillis secondaire. La prévention de la classique réaction d’Herxheimer par corticothérapie a été largement contestée récemment et ne semble plus indiquée. En cas d’allergie à la pénicilline, un traitement de 2 semaines par cyclines (doxycycline 200 mg/j) ou érythromycine doit être entrepris. Le suivi de l’efficacité thérapeutique se fait à 3, 6 et 12 mois par le contrôle des réactions sérologiques (VDRL quantitatif). La maladie de Nicolas-Favre (lymphogranulomatose vénérienne) Exceptionnelle en France, elle est due aux sérotypes L1, L2, L3 de Chlamydia trachomatis. Elle réalise classiquement, chez l’homosexuel, un tableau de rectite ulcérée bruyante associée à des ulcérations anales ou péri-anales et des adénopathies inguinales. L’évolution peut se faire vers la sténose rectale et des suppurations locales (abcès, fistules détruisant le sphincter), en particulier chez la femme (syndrome de Jersild). Le diagnostic peut être fait par mise en évidence du germe sur culture cellulaire d’un prélèvement effectué à la curette ou au bactopik. L’examen direct par détection de l’antigène chlamydien à l’aide d’anticorps monoclonaux par immunofluorescence directe ou immunoenzymologie (ELISA) est accessible à tous les laboratoires, de même que la sérologie. Le traitement repose sur l’antibiothérapie par cyclines (doxycycline 200 mg/j) ou érythromycine pendant 2 semaines. Le chancre mou à Haemophilus ducreyi Très rare en France, il est endémique en Afrique et en Asie. Après une incubation de 3 à 5 jours, il est responsable d’une ou plusieurs ulcérations sales, ovalaires, douloureuses, à bords nets marqués par un double liseré jaune et rouge caractéristique, associées à une adénopathie inguinale unique, volumineuse, inflammatoire pouvant se fistuliser. Le diagnostic se fait par la mise en évidence du bacille de Ducrey par examen direct ou culture. Le traitement repose sur l’antibiothérapie pendant 10 jours par érythromycine (2 g/j), Bactrim® forte (2 cp/j), fluoroquinolones (ciprofloxacine 500 mg x 2/j, 3 j), azithromycine (1 g en une prise per os). La donovanose Encore appelée granulome vénérien ulcéreux tropical, c’est une affection tropicale due à Calymnatobacterium granulomatosis (bacille Gram négatif). Elle se manifeste par un nodule unique ou multiple, 273 indolore, sans adénopathie, évoluant vers une ulcération à bordure éversée, à fond rouge, friable. Le diagnostic repose sur la mise en évidence des corps de Donovan intramacrophagiques, après coloration au MGG d’un fragment de lésion prélevé sous anesthésie locale. Le traitement par antibiothérapie pendant 3 à 4 semaines est la règle : cyclines (200 mg/j) ou érythromycine (2 g/j). L’amibiase Fréquente chez l’homosexuel mâle après rapport oro-anal, l’amibiase périanale se manifeste par des ulcérations de taille variable, douloureuses, à base indurée, fétides ou des végétations pseudo-tumorales malodorantes, papillomateuses. S’y associe dans la plupart des cas la classique rectite amibienne, responsable d’une diarrhée glairo-sanglante, dont l’aspect à la rectoscopie mime celui d’une rectocolite hémorragique. Le diagnostic consiste en la recherche d’amibes dans les selles ou dans les prélèvements biopsiques des lésions. Le traitement repose sur le métronidazole (Flagyl®). Les lésions végétantes Devant des lésions végétantes, il faut évoquer avant tout la papillomatose ; on citera seulement les syphilides papuleuses et les lésions de molluscum contagiosum, beaucoup plus rares. Les condylomes accuminés ou papillomatose • Clinique C’est la plus répandue des MST anorectales ; elle peut toutefois se rencontrer en dehors de tout contact sexuel (contamination par verrue vulgaire chez l’enfant, Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (14) - n° 9 - novembre 2000 GASTRO •11/00 30/08/02 9:58 Page 274 m i s e a u p o i nt Mise au point linge souillé, immunodépression thérapeutique des greffés). Elle est due au virus HPV (Human papilloma virus) dont il existe plus de 70 types différents. Les types les plus fréquents sont les HPV 6, 11, 16 et 18. L’incubation moyenne est de 4 mois mais va de un mois à plus de 12 mois. Les végétations se présentent comme des excroissances blanchâtres, rosées ou grisâtres séparées par des intervalles de peau saine, à surface irrégulière dentelée (“crête de coq’’) filiformes ou pédiculées. Leur taille, leur nombre et leur forme sont très variables ; il existe également des formes papuleuses ou maculeuses planes plus difficiles à mettre en évidence ; c’est alors que l’application d’acide acétique à 5 % sur la marge anale aide au diagnostic en colorant les lésions en blanc. Leur localisation est au niveau de la marge anale et/ou intracanalaire. Elles sont habituellement asymptomatiques. Leur évolution se fait vers l’extension progressive avec un risque de dégénérescence en carcinome épidermoïde (sérotypes 16 et 18) surtout chez les homosexuels séropositifs pour le VIH. La régression spontanée est possible en particulier dans le post-partum. La maladie de Buschke-Lowenstein est une forme particulière qui correspond à une volumineuse masse condylomateuse pseudo-tumorale avec suppurations ischiorectales. L’histologie confirme qu’il s’agit d’une lésion bénigne ; elle est associée aux sérotypes 6 et 11. • Traitement Le traitement de la papillomatose repose sur la destruction systématique répétitive et acharnée de tout élément condylomateux, afin d’éviter l’extension des lésions et leur dégénérescence. Il existe plusieurs méthodes de destruction : l’électrocoagulation au bistouri électrique est la plus fréquemment utilisée ; on peut aussi réaliser une exérèse aux ciseaux des grosses lésions, qui permet une étude histologique, ou une destruction au laser. Les méthodes chimiques de destruction (acide trichloracétique, 5FU en crème, podophyllotoxine et plus récemment l’interféron gel et surtout l’imiquimod) donnent des résultats partiels. Les syphilides papuleuses Au stade tardif de la syphilis secondaire, les syphilides apparaissent en se regroupant comme des nappes hypertrophiques (condylomes plans) ou comme des lésions végétantes érodées, d’aspect papillomateux (syphilides végétantes). Il faut savoir y penser et demander un examen direct et/ou les sérologies. Le molluscum contagiosum C’est une infection à Pox-virus qui se présente sous la forme de petites lésions surélevées, arrondies, de quelques millimètres de diamètre, ombiliquées sur leur centre. La pression fait écouler une substance blanc grisâtre. Le traitement repose sur le curetage de la lésion, voire la destruction à l’azote liquide ou l’électrocoagulation. Si leur nombre est impressionnant et leur siège en dehors de la région anogénitale et du tronc, il faut rechercher un sida. Les rectites Devant une rectite, il faut avant tout évoquer une gonococcie puis une infection à Chlamydia, une rectite herpétique ou syphilitique que nous avons déjà décrites, et enfin, une rectite à CMV ou amibienne ; cela impose de pratiquer un examen bactériologique et parasitologique des selles, ainsi que des biopsies lors de la rectoscopie au moindre doute ; nous détaillerons ici la gonococcie, les autres lésions ayant déjà été évoquées précédemment. Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (14) - n° 9 - novembre 2000 274 La gonococcie • Diagnostic Due à Neisseria gonorrhoeae, elle est particulièrement fréquente chez l’homosexuel mâle (plus de 50 % des homosexuels consultant dans les centres de dépistage) qui se contamine par le coït anal passif. Chez la femme, une autocontamination à partir d’une infection génitale ou urétrale est classique. La forme aiguë apparaît 3 à 4 jours après le contact infectant et se traduit par des douleurs anorectales importantes, de faux besoins, des ténesmes, des émissions purulentes et sanglantes, un prurit anal. L’examen proctologique montre un état congestif diffus du canal anal et de la muqueuse rectale avec des ulcérations superficielles recouvertes de sécrétions purulentes. Cette anorectite aiguë est moins fréquente que les formes mineures qui se limitent à une rectite hémorragique discrète ou simplement la présence de pus sur une muqueuse rectale normale, particulièrement évocatrice. Le diagnostic repose sur la mise en évidence du gonocoque dans les sécrétions purulentes prélevées avec un écouvillon à travers l’anuscope. Le prélèvement doit être transmis dans des délais très brefs au laboratoire. • Traitement Le traitement repose sur l’antibiothérapie par voie générale en traitement “minute” : spectinomycine (2 injections i.m. de 2 g le même jour dans deux sites différents). Certains auteurs associent une cure de cyclines pendant 15 jours afin de traiter une infection à Chlamydia fréquemment associée. Les résistances aux pénicillines sont en progression et conduisent à faire appel aux céphalosporines de troisième génération (céfotaxine 500 mg à 1 g monodose) ou aux quinolones (ciprofloxacine 500 mg monodose, par exemple). GASTRO •11/00 30/08/02 9:58 Page 275 m i s e a u p o i nt Mise au point Syphilis. Sodomie. Chancre mou. Les lésions traumatiques L’introduction rectale de corps étrangers de toute nature et la “fist fornication” peuvent provoquer des ulcérations muqueuses avec hémorragie plus ou moins importante, des lésions sphinctériennes compliquées d’incontinence, voire des perforations péritonéales. La recherche d’une infection surajoutée est indispensable. Ces lésions sont le témoin d’une sexualité à risque. Le viol anal (sodomie forcée) donne un anus traumatique avec la triade : fissure, thromboses circonférentielles, incontinence par rupture sphinctérienne. L’utilisation fréquente de crème dermique, de lubrifiants ou d’antiseptiques locaux peut donner des lésions exulcérées à contours plus ou moins géographiques (lésions caustiques). Autres MST Le contact oro-anal, la fellation après coït anal (contamination oro-fécale) peuvent expliquer certaines pathologies digestives coliques bien connues. Les germes pouvant ainsi être transmis sont multiples (amibes, lambliases, shigelles, salmonelles, Campylobacter, oxyures, Cryptosporidium, hépatite A, anguillules). Lésions vénériennes et VIH Le VIH donne des lésions anorectales atypiques, récidivantes, extensives et résistantes au traitement. Les lésions anorectales favorisent la transmission du VIH par rupture de la barrière cutanéomuqueuse. Conclusion Les MST restent donc fréquentes et nécessitent une prise en charge qui comporte plusieurs étapes : – mettre en confiance en expliquant les MST, leur mode de contamination, leurs conséquences ; – déculpabiliser en rappelant que les MST sont souvent latentes et ignorées du porteur sain ; – responsabiliser pour obtenir le traitement du patient et des partenaires après les avoir examinés, et surtout l’utilisation ultérieure du préservatif. Proposition de traitement de la syphilis anorectale Pas d’allergie à la pénicilline Allergie à la pénicilline Benzathine pénicilline G Érythromycine (Érythrocine®) (Extencilline®) 2,4 MU en i.m. : 2 g par jour • Syphilis primaire : en 2 prises 1 injection pendant 15 jours • Syphilis secondaire : 2 injections Doxycycline à 8 jours d’intervalle (Vibramycine®) 200 mg par jour pendant 15 jours MST à déclaration obligatoire Syphilis Gonococcie Chancre mou Maladie de Nicolas-Favre 275 .../... Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (14) - n° 9 - novembre 2000 GASTRO •11/00 30/08/02 9:58 Page 276 m i s e a u p o i nt Mise au point .../... Tableau récapitulatif du traitement des principales MST. Syphilis primo-secondaire Famille DCI Nom commercial Posologie Durée Voie Pénicilline Benzathine benzylpénicilline Extencilline® 2,4 MU 1 fois i. m. Macrolides Érythromycine Érythrocine® 2 g/j 15 j p. o. 2 cp à 100 mg/j 15 j p. o. ® Cyclines Doxycycyline Vibramycine Herpès Antiviraux Valaciclovir Aciclovir Zelitrex® Zovirax® 2 cp à 500 mg/j 5 cp à 200 mg/j 10 j si PI, 5 j si récurrence p. o. Chancre mou Sulfamide Sulfaméthoxazole, trimétoprime Bactrim® 2 cp/j 7j p. o Fluoroquinolones Ciprofloxacine Ciflox® 500 mg 1 fois p. o. Macrolides Érythromycine Érythrocine® 2 g/j 15 j p. o. Cyclines Doxycycline Vibramycine® 2 cp à 100 mg/j 15 j p. o. Macrolides Érythromycine Érythrocine® 2 g/j 15 j p. o. C3G Céfotaxine Claforan® 1g 1 fois i.m. Donovanose Maladie de Nicolas-Favre Rectite à Chlamydiae Gonococcie Amibiase ® Amino-cyclotol Spectinomycine Trobicine 2 g dans chaque fesse 1 fois i.m. Fluoroquinolones Ciprofloxacine Ciflox® 500 mg 1 fois p.o. NItro-5-imidazolés Métronidazole Flagyl® 500 mg 3 fois/j 10 j p.o. Références 1. Wexner SD. Sexually transmitted diseases of the colon, rectum and anus. The challenge of nineties. Dis Colon Rectum 1990 ; 33 : 1048-62. 2. Modesto VL, Gottesman L. Sexually trans- mitted diseases and anal manifestations of AIDS. Surg Clin North Am 1994 ; 74 : 1433-61. 3. Darie H, Klotz F. La pathologie anale et périanale en zone tropicale. Acta Endoscopica 1996 ; 26 (1) : 9-16. 4. Sultan S, Bauer P. Maladies infectieuses anorectales sexuellement transmissibles. Encycl Med Chir (Elsevier, Paris), 276 Gastroentérologie, 9-082-A-10, maladies infectieuses, 8-003-I-10, 1997, 8p. 5. Fari A. Le diagnostic sérologique de la syphilis. Prescrire 1994 ; 142 (14) : 40912. 6. Lascaux AS, Chosidow O. 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