V I E P R O F E S S I O N N E L L E La nouvelle procédure de prescription d’orthophonie ● N. Marlier* epuis 2002, une nouvelle règlementation définit le dispositif de la prescription des actes d’orthophonie : le médecin prescrit le bilan orthophonique et l’orthophoniste estime s’il doit mettre ou non en œuvre une rééducation. D HISTORIQUE Formation initiale des orthophonistes créée de façon privée en 1955. Formation officialisée en 1965 (3 ans d’études). Formation prolongée à 4 ans en 1986. Depuis l’arrêté de 1962, l’orthophoniste est un acteur de santé et dispose d’une existence légale au code de la Santé publique. L’article de loi de 1965 stipule que les orthophonistes ne peuvent pratiquer leur art que sur prescription médicale : le médecin doit indiquer sur cette prescription la nature du traitement, et le nombre de séances. Il peut modifier le nombre de séances initialement prévu. Les orthophonistes cotent en AMM, acte des kinésithérapeutes jusqu’en 1972, date d’apparition de la lettre clé AMO et des coeff icients. En 1983, parution d’un décret de compétence pour la profession. En 1990, monsieur Claude Evin, ministre de la Solidarité, de la Santé et de la Protection sociale, signe l’arrêté de modification des actes d’orthophonie modifiant le coefficient pour les bilans et les rééducations. En 1992, révision du décret de compétences en rapport avec le progrès des sciences cognitives, des neurosciences et des sciences du langage. En 2002, un accord conventionnel, signé avec les caisses nationales et agréé par l’arrêté ministériel, permet une nouvelle actualisation de la nomenclature, et la réforme du décret de compétences. Cette nouvelle réglementation définit une nouvelle procédure de prescription médicale, une autonomie de l’orthophoniste pour les séances et une nouvelle procédure de renouvellement des séances. PROCÉDURE Lorsque le médecin suspecte un trouble relevant de la compétence de l’orthophoniste, il oriente le patient vers ce dernier et * Cadre orthophoniste, service de rééducation neurologique pour adultes du Pr Bussel, hôpital Raymond-Poincaré, Garches. 290 prescrit un bilan orthophonique. Cette prescription doit être accompagnée, si possible, des motivations de la demande de bilan et de tout élément susceptible d’orienter la recherche de l’orthophoniste. Deux types de prescriptions de bilans peuvent être établis P rescription d’un bilan orthophonique suivi ou non d’une rééducation, selon la décision de l’orthophoniste, en fonction des résultats de ce bilan. La rédaction de la prescription est “bilan orthophonique avec rééducation si nécessaire”. Il convient de mentionner “urgent” si l’on veut que la prise en charge soit immédiate. L’orthophoniste e ffectue son bilan en fonction des indications complémentaires du prescripteur, des éléments issus de l’anamnèse et des plaintes du patient et/ou de son entourage. À l’issue de ce bilan, l’orthophoniste estime si des séances de rééducation sont nécessaires ; il adresse au médecin prescripteur un compte-rendu indiquant ses conclusions, le diagnostic, les objectifs de la prise en charge, le nombre et la nature des séances. L’orthophoniste établit une demande d’entente préalable. Prescription d’un bilan orthophonique d’investigation Dans le cadre d’une demande d’examens complémentaires pour compléter ou et/ou orienter le diagnostic médical, la rédaction de la prescription est “bilan orthophonique d’investigation”. À l’issue de ce bilan, le médecin prescripteur du bilan reçoit un compte-rendu indiquant le diagnostic accompagné des propositions de l’orthophoniste. Le médecin peut alors prescrire une rééducation orthophonique en conformité avec la nomenclature. L’orthophoniste établit une demande d’entente préalable. À la moitié du traitement (50 séances), l’orthophoniste envoie une note d’évolution au médecin prescripteur. À l’issue des séances de rééducation (100 séances pour les AMO 13 et 15), l’orthophoniste adresse une note d’évolution au médecin sur lequel il écrit “fin de traitement”, ce qui signifie que les séances demandées sont épuisées. Si, à l’issue des 100 premières séances, l’orthophoniste souhaite la poursuite de la rééducation, il demande au médecin une nouvelle prescription de bilan de renouvellement. La poursuite du traitement est donc mise en œuvre conformément à la procédure décrite pour le premier bilan : prescription médicale de bilan de renouvellement, compte-rendu de bilan communiqué au médecin et demande d’entente préalable par l’orthophoniste. En cas de bilan orthophonique de renouvellement, le coefficient du bilan de renouvellement doit être minoré de 30 %. En effet, il faut La Lettre du Neurologue - vol. VIII - n° 8 - octobre 2004 retrancher en moyenne 40 minutes au temps initial pour effectuer cette évaluation (temps de recueil des données de l’anamnèse…). Ainsi, le bilan d’évaluation des troubles d’origine neurologique initialement coté AMO 30, est coté AMO 21 lors du bilan de renouvellement. – Rééducation du langage dans les aphasies AMO 15 – Rééducation des troubles du langage non AMO 15 aphasiques dans le cadre d’autres atteintes neurologiques*** – Maintien et adaptation des fonctions AMO 15 de communication chez des personnes atteintes de maladies neurodégénératives *** LIBELLÉ DES PRESCRIPTIONS* Bilans avec compte-rendu obligatoire Rééducation nécessitant des techniques de groupe (durée minimale de la séance : 1 heure) – Bilan des troubles d’origine neurologique AMO 30 – Bilan du bégaiement AMO 30 – Bilan du langage dans le cadre des handicaps AMO 30 moteurs, sensoriels ou mentaux (inclut IMC, surdité, autisme, maladies génétiques) Série de 30 séances renouvelable par série de 20 au maximum. Au moins un rééducateur pour 4 personnes. Patients de gravité homogène – Rééducation des dysphasies AMO 5 – Rééducation du langage dans les aphasies AMO 5 – Rééducation des troubles du langage non aphasiques AMO 5 dans le cadre d’autres atteintes neurologiques – Maintien et adaptation des fonctions AMO 5 de communication chez des personnes atteintes de maladies neurodégénératives**** Rééducation individuelle (durée minimale de 30 minutes) Première série de 30 séances renouvelable par série de 20 au maximum – Rééducation des dysarthries neurologiques AMO 10 – Rééducation des dysphagies chez l’adulte AMO10 et chez l’enfant – Rééducation du bégaiement AMO 12 – Éducation ou rééducation du langage AMO 12 dans les handicaps de l’enfant de type sensoriel, moteur, mental – Éducation ou rééducation du langage AMO 12 dans le cadre de l’infirmité motrice d’origine cérébrale – Éducation ou rééducation du langage AMO 12 dans le cadre des maladies génétiques Rééducation individuelle (durée minimale de 45 minutes) Pre m i è re série de 50 séances renouvelables par série de 50 au maximum – Rééducation des dysphasies** AMO 13 La Lettre du Neurologue - vol. VIII - n° 8 - octobre 2004 Valeur des actes : l’AMO est à ce jour à 2,35 euros. R É F É R E N C E S ■ B I B L I O G R A P H I Q U E S 1. Bulletin officiel n° 2002-26. 2. L’orthophoniste, périodique de la FNO, n° 220, juillet 2002. 3. www.sante.gouv.fr/adm/dagpb/bo/2002/02-26/a0262373.htm * Liste non exhaustive des actes d’orthophonie ; dans cette liste figurent les actes pouvant être prescrits par des neurologues. ** Il fait distinguer la rééducation des dysphasies d’un trouble du re t a rd de langage. La cotation des dysphasies en AMO 13 reconnaît une plus grande complexité. *** Les troubles du langage non aphasiques dans le cadre d’autres atteintes neurologiques incluent les troubles du langage oral et/ou écrit dans le syndrome de l’hémisphère droit, les syndromes frontaux, l’alexie agnosique, la diminutionde la fluence verbale, l’agnosie auditive. **** Le maintien et l’adaptation des fonctions de communication chez des personnes atteintes de maladies neurodégénératives concernent l’ensemble des perturbations des fonc tions cognitives liées au langage. 291