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I E P R O F E S S I O N N E L L E
La Lettre du Neurologue - vol. VIII - n° 8 - octobre 2004
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epuis 2002, une nouvelle règlementation définit le
dispositif de la prescription des actes d’orthophonie :
le médecin prescrit le bilan orthophonique et l’ortho-
phoniste estime s’il doit mettre ou non en œuvre une rééducation.
HISTORIQUE
Formation initiale des orthophonistes créée de façon privée en
1955.
Formation officialisée en 1965 (3 ans d’études).
Formation prolongée à 4 ans en 1986.
Depuis l’arrêté de 1962, l’orthophoniste est un acteur de santé et
dispose d’une existence légale au code de la Santé publique.
L’article de loi de 1965 stipule que les orthophonistes ne peuvent
pratiquer leur art que sur prescription médicale : le médecin doit
indiquer sur cette prescription la nature du traitement, et le nombre
de séances. Il peut modifier le nombre de séances initialement
prévu.
Les orthophonistes cotent en AMM, acte des kinésithérapeutes
jusqu’en 1972, date d’apparition de la lettre clé AMO et des coeff i-
cients.
En 1983, parution d’un décret de compétence pour la profession.
En 1990, monsieur Claude Evin, ministre de la Solidarité, de la
Santé et de la Protection sociale, signe l’arrêté de modification
des actes d’orthophonie modifiant le coefficient pour les bilans
et les rééducations.
En 1992, révision du décret de compétences en rapport avec le
progrès des sciences cognitives, des neurosciences et des
sciences du langage.
En 2002, un accord conventionnel, signé avec les caisses natio-
nales et agréé par l’arrêté ministériel, permet une nouvelle actua-
lisation de la nomenclature, et la réforme du décret de compé-
tences.
Cette nouvelle réglementation définit une nouvelle procédure de
prescription médicale, une autonomie de l’orthophoniste pour les
séances et une nouvelle procédure de renouvellement des séances.
PROCÉDURE
Lorsque le médecin suspecte un trouble relevant de la compé-
tence de l’orthophoniste, il oriente le patient vers ce dernier et
prescrit un bilan orthophonique. Cette prescription doit être
accompagnée, si possible, des motivations de la demande de
bilan et de tout élément susceptible d’orienter la recherche de
l’orthophoniste.
Deux types de pre s c riptions de bilans peuvent être établis
P rescription d’un bilan orthophonique suivi ou non d’une
rééducation, selon la décision de l’orthophoniste, en fonction
des résultats de ce bilan.
La rédaction de la prescription est “bilan orthophonique avec
rééducation si nécessaire”. Il convient de mentionner “urgent” si
l’on veut que la prise en charge soit immédiate. L’orthophoniste
e ffectue son bilan en fonction des indications complémentaires
du prescripteur, des éléments issus de l’anamnèse et des plaintes
du patient et/ou de son entourage. À l’issue de ce bilan, l’ortho-
phoniste estime si des séances de rééducation sont nécessaires ;
il adresse au médecin prescripteur un compte-rendu indiquant ses
conclusions, le diagnostic, les objectifs de la prise en charge, le
nombre et la nature des séances. L’orthophoniste établit une
demande d’entente préalable.
Prescription d’un bilan orthophonique d’investigation
Dans le cadre d’une demande d’examens complémentaires pour
compléter ou et/ou orienter le diagnostic médical, la rédaction de
la prescription est “bilan orthophonique d’investigation”.
À l’issue de ce bilan, le médecin prescripteur du bilan reçoit un
compte-rendu indiquant le diagnostic accompagné des propo-
sitions de l’orthophoniste. Le médecin peut alors prescrire une
rééducation orthophonique en conformité avec la nomenclature.
L’orthophoniste établit une demande d’entente préalable. À la
moitié du traitement (50 séances), l’orthophoniste envoie une note
d’évolution au médecin prescripteur. À l’issue des séances de
rééducation (100 séances pour les AMO 13 et 15), l’orthophoniste
adresse une note d’évolution au médecin sur lequel il écrit “fin
de traitement”, ce qui signifie que les séances demandées sont
épuisées. Si, à l’issue des 100 premières séances, l’orthophoniste
souhaite la poursuite de la rééducation, il demande au médecin
une nouvelle prescription de bilan de renouvellement. La pour-
suite du traitement est donc mise en œuvre conformément à la
procédure décrite pour le premier bilan : prescription médicale de
bilan de renouvellement, compte-rendu de bilan communiqué au
médecin et demande d’entente préalable par l’orthophoniste. En
cas de bilan orthophonique de renouvellement, le coefficient du
bilan de renouvellement doit être minoré de 30 %. En effet, il faut
La nouvelle procédure de prescription d’orthophonie
●N. Marlier*
* Cadre orthophoniste, service de rééducation neurologique pour adultes
du PrBussel, hôpital Raymond-Poincaré, Garches.