Correspondance en médecine K. Ramanan K. Ramanan* Prédire l’arrêt du traitement antihypertenseur L’ hypertension artérielle (HTA) n’est pas une condition chronique pour certains patients. Des méta-analyses ont démontré que, si le traitement antihypertenseur était suspendu chez les patients présentant une HTA bien contrôlée légère à modérée, environ 42 % des patients resteraient normotendus un an plus tard. Dans une large étude prospective australienne, les auteurs définissent les facteurs prédictifs de normotension après retrait médicamenteux chez les personnes âgées. Les patients hypertendus traités, dont la moyenne d’âge varie entre 65 et 84 ans, ont été sélectionnés à partir d’un essai national sur l’HTA. Leur traitement antihypertenseur a été suspendu, et 503 patients, qui sont restés normotendus à 2 semaines, ont été inclus et suivis pendant 12 mois. Au terme de l’étude, 181 patients (6 %) ont été classés comme normotendus, 273 patients (54 %) ont été classés comme hypertendus et 49 % ont été classés comme autres (traitement antihypertenseur débuté de nouveau pour d’autres raisons que l’HTA). Dans un modèle multivarié, les facteurs prédictifs de normotension sont le jeune âge (65 à 74 ans), un faible index taille-hanche, une monothérapie * Kanjhana Ramanan est interne en médecine générale et exerce au Royaume-Uni. Elle fait sa thèse de médecine dans le service du Pr Roullet sur la non réponse aux interférons-β dans la SEP. antihypertensive et une basse TA systolique au cours du traitement antihypertenseur. Ces facteurs prédictifs de normotension peuvent être intéressants pour identifier les patients chez lesquels le traitement antihypertenseur peut être arrêté de manière prudente. groupe contrôle (95,2 % versus 94,9 %). Les résultats de cette étude suggèrent que les efforts d’enseignement de l’auto-palpation des seins n’entraînent pas de réduction de la mortalité par cancer du sein. Il est cependant possible que certains sous-groupes de femmes puissent bénéficier de cette méthode ou qu’une approche combinée avec un examen clinique et une mammographie aboutisse à des résultats différents. ◆ Thomas DB et al. Randomized trial of breast self-examination in Shanghai : final results. J Natl Cancer Inst 2002 ; 94 : 1445-57. ◆ ◆ Nelson MR et al. Predictors of normotension on withdrawal of antihypertensive drugs in eldery patients : prospective study in second Australian blood pressure study cohort. BMJ 2002 ; 325 : 815-7. ◆ Pas de lien entre le vaccin ROR et l’autisme Dépistage du cancer du sein B L’ auto-examen des seins réduit-il la mortalité du cancer du sein ? Les résultats d’une large étude randomisée conduite en commun par des chercheurs américains et chinois nous informe sur le débat. Des ouvrières de 519 usines chinoises ont été assignées soit au groupe BSE (Breast Self Examination), où il existait un enseignement de la palpation des seins, soit à un groupe contrôle. Environ 133 000 femmes ont reçu des instructions détaillées sur l’autopalpation des seins et environ un même nombre de femmes du groupe contrôle n’ont reçu aucune instruction. La mammographie n’était pas disponible, et la plupart des femmes n’ont pas eu d’examen clinique médical. Au cours des dix années de suivi, le nombre de décès liés au cancer du sein était virtuellement identique dans les deux groupes (135 dans le groupe BSE et 131 dans le groupe contrôle). Bien que l’on ne sache pas pourquoi, le taux de survie était légèrement plus élevé dans le groupe BSE que dans le Act. Méd. Int. - Neurologie (4) n° 1, janvier-février 2003 ien que les études destinées à évaluer un lien entre le vaccin ROR et l’autisme n’aient pas montré d’association, le doute persiste... Les auteurs d’une étude rétrospective danoise ont utilisé le registre national pour évaluer le statut vis-à-vis du vaccin et le diagnostic d’autisme chez tous les enfants nés au Danemark de 1991 à 1998. Parmi les 537 303 enfants composant la cohorte, 440 655 (82 %) ont été vaccinés. Le diagnostic de troubles autistiques et d’autres troubles du spectre autistique a concerné 263 et 345 enfants respectivement. Après ajustement pour de potentiels facteurs confondants, le risque relatif d’autisme et de troubles du spectre autistique était similaire chez les enfants vaccinés et non vaccinés. Les résultats de cette grande étude nationale confirment qu’il n’existe pas d’association entre le vaccin ROR et l’autisme. ◆ Madsen KM et al. A populationbased study of measles, mumps, and rubella vaccination and autism. N Engl J Med 2002 ; 347 : 1477-82. ◆ 21 Correspondance en médecine Panorama de la presse médicale internationale Vaccin contre le Papillomavirus L e cancer du col utérin est la deuxième cause de décès par cancer chez la femme dans le monde. Presque tous les cas de cancer du col sont associés à une infection par un Papillomavirus humain (HPV) en particulier HPV-16, qui est présent dans 50 % des cas de cancer du col. Dans cette étude multicentrique randomisée débutée en 1998, 2 392 jeunes femmes ont été sélectionnées pour recevoir trois doses de placebo ou de vaccin contenant des particules de type viral du HPV-16. Environ 64 % des femmes (1 533) n’étaient pas infectés par le HPV-16 à l’inclusion. Après un suivi moyen de 17,4 mois, un nombre plus important d’infection par le HPV-16 a été noté dans le groupe placebo par rapport au groupe vacciné (3,8 cas/100 femmes-années versus 0 cas). Les 41 cas d’infection à HPV-16 sont survenus chez les femmes non vaccinées, les 9 cas de néoplasie intraépithéliale du col associés à l’infection par le HPV-16 sont survenus dans le groupe placebo. Parmi les femmes infectées par le HPV-16 au début de l’étude, les taux d’infection persistante à HPV-16 sont respectivement de 6,3 et 0,6 cas/100 femmes-années dans le groupe placebo et vacciné. Aucun effet indésirable majeur au vaccin n’a été rapporté. Les résultats de cette large étude démontrent que ce nouveau vaccin permettrait de protéger le col utérin de l’infection persistante par le HPV-16 et également des conditions prénéoplasiques causées par cette infection. ◆ Koutsky LA et al. A controlled trial of a human Papillomavirus type 16 vaccine. N Engl J Med 2002 ; 347 : 1645-51. ◆ CRP versus LDL pour le dépistage du risque cardiovasculaire L a protéine C-réactive (CRP), marqueur de l’inflammation, est également associée à la survenue d’événements cardiovasculaires. Les auteurs de l’étude publiée dans le New England Journal of Medicine comparent la valeur de ces deux paramètres biologiques que sont la CRP et le LDLcholestérol en termes de prédiction du risque cardiovasculaire. Les taux de LDL-cholestérol et de CRP ont été mesurés chez environ 28000 femmes en bonne santé, avec une moyenne d’âge de 55 ans et suivies pendant huit ans. Les résultats montrent que le taux de CRP serait un meilleur facteur prédictif du premier événement cardiovasculaire comparé au LDL-cholestérol. Après ajustement pour les autres facteurs de risques comme l’âge, le diabète, l’HTA, le tabagisme et le traitement hormonal substitutif, le risque relatif attribuable à la CRP d’un premier événement cardiovasculaire est de 2,3 dans le quintile le plus élevé comparé au quintile le plus bas. Pour le LDL-cholestérol, le risque relatif correspondant est de 1,5. Le dosage de la CRP est probablemt un élément prédictif supplémentaire s’ajoutant aux traditionnels facteurs de risque cardiovasculaire. Mais nous n’avons pas de preuves d’utilité clinique liées à un dépistage systématique de la CRP. ◆ Ridker PM et al. Comparison of C-reactive protein and low-density lipoprotein cholesterol levels in the prediction of first cardiovascular events. N Engl J Med 2002 ; 347 : 1557-65. ◆ Quel traitement pour l’AC/FA? O n dispose de deux possibilités pour traiter l’AC/FA (arythmie cardiaque par fibrillation auriculaire) : soit restaurer le rythme sinusal (ce qui Act. Méd. Int. - Neurologie (4) n° 1, janvier-février 2003 est souvent encouragé par les cardiologues), soit contrôler simplement la fréquence ventriculaire en tolérant la fibrillation auriculaire. L’étude nord-américaine AFFIRM compare ces deux stratégies thérapeutiques. Quatre mille soixante patients présentant une AC/FA, âgés de plus de 65 ans ou avec des facteurs de risque d’AVC, ont été inclus. Ils ont été randomisés soit dans le groupe 1 de contrôle du rythme (antiarythmiques et cardioversion si besoin), soit dans le groupe 2 de contrôle de la fréquence ventriculaire (bêtabloquants, inhibiteurs calciques, digoxine). Les deux groupes ont été suivis en moyenne pendant trois ans et demi et traités en majorité par AVK. La mortalité à 5 ans était de 23,8 % dans le groupe 1 et de 21,3 % dans le groupe 2 (p = 0,08). Le contrôle du rythme n’offre donc pas une meilleure survie et, de plus, cette stratégie entraîne un taux d’hospitalisation et des effets secondaires plus importants. Quelle est donc la conduite à tenir devant une AC/FA ? S’il s’agit d’un premier épisode, une tentative pour restaurer le rythme sinusal semble appropriée mais non impérative. En effet, une cardioversion permettrait le maintien du rythme sinusal pendant un an au moins chez environ 25 % des patients. Si l’AC/FA récidive et est symptomatique, ou survient chez des patients jeunes sans anomalie morphologique cardiaque sous-jacente, le retour au rythme sinusal doit être privilégié. La durée du maintien du traitement par AVK en cas de retour au rythme sinusal n’est pas clairement determinée. Mais pour une récurrence asymptomatique de l’AC/FA, le simple contrôle de la fréquence ventriculaire serait suffisant et raisonnable. ◆ The atrial fibrillation follow-up investigation of rhythm management (AFFIRM) investigators. A comparison of rate control and rhythm control in patients with atrial fibrillation. N Engl J Med 2002 ; 347 : 1825-33. ◆ 22 Correspondance en médecine Correspondance en médecine