LIBÉRALE
47
Professions Santé Infirmier Infirmière - No27-28 - juin-juillet-août 2001
Le libellé AMM des antiseptiques précise :
“les antiseptiques ne sont pas stérili-
sants, ils réduisent temporairement sur
la peau et les muqueuses le nombre de micro-
organismes”. Les enquêtes montrent qu’ils sont
mal utilisés. Il est à rappeler que l’application
de l’antiseptique se fait sur des tissus vivants,
comme la peau et les muqueuses, sauf pour les
flacons d’hémocultures et certains matériels
comme les pansements de cathéter. Un net-
toyage suivi d’un rinçage doivent être faits avant
l’application d’un antiseptique. Celui-ci ne doit
jamais être utilisé pour le matériel.
On distingue plusieurs familles d’antiseptiques.
•Parmi les halogènes :
–les produits chlorés sont utilisés depuis plus
de deux siècles pour leurs propriétés blanchis-
santes, désodorisantes et désinfectantes. Jusqu’à
un titre de 5 degrés chlorométriques, les pro-
duits chlorés peuvent être utilisés comme anti-
septiques de la peau saine, des muqueuses, et
pour l’irrigation des plaies. A des titres supé-
rieurs, ils sont utilisés comme désinfectants, car
ils sont irritants pour la peau. Les dérivés chlo-
rés ont un spectre d’activité étendu : bactéries,
champignons, virus, spores. Le délai d’action
est rapide, dès la première minute de contact.
Le pouvoir oxydant provoque la destruction
de protéines au niveau membranaire et chromo-
somique ;
–l’iode et ses dérivés, quelquefois allergisants et
irritants, employés surtout pour certaines colo-
rations en laboratoire, sont remplacés par les
iodophores (polyvidone iodée ou polyvinylpyr-
rolidone iodée). Ces produits sont bactéricides,
virucides, fongicides et sporicides. L’iode sous
forme moléculaire est capable de traverser rapi-
dement la membrane cellulaire.
•Les biguanides sont utilisés généralement sous
forme de digluconate ou de diacétate de chlorhexi-
dine. Ils sont incompatibles avec les halogènes, les
aldéhydes, les mercuriels, les tensio-actifs anio-
niques et non ioniques, les savons, les récipients en
polyéthylène à basse densité, le tanin contenu dans
les bouchons de liège et certains colorants.
•Les alcools, dont seul l’alcool éthylique est uti-
lisé à usage antiseptique en France, sont bactéri-
cides et actifs sur Mycobacterium tuberculosis, fon-
gicides faiblement, virucides de façon variable,
non sporicides.
•Les ammoniums quaternaires sont des traite-
ments d’appoint des affections dermatologiques,
ils servent à l’antisepsie et au nettoyage de la peau
saine et des muqueuses. Leur efficacité est réduite
en présence de matières organiques, de savons,
d’eau dure, de composés non ioniques.
•Les oxydants, dont le principal produit est le
peroxyde d’hydrogène (eau oxygénée), ont un
mécanisme d’action mal connu.
•Enfin, les carbanilides sont utilisés pour la
détersion de la peau et de la muqueuse vaginale
et les diamidines sont indiqués surtout comme
traitement d’appoint des affections dermatolo-
giques. Quant à certains groupes de colorants,
ils sont connus pour leurs faibles propriétés
antiseptiques.
L.G.
Fréquemment employés, les antiseptiques répondent
à des protocoles précis. Même si les risques infectieux
à domicile paraissent moindres qu’à l’hôpital, il est
bon de rappeler quelques règles d’utilisation.
Hygiène
Bien utiliser les antiseptiques
En pratique
•Respecter la prescription et les indications.
•Respecter la présentation initiale.
•Ne pas mélanger avec d’autres produits.
•Vérifier la date de péremption.
•Indiquer la date d’ouverture sur le flacon.
•Fermer le flacon après chaque manipulation,
•Respecter la durée d’utilisation du produit après son
ouverture (8 à 10 jours si le flacon a été bien fermé).
•Manipuler avec précaution (ne pas toucher l’ouverture
du flacon afin d’éviter toute contamination).
•Conserver à l’abri de la lumière et de la chaleur (consi-
gnes particulières pour les produits inflammables).
•Utiliser de préférence des doses unitaires ou de petits
conditionnements.
•Jeter les flacons utilisés.