capables d’activer l’hémagglutinine de
la grippe. À noter que le virus grippal
est suspecté de créer les lésions pul-
monaires permettant la fixation des
souches de Staphylococcus aureus
résistant à la méticilline (productrices
de la toxine
PVL-Leucocidine de Panton
Valentine
), lesquelles sont associées
non seulement à la survenue d’infec-
tions cutanées bénignes ou sévères,
mais aussi à la nouvelle entité clinique
appelée pneumonie nécrosante sta-
phylococcique.
Sur le plan clinique, la bronchite aiguë
demeure la complication respiratoire la
plus fréquente de la grippe (3 % à 8 %
et jusqu’à 15,5 % chez les patients à
risque). L’association entre grippe et
pneumonie bactérienne est suggérée
par le parallélisme dans leur délai de
survenue. La pneumonie virale primaire
(principalement due au virus influ-
enza A)
survient de J2 à J3 et la pneu-
monie bactérienne secondaire (fré-
quence allant de 1 % à 2,5 %) à partir
de J5-J7, avec récidive fébrile, toux pro-
ductive et dyspnée. Les bactéries res-
ponsables sont S. pneumoniae, H.
influenzae, S. aureus, mais aussi
d’autres bactéries telles que K. pneu-
moniae, E. coli et P. aeruginosa chez le
sujet hospitalisé ou en institution. En ce
qui concerne l’antibiothérapie, il est
désormais reconnu qu’elle ne doit pas
être utilisée en cas de grippe simple de
l’enfant ou de l’adulte sans facteur de
risque. Or, il ressort d’une étude que
42,5 % des patients ont reçu des anti-
biotiques alors qu’une complication
n’est survenue que chez 9,5 %. Quant
à la place des inhibiteurs de neuramini-
dase, « il a été démontré que l’oselta-
mivir réduit les complications bacté-
riennes de la grippe (9 % vs 15 %) et
le recours aux antibiotiques (6 % vs
11 %) pour l’ensemble de la popula-
tion », rapporte le Dr Ch. Chidiac (Lyon).
La grippe aviaire
Le risque d’une infection bactérienne
existe donc en cas d’infection virale.
Si un virus grippal aviaire incorpore
dans son génome certaines caracté-
ristiques du virus humain, il peut
acquérir une capacité de transmission
interhumaine et, ainsi, se doter d’une
aptitude pandémique. Par ailleurs, le
porc peut aussi servir de lieu
d’échanges entre virus aviaires et
humains. La cohabitation de volailles,
de porcs et d’humains dans les régions
très agricoles offre ainsi des possibilités
d’émergence d’un nouveau virus
humain à potentiel pandémique.
Le 12 janvier, l’OMS avait confirmé
que la mort de deux enfants et d’une
adulte au Vietnam avait bien été pro-
voquée par le virus H5N1 de la grippe
aviaire, qui avait déjà tué 6 personnes
sur les 18 contaminées en 1997 à
Hong Kong. Le porte-parole du bureau
régional de l’OMS à Manille, Peter
Cordingley, a relevé que le taux de
mortalité de la grippe aviaire « était
bien plus élevé que celui du virus du
SRAS ». Pour rappel, l’épidémie de
SRAS du printemps 2003 avait fait
774 morts et contaminé plus de
8 000 personnes dans 27 pays (la
Chine a confirmé son premier malade
du SRAS en six mois). D’autres cas
suspects de grippe aviaire attendent le
résultat d’analyses. D’autres analyses
devront établir si le virus aviaire est
aussi responsable de la mort de neuf
autres enfants au Vietnam depuis la
mi-octobre. Deux bébés et un adulte
sont toujours hospitalisés, soit un total
de quinze personnes potentiellement
contaminées. « Nous avons besoin de
plusieurs jours pour établir un tableau
clinique très fiable. Mais il est vrai qu’il
y a des probabilités importantes pour
que toutes les personnes contami-
nées aient été victimes du virus du
poulet », a estimé Pascale Brudon,
directrice de l’OMS à Hanoï.
La Corée du Sud a renforcé ses
mesures de quarantaine et abattu
près de 90 000 volailles pour enrayer
un nouveau foyer de grippe aviaire,
signalé le 12 janvier après neuf jours
de trêve, à près de 400 km au sud-
est de Séoul. L’épidémie paraissait
avoir été contrôlée. Tous les poulets
de la zone de réapparition du virus
ont été tués, et les transports de
volailles interdits. Des mesures de
quarantaine ont également été ren-
forcées dans d’autres régions car le
virus peut survivre de 2 semaines à
35 jours selon l’environnement, esti-
ment les autorités sud-coréennes.
Pour la première fois depuis 1925, la
fièvre aviaire a aussi frappé le Japon,
tuant depuis fin décembre plus de
8 000 poulets d’une ferme d’élevage
du Sud-Ouest. Mais à ce jour, le foyer
ne cesse de s’étendre. Le Laos, le
Cambodge, la Thaïlande... mais aussi
la Chine avouent être atteints par ce
virus qui sème l’inquiétude chez les
virologues du monde entier. Dix décès
ont été recensés. Des millions de
volailles (poulets, canards) sont abat-
tus. L’OMS rappelle des conseils de
prudence quant à l’approche de ces
animaux (plus le porc) sur les mar-
chés d’Asie. Pour l’instant, le virus ne
se transmet pas d’homme à homme.
Du poulet à l’homme
C’est cependant au Vietnam, pays où
la transmission du virus à l’homme a
été prouvée en premier, que la situa-
tion est la plus préoccupante. Le gou-
vernement a ordonné la destruction
de tous les poulets contaminés.
Selon l’organisation des Nations
unies pour l’alimentation et l’agricul-
ture (FAO), entre 1 et 2 millions de
poulets ont été infectés, en majorité
dans des zones rurales, où les
moyens de communication sont limi-
tés. « Il faut absolument éviter la
transmission d’humain à humain. La
situation est sérieuse et inquiétante.
Mais je ne dirais pas qu’elle est hors
de contrôle », a expliqué Anton
Rychener, responsable de la FAO à
Hanoï. Les autorités de Hanoï doivent
incessamment préciser à la FAO et à
l’OMS leurs besoins en matière de
médicaments et d’équipements de
protection, destinés en particulier au
personnel médical et aux personnes
en charge de l’abattage des poulets.
Dans le cadre du plan pandémique de
l’OMS, la préparation d’un candidat
vaccin contre le virus H5N1 a été ini-
tiée. Elle est délicate car elle repose sur
une culture virale sur œufs embryon-
nés ; la grippe du poulet tue ces
embryons et empêche la culture. Il fau-
dra, par conséquent, modifier le virus
afin de préparer un virus H5N1, proto-
type en vue de la production du vaccin.
Ludmila Couturier
VIIIeJournée nationale des GROG à l’Institut
Pasteur et informations GROG et OMS sur la
grippe aviaire.
* GROG : groupes régionaux d’observation
de la grippe.
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 52 • janvier-février 2004
Actualité Santé 11
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