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La Lettre du Sénologue - n° 18 - octobre/novembre/décembre 2002
Classification TNM
pour le cancer du sein
Métastases dans les ganglions lympha-
tiques sous-claviculaires
Dans la classification précédente, les ganglions du niveau III axillaire
étaient groupés avec les autres ganglions du creux axillaire. Il est
maintenant reconnu que leur envahissement est lié à un très mauvais
pronostic et il a été choisi de les classer IIIa.
Métastases dans les ganglions lympha-
tiques autres qu’axillaires
Dans le cancer du sein, le drainage lymphatique se fait principalement
vers le creux axillaire mais peut aussi se faire directement vers les
ganglions de la CMI et du creux sus-claviculaire.
L’envahissement des ganglions de la CMI était considéré de mauvais
pronostic jusqu’à ce que des données récentes montrent que, lorsqu’il
est isolé (sans envahissement ganglionnaire axillaire), il a le même
pronostic qu’un envahissement ganglionnaire axillaire. Le mauvais
pronostic est retrouvé chez les patientes qui présentent un envahis-
sement des ganglions axillaires et des ganglions de la CMI. Le pronostic
est également lié à la taille des ganglions de la CMI. Les ganglions de
la CMI diagnostiqués par la technique du ganglion sentinelle ont un
bien meilleur pronostic que ceux découverts cliniquement ou lors
d’examens d’imagerie (à l’exclusion de la lymphoscintigraphie). Cela
est pris en compte par la nouvelle classification, en l’associant au
nombre de ganglions axillaires envahis.
Le fait de considérer, dans la classification précédente, que les
patientes porteuses de ganglions sus-claviculaires étaient métastatiques
a conduit à utiliser des traitements palliatifs chez ces patientes consi-
dérées comme incurables. Des données récentes montrent que si elles
sont traitées de façon plus agressive, leur pronostic est le même que
celui des stades IIIb sans métastase et meilleur que celui des stades IV.
Ces patientes étaient donc sous-traitées.
Technique du ganglion sentinelle
La technique du ganglion sentinelle est largement utilisée pour les
patientes porteuses d’un T1-T2 N0. Il reste cependant quelques
questions non résolues. Il arrive souvent que le ganglion sentinelle,
lorsqu’il est positif, reste le seul ganglion positif de l’évidement. Dans
ce cas, l’évidement axillaire influence-t-il la survie ? Cette question se
pose également lorsque la métastase n’est découverte qu’après IHC
et non sur coloration standard.
Des essais sont en cours et apporteront des réponses à ces questions.
Grade histologique
Le grading histologique SBR modifié par Elston et Ellis (grading de
Nottingham) a une très forte corrélation avec le pronostic et permet
une meilleure reproductibilité interobservateurs. Il est recommandé
par le College of American Pathologists et, en France, dans les SOR.
La question s’est posée de son incorporation dans la nouvelle classi-
fication TNM.
Le grade n’intervient pas dans la prise en charge des tumeurs volu-
mineuses (T3-T4) puisqu’elles sont le plus souvent traitées par
chimiothérapie du fait de leur taille. En revanche, il pourrait prendre
toute son importance dans les décisions concernant les T1-T2 N-.
Cependant, les comparaisons entre les différentes études sont difficiles
en raison de la variabilité des critères d’inclusion, des grading utilisés
et du suivi. Les données ne paraissent donc pas suffisantes pour inté-
grer le grade histologique dans la classification actuelle.
Quel futur pour la classification
des cancers du sein ?
Les dernières années ont vu une explosion d’études sur l’utilisation
de l’IHC et des marqueurs génétiques comme facteurs pronostiques
dans le cancer du sein. Certains de ces marqueurs sont très promet-
teurs mais on constate l’absence de standardisation des techniques
de mesure pour la plupart d’entre eux (tel que Ki-67, cathepsine D,
HER2/neu et p53), limitant ainsi leur utilisation courante. Certains de
ces marqueurs pourront être insérés dans la classification actuelle. De
même, le grade histologique est, à l’évidence, un facteur pronostique
important pour le cancer du sein et les données récentes conduiront
certainement à son intégration dans la classification et ce, dans un
futur proche.
Quelques exemples
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●T1 mic N0 pN0 (mol+) M0 : tumeur micro-invasive < à 1 mm, sans
ganglion suspect cliniquement mais un ganglion contient des cellules
tumorales isolées dont la taille est inférieure ou égale à 0,2 mm,
révélées uniquement par la biologie moléculaire (considérée comme
N-), sans métastase à distance.
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●T1b N0 pN0 (i+) (sn) M0 : tumeur de 1 cm, sans ganglion axillaire
suspect cliniquement, avec, dans le ganglion sentinelle, des cellules
isolées de taille inférieure ou égale à 0,2 mm révélées par l’IHC
(considérée comme N-), sans métastase à distance.
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●T2 N0 pN1 mi (i+) M0 : tumeur de 2,5 cm, sans ganglion axillaire
suspect cliniquement, avec une micrométastase ganglionnaire dont
la taille est comprise entre 0,2 et 2 mm, HE-, IHC+, sans métastase à
distance.
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●T2 N1 pN1c (sn) M0 : tumeur de 3 cm, avec ganglions axillaires
homolatéraux mobiles, envahissement microscopique de deux
ganglions axillaires et envahissement microscopique d’un ganglion
sentinelle dans la CMI.
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●T4d N3b pN3b M1 : tumeur inflammatoire, avec envahissement
clinique des ganglions mammaires internes homolatéraux et des gan-
glions axillaires, ainsi qu’envahissement microscopique des ganglions
mammaires internes homolatéraux et des ganglions axillaires et
métastase à distance.
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Fiche à détacher et à archiver