La Lettre du Psychiatre - Suppl. Les Actualités au vol. I - n° 3 - octobre 2005 13
Les nouvelles procédures euro-
péennes d’enregistrement, d’éva-
luation et d’autorisation des substances
chimiques (REACH) ont pour rôle de
faire disparaître des produits qui,
actuellement consommés dans l’Union
européenne, ont un caractère cancéri-
gène. S’appuyant sur cette idée, le pré-
sident de la Commission de la santé
du Parlement européen, Karl-Heinz Flo-
renz, propose que les 600 substances
entrant dans la composition des ciga-
rettes, ou produites par leur combus-
Parlement européen : mort annoncée du tabac
tion, soit intégrées dans cette procé-
dure en vertu de leur caractère cancé-
rigène. De ce fait, 99 %, des cigarettes
actuelles vendues en Europe dis-
paraîtraient du marché. M. Flo-
renz ne veut pas interdire le
tabac mais souhaite que les pro-
duits entrant dans sa composition
soient soumis à la règle commune ce
qui entraînerait logiquement leur inter-
diction et donc celle du tabac. Cette
proposition devrait être discutée avant
la fin de l’année au Parlement euro-
péen. En Allemagne, il est question
d’un durcissement immédiat de la poli-
tique anti-tabac, avec suppression des
distributeurs dans les lieux publics,
interdiction de la publicité, inter-
diction de la vente aux mineurs et
interdiction de fumer dans tous
les lieux publics, y compris les res-
taurants et les bars. À côté de cela, une
liste d’additifs cancérogènes utilisés
dans les cigarettes sera prochainement
publiée, avec interdiction prochaine des
plus dangereux d’entre eux.
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Depuis l’automne 2004, un site
Internet (www.neurologen-und-
psychiater-im-netz) a été créé par les
associations de psychiatres afin
d’informer les patients sur les mala-
dies mentales, les différentes thé-
rapies ainsi que la prévention des
maladies mentales en général. Ce site,
qui est ouvert à tous les neurologues et
psychiatres allemands, coûte entre 3,75
et 10 euros par mois selon que s’ap-
plique le tarif individuel ou de groupe,
Le site internet du service d’information aux patients allemands
et permet à ceux-ci de faire connaître
ce qui est officiellement permis par la
Chambre des médecins allemands :
nom, adresse, téléphone, adresse
e-mail et heures d’ouverture,
ainsi que la formation de l’inté-
ressé et le champ d’activité préfé-
rentiel de chaque psychiatre. Ce site
offre de plus la possibilité à 200 rédac-
tions d’agences de presse allemandes
d’avoir accès à une information
scientifique, réelle et contrôlée par les
psychiatres eux-mêmes. Par exemple,
depuis sa création, 40 articles parus
dans les journaux et les hebdomadaires
allemands ont été diffusés sur le site,
touchant 22 millions de lecteurs. Ce
site est actuellement en pleine expan-
sion et pourrait servir de modèle à une
information scientifiquement vérifiée,
qui mettrait fin aux articles des jour-
naux à sensation produits par des
pseudo-journalistes scientifiques avides
de problèmes psychiatriques.
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Comme nous vous l’avions annoncé
précédemment, les médecins hospi-
taliers allemands ont vu leur temps de
travail augmenter d’une heure pour
passer officiellement à 39 heures sans
compensation de salaire et avec la sup-
pression de différentes primes pour
essayer d’alléger la situation financière
des hôpitaux. Ils effectuent en réalité
20 à 30 heures de plus par semaine
sans compensation salariale, et ce mal-
gré la circulaire européenne qui limite
le temps de travail des médecins à
48 heures dans les hôpitaux. Le 2 mai
2005, plus de 5 000 médecins sont
descendus dans la rue pour protester
contre cette situation. L’augmentation
de la paperasserie fait que, selon la
Allemagne : augmentation du temps de travail dans les hôpitaux
Bundesärztekammer, près de 80 % des
praticiens consacrent de plus en plus de
temps au travail administratif, derrière
un ordinateur ou en remplissant les
innombrables formulaires dont l’admi-
nistration allemande a la secret, à éga-
lité avec l’administration française ; par
dérision, les formulaires nécessaires à
un patient lors d’une consultation et
qui doivent être envoyés aux caisses
ont été mis bout à bout sur une corde
à linge lors du dernier congrès du syn-
dicat des médecins libéraux allemands
(Hartmannbund), et l’on est arrivé à
une longueur pour le moins impres-
sionnante de 25 mètres. Les médecins,
aussi bien les psychiatres que les
autres, passent un temps important à
cocher des check-lists impersonnelles
pour satisfaire aux demandes des
caisses, sans compter les centaines de
références nécessaires à chaque acte en
psychiatrie. Nous sommes bien loin des
cotations CIM 10 ou INSEE pour les
maladies, et nous ne pouvons qu’espé-
rer que le système ne va pas traverser
le Rhin, car il est totalement ingérable.
Les psychiatres allemands regardent
parfois avec envie (sauf pour les hono-
raires) notre système de santé, pour le
moment encore, plus supportable admi-
nistrativement que le leur.
Une manifestation de 2 000 médecins
vient d’avoir lieu à Berlin début août,
mais elle ne changera probablement
pas grand-chose .
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