La Lettre du Psychiatre - Suppl. Les Actualités au vol. I - n° 2 - juin 2005
L
e
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> Galerie
de portraits
Le Dr Marc Danzon, psychiatre,
était le premier représentant de la
France à diriger une région de l’OMS
(l’OMS est divisée en régions répar-
ties à peu près selon le nombre de
continents) et il a été réélu comme
directeur de la région Europe de l’OMS
à dater du 1er février 2005. Au cours
de son premier mandat, il avait ren-
forcé la collaboration avec chacun
des 52 États membres de la région
Europe, surtout avec les PECO (pays
Région Europe de l’Organisation mondiale de la santé
d’Europe centrale et orientale) et les
nouveaux pays indépendants issus de
l’ex-Union soviétique.
À côté de succès évidents comme
l’éradication de la poliomyélite et des
progrès dans la lutte contre le taba-
gisme, les méfaits de l’environnement
et la pauvreté, il a développé les
réseaux d’aide à la santé mentale.
Dans le programme établi pour son
deuxième mandat, il veut continuer
à privilégier la lutte contre le sida,
développer l’information sanitaire par
des contributions validées et acces-
sibles aux décideurs dans le domaine
de la santé, et poursuivre la lutte
contre l’obésité.
Il est de fait que d’avoir un psy-
chiatre, en outre français, à la tête
de la région Europe de l’OMS peut
constituer un avantage, pour contri-
buer à développer des programmes
européens concernant la psychia-
trie. ■
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>
Actualités psychiatriques
professionnelles en Europe
H. Sontag, psychiatre libéral, Strasbourg.
>
La France collabore actuellement avec
l'Allemagne à l’instauration de la
carte d’identité électronique de santé.
En France, cette carte appelée pour le
moment “Vitale 2” est développée à par-
tir de l’Agence pour le développement de
l’administration électronique créée en
février 2003 et dirigée par Jacques Sau-
ret. Cette agence a été mise en place
pour permettre à l’administration fran-
çaise de se moderniser et d’arriver à un
niveau de technologie équivalent à celui
du système informatique de la caisse
nationale d’assurance maladie (CNAM),
cela sous le contrôle de la commission
nationale de l’informatique et des
libertés (CNIL). Cette agence avance
dans ses conclusions alors que l’Alle-
magne, associée à ce projet, a un peu du
mal à réaliser sa carte électronique de
santé, prévue pour janvier 2006.
Pour mémoire, le dossier médical per-
sonnalisé (DMP) qui sera inclus dans la
nouvelle carte Vitale 2 doit être généra-
lisé le 1er juillet 2007 et les premières
expérimentations sur les patients en
affection de longue durée dans les
régions pilotes devraient être menées au
cours du deuxième semestre 2005.
En Allemagne, ce projet représente un
investissement initial de 1,7 milliard
d’euros ; pour comparer avec la France,
un test dans l’Ardèche méridionale sur
80 000 personnes a coûté en inves-
tissement 10 millions
d’euros sur 7 ans, sachant
que l’estimation du coût de la
mesure en France serait de 2 à 5 millions
d’euros par an. Les dernières réunions,
qui ont eu lieu à la fin de l’année 2004
entre les représentants des médecins,
des cliniques, des caisses de maladies et
des pharmacies, ne sont pas parvenues
à un accord jusqu’à présent. Cette carte
analogue à une carte de crédit, complétée
par la photo de chaque assuré compor-
terait des informations obligatoires et
d’autres qui seraient facultatives. Les
informations administratives seraient
obligatoires ainsi que celles nécessaires
au remboursement dans les pays de
l’Union européenne, dans le cadre de la
carte européenne de santé. Le patient
pourrait s’opposer à la transcription d’un
certain nombre d’informations le concer-
nant, mais la carte resterait lisible uni-
quement par les professionnels de santé
auxquels le malade fait appel. Les points
de désaccord portent surtout sur le fait que
les caisses souhaitent avoir accès à des
informations à caractère médical rela-
tives aux prescriptions médicamenteuses,
alors que les médecins et pharmaciens
estiment qu’ils n’ont pas à les fournir.
D’autres points de désaccord concernent
le coût induit par cette nouvelle carte,
l’augmentation du temps nécessaire aux
médecins pour rentrer les données, ainsi
que la recherche à chaque
fois d’un mot de passe pour
chaque dossier, sans oublier la
vétusté du parc informatique actuel,
car les cartes informatiques adminis-
tratives existent depuis longtemps en
Allemagne, et le matériel demandera à
être renouvelé.
Récemment, un autre point de conflit
est apparu, avec l’identification des
patients sur la carte par une photo.
Cette mesure existait déjà avec certaines
caisses (totalement dans le Land de
Baden-Wurtenberg), puisque le système
allemand repose sur une multitude de
caisses de maladie privées, mais le gou-
vernement allemand souhaiterait que
tous les assurés de plus de 15 ans se fas-
sent photographier numériquement par
leur caisse, ce qui sur le plan du coût et
de la disponibilité du personnel des
caisses obligerait à recruter des per-
sonnes qualifiées et dont ce serait la
seule tâche. Une zone test à Trèves a été
prévue, mais le fait de demander un
renouvellement, “authentifié tous les
6ans” par un certificat sur l’honneur,
n’offre pas assez de garanties contre les
fraudes. En dernier recours, il a même
été proposé aux médecins qu’ils photo-
graphient eux-mêmes leurs malades... !
La carte européenne allemande ne
sera sûrement pas prête au 1er janvier
2006 ! ■
Allemagne : carte de santé
européenne et dossiers électroniques