RDC: Quand la stabilité macroéconomique trahit les génies.

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RDC: Quand la stabilité macroéconomique trahit les génies.
La gestion prédatrice du régime Mobutu, la crise de la
dette et la rupture de la coopération structurelle avec les
Institutions de Bretton Woods (FMI et Banque Mondiale) ont plongé la
RDC, dans la décennie 1990-2000, dans un cycle de dépression
économique avec 10 ans de croissance négative accompagné de
l’hyperinflation et de la dépréciation de la monnaie congolaise.
C’est pendant cette période que vont s’effondre le secteur
industriel et le secteur minier congolais précipité lui-même par
l’effondrement de la GECAMINES. La monnaie congolaise (Zaïroise à
l’époque) va subir une dépréciation sévère avec un taux d’inflation
de 9797% en 1994.
Il fallait attendre l’année 2001 pour que la tendance soit
renversée avec la mise en place du Programme Intérimaire Renforcé
(PIR en sigle) qui visait l’assainissement de l’environnement
macroéconomique, la reprise de la coopération avec les Institutions
financières internationales (FMI, Banque Mondiale, etc.), laquelle
coopération a été interrompue vers les années 1990 avec le nonpaiement du service de la dette. A partir de l’année 2002, le cycle
de la croissance va reprendre et l’inflation sera contenue. Des
Gouvernements de la Transition, en passant par les Gouvernements
Muzito jusqu’aux Gouvernements Matata, la stabilité du cadre
macroéconomique a été consolidée petit à petit. Ces efforts de
stabilisation du cadre macroéconomique ont coïncidé avec la bonne
tenue des cours des matières premières et la relance du secteur
minier, voilà pourquoi de 2002 à 2014, la croissance a été soutenue
avec une moyenne de 6.34%.
Curieusement, de tous les Gouvernements précités, c’est le
Gouvernement Matata qui a plus profité des retombées de la stabilité
du cadre macroéconomique : des écoles construites, acquisition de
plusieurs locomotives, création de la Société Transco, de la
Compagnie aérienne Congo Airways, du parc agro-industriel Bukanga
Lonzo et de l’immeuble du Gouvernement. Que des réalisations qui
doivent être bien conservées pour les unes et améliorées pour les
autres en vue du bien-être de la population congolaise.
Cependant, stabiliser le cadre macroéconomique revient à
stabiliser la fièvre d’un patient en vue de bien attaquer la
maladie. Naturellement, le médecin ne se glorifie pas d’avoir
stabilisé la fièvre mais plutôt d’avoir soigné la maladie. Ainsi, il
se déduit que la stabilité du cadre macroéconomique est un préalable
pour la mise en place des réformes structurelles, pour le
redressement productif et industriel. Dans un article précédent,
nous avons insisté sur le divorce inquiétant entre les performances
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macroéconomiques et la pauvreté d’un grand nombre par le titre
« grogne sociale ou embellie économique ».
L’année 2015 a marqué un tournant décisif dans le cycle de
la croissance économique en RDC : prévue à 10.5%, le taux de
croissance va finalement se situer à 6.9% suite à la baisse des
cours des matières premières et les prévisions de 2016 tablent sur
un taux de 4.3%. Et si la même tendance demeure, la croissance
économique peut s’essouffler en 2018 avec un taux de croissance
négatif de près de -2% selon les résultats de nos simulations. Entre
décembre 2014 et décembre 2015, le cours du cuivre a diminué de
32.5% et celui du cobalt a connu une baisse de près de 31%, ce qui a
dégradé la confiance des entrepreneurs du secteur qui ont réagi en
baissant la production du cuivre de 2.2% et la production du cobalt
de 3.5%.
L’atonie de la croissance économique n’est pas le seul
déséquilibre consécutif à la baisse des cours des matières premières
constatée sur le marché international. Petit à petit, la stabilité
du cadre macroéconomique se rompt : déficit budgétaire et inflation
d’une part et dépréciation de la monnaie congolaise d’autre part. En
2015, en plus de la récession, les finances publiques se sont
soldées par un déficit de près de 195 milliards de CDF et en juin
2016, le déficit se situait déjà à 205 milliards de CDF. Que dire de
l’inflation quand on sait que depuis avril 2016, les prix de biens
de première nécessité ont pris de l’ascenseur, quand on sait qu’en
six mois le Franc congolais s’est déprécié de 30% par rapport au
dollar.
Que reste-t-il encore de la stabilité du cadre
macroéconomique aujourd’hui ? Les réserves se dégringolent jusqu’à
4,8 semaines d’importation, le budget de 2016 réduit de 22%, les
pressions inflationnistes menacent. N’est-il pas opportun d’entrer
maintenant en programme le FMI ? N’est-il pas opportun de penser à
la création d’un fonds minier pour suppléer les pertes dues à la
baisse des cours des matières premières ? N’est-il pas opportun de
penser à un plan de diversification de l’économie congolaise ?
Evitant tout pessimisme, nous plaidons maintenant pour de mesures
structurelles en vue d’éviter, au peuple congolais, de revivre la
décennie 1990-2000.
Akhenaton IZU-MAKONGO
+243824716521
[email protected]
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