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Résumé
Le syndrome de Leigh, type canadien français (LSFC) est une maladie infantile
orpheline causée par une mutation du gène lrpprc. Elle se caractérise par une déficience tissu-
spécifique de cytochrome c oxydase (COX), une dysfonction mitochondriale et la survenue de
crises d’acidose lactique fatales dans plus de 80% de cas. Selon les familles des patients, ces
crises apparaissent lors d’une demande excessive d’énergie. Malheureusement, les
mécanismes sous-jacents à l’apparition des crises et notamment la physiopathologie du LSFC
demeurent inconnus. Afin de mieux comprendre les mécanismes de régulation du
métabolisme énergétique chez les patients LSFC, nous avons examiné la régulation de la
protéine kinase activée par l’AMP (AMPK), une enzyme clé de l'homéostasie énergétique, de
même que certaines de ses voies cibles (SIRT1/PGC1α et Akt/mTOR) dans les fibroblastes de
patients LSFC et de témoins en conditions basales et conditions de stress.
En conditions basales, l’activité de l’AMPK était similaire dans les cellules LSFC et
les témoins. Par contre, les cellules LSFC montraient une surexpression significative des
voies Akt/mTOR et SIRT1/PGC1α comparativement aux cellules témoins. Nous avons aussi
examiné ces voies de signalisation suite à une incubation de 4h avec 10 mM de lactate et
1 mM de palmitate (LP), nous permettant de mimer les conditions de « crise ». Nos résultats
ont démontré que le LP augmentait les niveaux de phosphorylation de l’AMPK de 90%
(p<0,01) dans les cellules témoins mais pas dans les cellules LSFC. Pourtant, l’AMPK est
activée dans les cellules LSFC en réponse à une hypoxie chimique induite par le 2,4
dinitrophénol. Dans les cellules témoins, le LP augmentait aussi les niveaux d’expression de
SIRT1 (57%, p<0,05), de LRPPRC (23%, p=0,045) et de COXIV (19%, p<0,05). Un
prétraitement de 48h au ZMP, un activateur pharmacologique de l’AMPK, a eu un effet
additif avec le LP et des augmentations de SIRT1 phosphorylée (120%, p<0,05), de SIRT1
total (75%, p<0,01), de LRPPRC (63%, p<0,001) et de COXIV (38%, p<0,001) ont été
observés. Tous ces effets étaient aussi abolis dans les cellules LSFC. En conclusion, nos
résultats ont démontré des altérations importantes de la régulation du métabolisme
énergétique dans les fibroblastes de patients LSFC.
Mots clés : LSFC, LRPPRC, AMPK, fibroblastes, dysfonction mitochondriale, métabolisme
énergétique, palmitate, ZMP