BMCP – Intégration des métabolismes
Donc le métabolisme énergétique fait appel à un ensemble de mécanismes qui doivent gérer la
disponibilité de l’énergie en fonction des besoins et cela à tous les niveaux:
• La cellule, qui doit capter (choisir) une source énergétique et à partir d’elle produire l’ATP
• L’organisme qui va stocker des réserves puis libérer les molécules riches en énergie et les distribuer aux
différentes cellules en fonction de leurs besoins.
• L’espèce, qui s’adapte (à très long terme, sauf en terme d’épigénétique où l’adaptation peut se faire d’une
génération à une autre) à l’accessibilité aux sources d'énergie (aliments abondants ou rares).
Ex d’hypothèse de mécanisme épigénétique : l’épidémie d’obésité actuelle est due à la guerre
(WWII). Les bébés à cette époque, époque de privation énergétique, sont adaptés pour utiliser au
maximum ce manque d’énergie (il récupère au maximum l’énergie disponible). Dans la période
fœtale, les modifications épigénétiques sont transmises à la génération suivante, mais le fœtus ne
sait pas qu’on est maintenant dans une période de plénitude énergétique et il est toujours adapté à
une période de manque, donc il stocke beaucoup l’énergie et cela engendre de l'obésité. On est
actuellement dans une société où l’apport ne pose pas de problème, et si ça continue, il se peut que
dans les générations suivantes, les individus soient adaptés par des modifications épigénétiques et ce
qui va permettre de rétablir un équilibre.
Les différentes régulations du métabolisme vont donc être mises en place à différents moments :
• A court terme, des régulations enzymatiques vont orienter le fonctionnement cellulaire
vers la production ou l’épargne d’énergie.
• A moyen terme, tenant compte des préférences de chaque cellule, l'organisme va devoir
organiser la gestion de la source d’énergie (exogène en post-prandial ou endogène à l’état de
jeûne).
• A long terme, l’adaptation aux régimes alimentaires grâce à la régulation des quantités d’enzymes,
via la régulation de la transcription.
• A très, très long terme, la régulation de l’adaptabilité aux conditions environnementales par sélection
des variants génétiques. Cette sélection met beaucoup plus de temps que les modifications
épigénétiques.
Cela peut créer des situations particulières, par exemple dans le nord de l’Europe au
Royaume-Uni, et en France en Bretagne, on a un taux d’Hémochromatose (maladie due au
métabolisme du fer, l’organisme capte plus de fer, et à terme il se dépose au niveau du foie, du cœur,
avec des manifestations cliniques vers 40 ans et sans intervention le décès vers 50 ans) élevé,
pourquoi la nature a sélectionné ce variant à très long terme ?
En fait, il y a 1000 ou 2000 ans, on ne vivait pas au-delà de 50 ans, mais le fait d’avoir des réserves
de fer plus élevées faisait que ces personnes étaient plus résistantes aux privations qui pour les autres
se traduisaient par des anémies (les hommes à la guerre, les femmes lors de l’accouchement). Cela
donnait donc un avantage compétitif bien adapté à cette époque mais peu adapté à la nôtre. Mais
heureusement cette maladie peut être traitée par un traitement datant du moyen-âge, les saignées
(aujourd'hui on réalise des prélèvements sanguins).
Maintenant chez l’Homme, avec une médecine moderne qui fait appel à des thérapies
géniques, cette sélection se fera de moins en moins.
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