– L’épreuve de compatibilité est
obligatoirement effectuée avant la
transfusion de chaque poche de
sang. La carte susvisée doit être
conservée dans le dossier du
malade.
La TAD
L’arrêté du 24 mai 1998 fixe les
règles régissant la Transfusion auto-
logue programmée (TAD).
Le prélèvement pour une TAD se
définit comme le prélèvement
d’une ou de plusieurs unités de
sang chez un patient dans les
semaines qui précèdent une inter-
vention chirurgicale programmée et
à haut risque hémorragique.
L’objectif est de réduire, voire d’an-
nuler, toute exposition au sang allo-
génique. Cette technique est surtout
utilisée en chirurgie orthopédique.
Mais le rapport coût/bénéfice a
remis en question la méthode,
compte tenu de la forte diminution
du risque infectieux des produits
sanguins, par le fait qu’un grand
nombre d’unités prélevées ne sont
pas transfusées et donc détruites.
De plus, la logistique de la TAD est
compliquée ; les érythrocytes ayant
une période de conservation limitée
à 35-42 jours, la date prévue de l’in-
tervention doit être scrupuleuse-
ment respectée pour éviter le gas-
pillage. Par ailleurs, les patients
ischémiques, ayant des difficultés
d’accès veineux, atteints de mala-
dies intercurrentes... ne peuvent
faire un don de sang.
Il existe des contre-indications abso-
lues.
•
Pour les non-cardiaques, ce sont :
l’anémie, l’hémoglobinopathie, l’hy-
povolémie, la déshydratation, la
malnutrition, une infection bacté-
rienne active, une maladie caroti-
dienne significative, une ischémie
transitoire récente de nature isché-
mique.
•
Pour les cardiaques, ce sont : l’an-
gine de poitrine instable, la sténose
significative du tronc commun, la
maladie valvulaire aortique critique,
l’insuffisance cardiaque globale non
contrôlée.
Les contre-indications relatives sont
l’HTA non contrôlée, une masse cor-
porelle < 30 kg, un accès veineux
limité, une carence en fer, une gros-
sesse, l’éloignement d’un centre de
transfusion.
La HNA
L’HNA (hémodilution normovolé-
mique aiguë) consiste à prélever
immédiatement avant l’intervention
une certaine quantité de sang et à
le remplacer simultanément par des
cristalloïdes ou des colloïdes. Il en
résulte une baisse de l’hématocrite
peropératoire, et donc une diminu-
tion de la perte absolue de globules
rouges pendant l’opération, le sang
perdu ayant un hématocrite plus
bas. L’HNA met en jeu plusieurs
mécanismes permettant de mainte-
nir le transport en oxygène aux tis-
sus sans pour autant que la volémie
soit maintenue. «
L’HNA représente
une technique d’épargne sanguine
efficace si quatre conditions sont
réunies : ce sont un hématocrite ini-
tial d’au moins 40 %, un volume cir-
culant estimé à au moins 5 litres,
une hémodilution préopératoire
abaissant l’hématocrite entre 20 et
25 % (ce qui correspond à un prélè-
vement de 1 500 à 2 000 ml) et un
saignement peropératoire supérieur
à un litre
», souligne J.M. Debue.
La technique offre plusieurs avan-
tages alors que son efficacité reste
controversée. Elle est pourtant rapi-
de, facile, peu coûteuse et ne
nécessite pas de délai avant l’inter-
vention. Elle peut être utilisée dans
la plupart des chirurgies, soit seule,
soit en association avec d’autres
techniques d’épargne sanguine. Le
risque de contamination bacté-
rienne ou d’erreur d’identification
est extrêmement réduit. La maladie
coronarienne ne contre-indique pas
la technique. Par contre, l’ischémie
ou l’instabilité hémodynamique
peuvent limiter le volume de sang
que l’on peut prélever en toute
sécurité chez 30 % des patients.
La récupération per-
et postopératoire du sang
On a démontré que la récupération
per- et postopératoire d’érythrocytes
par les appareils de collecte et de
lavage automatisé du sang perdu
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 64 • juin-juillet 2005
e
st utile dans tous les types de chi-
rurgie. Néanmoins, il faut se méfier
des complications potentielles
nombreuses, incluant les coagula-
tions secondaires à la dilution des
facteurs de coagulation et au trau-
matisme ou à la disparition des
plaquettes.
Il existe des contre-indications :
– la contamination du champ opé-
ratoire par des agents infectieux ou
des liquides constitue un obstacle
sérieux à l’utilisation de l’autotrans-
fusion ;
– la chirurgie cancérologique est
une autre contre-indication habi-
tuelle. Le risque de dissémination
par la technique des cellules
malignes se retrouvant dans les
poches de sang existe, mais il reste
à l’heure actuelle mal défini.
Plusieurs de ces méthodes ne
sont pas nouvelles (récupération
peropératoire du sang et hémo-
dilution normovolémique). Des
méthodes sont en phase d’essais
cliniques, comme les substituts
sanguins transporteurs d’oxygène
et des facteurs de croissance
recombinants.
Il existe donc un certain nombre
d’approches pharmacologiques et
non pharmacologiques qui peuvent
réduire, et parfois abolir, le besoin
de PSL après une chirurgie lourde.
Mais certaines de ces approches,
trop onéreuses, ne peuvent être à
la portée de tous, compte tenu des
contraintes budgétaires imposées
au système de soins.
Récemment remise en question, la
transfusion autologue s’inscrit pour-
tant dans les recommandations de
l’Afssaps, mais également dans une
démarche d’optimisation de la stra-
tégie transfusionnelle. Toujours est-
il que de nombreuses stratégies
ont été étudiées et sont recom-
mandées pour diminuer la néces-
sité de produits sanguins allogènes,
surtout après une intervention chi-
rurgicale lourde. Certaines sont rela-
tivement bénignes, mais d’autres
comportent leurs propres risques,
qu’il convient d’évaluer.
ALP
Intervention du Dr Jean-Marc Debue
(Paris), soirée FMC-ARCAJ
Infos ...
Les produits
sanguins
Regroupés sous le
terme de “produits
sanguins labiles”
sont les globules
rouges, le plasma
frais congelé,
les plaquettes et,
beaucoup plus
rarement, les
globules blancs.
Ces produits
proviennent des
dons de sang de
donneurs bénévoles.
Ils sont
rigoureusement
contrôlés et
répondent à des
normes obligatoires
de sécurité et de
qualité (sélection
des donneurs, tests
de dépistage sur
chaque don), règles
visant à assurer
la qualité sur toute
la chaîne, depuis
le donneur
jusqu’au receveur.
Pratique Soins
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