GUIDE DE LA PRATIQUE
TRANSFUSIONNELLE
Chapitre 16: Don autologue préopératoire
https://professionaleducation.blood.ca/fr/transfusion/guide-clinique/don-autologue-preoperatoire
Date de publication: Jeudi 2 juin 2016
Avertissement important : Ce guide se veut un outil éducatif. Les lignes directrices qui y sont formulées à l’égard des soins à prodiguer aux
patients ne devraient donc pas être suivies rigoureusement. Leur application trop stricte pourrait en effet donner lieu à l’administration de
transfusions inutiles à certains patients, ou au contraire, occasionner des réactions indésirables chez des patients qui recevraient des quantités
insuffisantes de sang ou de produits sanguins. Ces lignes directrices visent principalement les patients adultes et peuvent ne pas convenir au
traitement des enfants. À la lecture des recommandations figurant dans le guide, il importe de garder à l’esprit la nécessité, dans certaines
situations, de consulter un spécialiste en médecine transfusionnelle afin d’offrir des soins optimaux aux patients.
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Gwen Clarke, MD, FRCPC
INTRODUCTION
Le présent chapitre porte sur le don autologue préopératoire. Il existe d’autres types d’utilisation du sang
autologue (p. ex., hémodilution normovolémique aiguë; récupération de sang intra-opératoire et postopératoire)
qui ne sont pas abordés ici, mais sur lesquels des références bibliographiques récentes vous sont fournies ci-
après.
On parle de don autologue préopératoire lorsqu’un patient donne du sang en vue d’un usage personnel lors
d’une intervention chirurgicale non urgente. Entre autres avantages, le don autologue préopératoire contribue à
réduire au minimum les infections transmissibles par transfusion et, par conséquent, le risque
d’immunomodulation, les réactions hémolytiques immédiates et retardées, de même que les réactions
allergiques et fébriles non hémolytiques souvent associées à l’allotransfusion, la transfusion de sang
allogénique. De tels arguments ont amené les membres de la Commission Krever (1997) à formuler une
recommandation visant à appuyer une plus grande disponibilité du don autologue préopératoire pour les
patients. Ainsi, dans le cadre du processus de consentement éclairé précédant une intervention chirurgicale, la
possibilité de recourir à un tel don devrait être présentée à tous les patients admissibles susceptibles d’avoir
besoin d’une transfusion.
Le don autologue préopératoire permet de réduire l’exposition à du sang allogénique chez les patients non
anémiques, sauf si le patient présente une anémie au moment du prélèvement. En effet, dans un tel cas, le don
autologue préopératoire serait plutôt associé à une augmentation globale de 30 % de la nécessité d’une
transfusion de sang (autologue et allogénique) et augmenterait le risque d’anémie périopératoire. Comme peu
d’études de qualité (contrôlées et avec répartition aléatoire) ont été publiées sur le sujet à ce jour, les bienfaits
globaux du don autologue préopératoire demeurent source de controverse.
En Amérique du Nord, le recours au don autologue préopératoire a grandement perdu en popularité depuis une
vingtaine d’années, vraisemblablement en raison de divers facteurs, comme un regain de la confiance du public
et du corps médical dans le système d’approvisionnement en sang, l’amélioration des méthodes de dépistage
des maladies transmissibles, de même que le coût beaucoup plus élevé associé à la collecte et au traitement
des unités de sang autologue par rapport à ceux associés au sang allogénique. L’augmentation accrue des
agents pharmacologiques visant à limiter les pertes sanguines, l’évolution des techniques chirurgicales,
l’application de stratégies alternatives de conservation du sang (hémodilution normovolémique aiguë;
récupération de cellules sanguines) et l’abaissement du seuil transfusionnel sont autant d’autres motifs qui
poussent les médecins à renoncer à l’utilisation du don autologue préopératoire.
En outre, comme le sang autologue inutilisé ne peut servir à des fins allogéniques, il n’est pas rare de devoir
éliminer 50 % et plus des unités issues des dons autologues préopératoires. Soulignons également que le don
autologue préopératoire n’est pas une option sans risque. En effet, des problèmes tels qu’une erreur
d’identification au moment de la transfusion, une contamination bactérienne ou une surcharge circulatoire liée
à la transfusion sont tout aussi susceptibles de survenir avec le sang autologue qu’avec le sang allogénique. En
outre, le processus de prélèvement en tant que tel peut entraîner des complications à une fréquence jusqu’à
12 fois plus élevée chez les donneurs vulnérables que chez les volontaires en bonne santé (Popovsky, 1995).
Cela dit, compte tenu du risque de transmission d’infections nouvelles ou émergentes et de la menace de
futures pénuries de sang, le don autologue préopératoire demeurera probablement une stratégie acceptable de
conservation du sang, bien que peu répandue, préconisée par les cliniciens canadiens pour certains de leurs
patients. La congélation de concentrés de globules rouges autologues en vue d’un usage ultérieur représente
également une option de rechange viable chez les patients qui présentent des phénotypes érythrocytaires rares
ou des déficits en protéines plasmatiques inhabituels.