43Rev. Ivoir. Odonto-Stomatol., Vol. 8, n° 1, 2006, pp. 40-44
Cliniquement, les symptômes sont très
variés.
Les signes cliniques de métastases
maxillo-faciales sont variés et se résument,
pour certains auteurs1, 7, 9, 10, 12 à une
tuméfaction douloureuse, à des troubles de
la sensibilité bucco-faciale et à des signes
dentaires (douleur et mobilité) pouvant
conduire à l’extraction d’une dent
apparemment saine. Dans notre cas, à ces
signes se sont ajoutés une mobilité dentaire
diffuse, un aspect bourgeonnant de la
gencive au site alvéolaire de 36 et 37 vides,
et qui trouvent leur explication dans
l’infiltration des tissus gingival et osseux
sous-jacent. Par ailleurs, l’exophtalmie dans
notre cas serait liée un envahissement du
tissu adipeux périorbitaire.
ANICETO1 et Coll. 9, affirment que 1 à 8 %
des tumeurs malignes de la cavité buccales
est considéré comme des métastases. Ce
taux relativement bas est du au fait que
comparativement aux os longs, les os de la
face sont moins riche en moelle osseuse,
laquelle serait propice au développement
des cellules tumorales selon ZACHARIADES12.
Parmi ces tumeurs métastatiques, le
carcinome du sein vient au premier rang
chez la femme par son incidence élevée
dans le sexe féminin. Chez l’homme, le
cancer du sein est rare, du fait d’une fai-
ble imprégnation hormonale oestro-proges-
tative. Un seul cas de métastase maxillo-
faciale de cancer du sein chez l’homme a
été rapporté par MORRIS9 et Coll.
Quant à l’aspect radiologique, l’image
d’ostéolyse retrouvée dans notre observation
est en conformité avec celle décrite dans
la littérature. En effet, selon ZACHARIADES
et PAPANICOLAOU12, l’image de métastase
de carcinome du sein est, dans 80% des
cas, est celle d’une ostéolyse mal limitée ;
c’est-à-dire une image radio-claire sur des
clichés standards. La tomodensitométrie,
si elle avait été faite, nous montrerait un
ou plusieurs foyers hypodenses.
L’image de métastase pulmonaire est
la classique image en lâcher de ballon.
Celle retrouvée dans notre cas est suspecte
d’une localisation secondaire de cet
adénocarcinome du sein.
Les modifications hématologiques
observées sont classiques dans le
syndrome inflammatoire biologique
provoqué par la tumeur.
3- Au plan thérapeutique
La présence des métastases maxillo-
faciales signent déjà une diffusion systémique
du carcinome mammaire et correspond à
la phase avancée ne relevant plus d’un
traitement locorégional où les traitements
systémiques sont prépondérants. BOYCZUK3
et Coll. s’accordent sur le fait que le but du
traitement est palliatif. Celui-ci passe par la
mise en œuvre d’une approche multi-
disciplinaire faisant appel à l’oncologiste, au
chirurgien.
Le pronostic est redoutable et effroyable
à ce stade la survie est de 24 mois3 et est
par contre à deux ans avec un taux de survie
à 11% selon les travaux ZACHARIADES et
PAPANICOLAOU10. Dans notre cas la
patiente est décédée 8 mois plus tard après
son transfert dans le service d’oncologie.
CONCLUSION
L’adénocarcinome du sein, cancer
hautement ostéophile donne des métastases
maxillo-faciales siégeant fréquemment à la
mandibule; c’est la raison pour laquelle il
est licite devant des signes d’appels maxillo-
faciaux tels que les troubles de la sensibilité
cutanéo-muqueuse à type d’hyperesthésie,
la douleur et la mobilité sur une dent
apparemment saine, de suspecter un
processus malin surtout s’il existe un
antécédent récent de tumeur ou de
chirurgie mammaire.
Cependant, il faut éliminer d’autres lésions
inflammatoires nerveuses ou infectieuses
devant une telle symptomatologie.