LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 25 l N° 872 l DÉCEMBRE 2011
Il faut penser à ce syndrome (certes rare) devant un motif de
consultation fréquent : douleur scapulaire aiguë et/ou cervical-
gies. Signes à rechercher : une douleur brutale de la région de
l’épaule suivie, quelques jours plus tard, d’une amyotrophie et
d’une faiblesse musculaire parfois importante. La douleur est
soudaine, aiguë, insomniante, au niveau de l’épaule et/ou de la
région cervicale. Elle peut durer de quelques heures à 15 jours.
Cette douleur est suivie d’une paralysie flasque de quelques
muscles de la ceinture scapulaire. Sont touchés les muscles de la
coiffe des rotateurs, le biceps, le triceps, parfois les extenseurs du
poignet. L’atteinte musculaire est généralement rapide et sévère.
Chez certains patients, le déficit musculaire, important, s’accom-
pagne d’une flaccidité complète. Plusieurs nerfs et racines (C4 à
C7) peuvent être touchés. Les nerfs musculo-cutanés, radial,
médian sont volontiers atteints. Le phrénique est rarement
concerné.
Le diagnostic positif repose sur l’électromyographie et sur la dis-
cordance entre la fonte musculaire et la dénervation de muscles
innervés par le même nerf ou encore sur une dénervation muscu-
laire non uniforme au niveau de muscles innervés par plusieurs
nerfs ou par un tronc nerveux provenant du plexus brachial...
L’étiologie demeure inconnue. Différents facteurs précipitants
ont été évoqués : infection qui semble être retrouvée dans 25 %
des cas, certaines maladies virales (à virus Coxsackie B, grippe),2
traumatisme locorégional, exercice intense, intervention chirur-
gicale récente même éloignée de la région scapulaire, immuni-
sation (vaccination), maladies auto-immunes.
Diagnostic différentiel. Au niveau cervical : arthrose cervicale,
névralgie cervico-brachiale, tumeur compressive par exemple.
Au niveau de l’épaule : anomalies de la coiffe des rotateurs, périar-
thrite scapulohumérale, tendinite calcifiante, capsulite rétractile.
Le traitement est symptomatique et repose sur les analgésiques
et la kinésithérapie.
Le pronostic est généralement favorable et la guérison complète
dans les 2 années suivant l’apparition de la maladie. En effet, ce
syndrome est spontanément résolutif mais souvent incomplète-
ment et il persiste dans certains cas un déficit résiduel.
RÉFÉRENCES
1. Kolev I. Parsonage-Turner syndrome. Orphanet Encyclopedia. July 2004.
2. Hussey AJ, O’Brien CP, Regan PJ. Parsonage-Turner syndrome-case report and
literature review. Hand(NY) 2007;2:218-21.
Mal au cou et à l’épaule
* Département universitaire de médecine générale,
faculté de médecine, 31062 Toulouse Cedex.
862 CAS CLINIQUE Par Michel Bismuth, Pierre Bismuth, Pierre Boyer, Brigitte Escourrou, Stéphane Oustric*
Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts.
Monsieur S, âgé de 60 ans, sans antécédent
particulier, consulte pour des douleurs
cervicales qui irradient dans l’épaule droite.
À l’interrogatoire, on ne retrouve aucun
traumatisme ni facteur déclenchant. Il est
hyperalgique depuis 48 heures, avec une
douleur devenue insomniante ce jour.
Pas de déficit des mobilis articulaires, en
particulier au niveau de la colonne cervicale
et de l’épaule droite. Lexamen neurologique
est normal, les réflexes ostéotendineux
des membres supérieurs sont présents et
symétriques. Un premier traitement
symptomatique est prescrit, associant
anti-inflammatoires et antalgiques.
Le patient revient 15 jours plus tard. À l’examen,
on note un syndrome déficitaire avec atrophie
des fosses sus- et sous-épineuses, une
diminution de la force au niveau de la rotation
externe et de l’abduction de l’épaule.
Les radiographies de la colonne cervicale
face, profil, trois-quarts – sont normales.
Lélectromyographie prescrite par
le rhumatologue montre un tracé évoquant
une atteinte des muscles sus-, sous-épineux et
deltoïde avec ralentissement de la conduction
de l’influx nerveux sur les contingents moteurs
respectant les contingents sensitifs. Il existe
des signes en faveur d’une énervation en cours
et donc d’une amélioration qui devrait être
progressive. Le diagnostic est posé : syndrome
de Parsonage-Turner.1
DISCUSSION
Il s’agit d’une neuropathie périphérique d’étiologie inconnue,
impliquant le plexus brachial. Elle a été décrite par Parsonage
et Turner en 1948 à partir de 136 cas.2L’incidence est estimée
approximativement à 1 cas pour 60 000 avec un pic situé
entre la 3eet la 5edécennie et une légère prédominance pour
le sexe masculin.
Message clé
Une douleur soudaine, aiguë, au niveau cervical et scapulaire
est un motif fréquent de consultation en médecine générale.
Réaliser un examen clinique rigoureux à la recherche
de signes d’amyotrophie des muscles de l’épaule conduisant
à la prescription d’une électromyographie permet de faire
le diagnostic de syndrome de Parsonage-Turner.
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