3
Note d’intention et de mise en scène
Ce qui m’intéressait en écrivant une suite à la pièce de Musset c’était d’imaginer ce qui se passe
derrière la porte, une fois fermée, dès lors que La Marquise et le Comte ont décidé de vivre
ensemble. De faire entendre, sans détours, les non-dits, les possibles pensées des deux
personnages. On les retrouve après leur mariage mais à notre époque. Ils sont les mêmes,
transportés dans notre siècle. Ils sont forcés de porter un regard lucide sur leurs actes, et sur leurs
motivations ; l’aridité de notre siècle les y oblige. L’heure de la déclaration amoureuse est terminée
et le jeu est devenu dangereux. La seconde pièce est le miroir de la première où les personnages
se retrouvent face à eux-mêmes.
Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée
Elle est Marquise, veuve, reçoit du monde un jour par
semaine, va au spectacle une ou deux fois par semaine
et reçoit son voisin de Comte quasiment tous les jours.
Il est Comte, célibataire, couche avec des danseuses
quelquefois et ne peut pas s’empêcher d’aller visiter sa
voisine de Marquise tous les jours.
À part cela, ils sont tous les deux dévastés par l’ennui.
Je désire me pencher sur pourquoi et comment ces deux
êtres décident ce jour-là de sortir de leur ennui.
À l’extérieur c’est l’orage, le tonnerre gronde comme
pour réveiller nos deux oisifs insensibles, les sortir de
leur anesthésie. S’ils n’éprouvent plus rien, les
intempéries sont là pour leur rappeler que la passion
existe.
À tout moment un invité de la Marquise risque de faire
irruption. D’ailleurs plusieurs fois on sonne à la porte.
Ces interruptions et la possibilité d’une intrusion placent
nos deux amis dans une position inconfortable, dans une
urgence. Ils se disent des choses qu’ils ne se sont jamais
dites, ils se permettent ce qu’ils ne se seraient jamais
permis.
Tout ce qui se dit, tout ce qui se vit n’est donc pas complétement maitrisé et n’est peut-être pas
totalement sincère. Comme une leçon apprise depuis bien longtemps que l’on est tout surpris de
réciter encore.
L’orage et le froid rendent la Marquise nerveuse, électrique, provocante.
Ils rendent le Comte volubile et maladroit.
La Marquise a envie de jouer pour se réchauffer, le Comte ne s’y était pas préparé.
Ce qui au départ ressemble à une entrevue formelle et ennuyeuse se transforme en un duel
spirituel puis en danse sensuelle.