D O S S I E R Impact du TEP-TDM dans la prise en charge des cancers du col lors du diagnostic initial et en cas de récidive The impact of 18F-FDG-PET on the initial diagnosis and detection of recurrence of cervical cancer ● C. Charra-Brunaud*, C. Lafond*, P. Olivier**, A.C. Bertrand**, V. Beckendorf*, A. Bertrand** L e bilan d’extension des cancers du col utérin comporte, sur le plan local, un examen clinique gynécologique, fondamental pour évaluer en particulier l’atteinte vaginale et paramétriale ; l’IRM tend à devenir systématique pour visualiser l’atteinte des paramètres, du vagin ou une extension éventuelle au corps utérin. L’extension ganglionnaire locorégionale est évaluée par un scanner abdomino-pelvien, ou une IRM qui doit être abdominale et pelvienne pour visualiser les aires ganglionnaires pelviennes et lombo-aortiques. Le PET scan est un examen utilisé dans diverses tumeurs solides, particulièrement pour la stadification initiale. Son intérêt semble important dans les cancers du col. Le but de cette étude était de mesurer de manière rétrospective l’impact du PET scan dans la prise en charge des patientes atteintes d’un cancer du col, que ce soit au diagnostic initial ou lors de récidives. MATÉRIEL ET MÉTHODES De janvier 2003 à avril 2004, toutes les patientes se présentant au centre Alexis-Vautrin, dans le cadre d’un cancer du col au diagnostic initial ou en récidive, ont bénéficié d’un PET scan. Des acquisitions corps entier en décubitus ont été réalisées 60 mn après une injection i.v. de 5,5 MBq de FDG/kg par un appareil PET CT (Siemens®) permettant un couplage d’images scanographiques et scintigraphiques. Le stade initial obtenu par l’imagerie conventionnelle a été comparé à celui obtenu par le PET scan. Pour chaque patiente, il a été déterminé l’impact du PET scan dans la stratégie thérapeutique. RÉSULTATS Sur cette période de 18 mois, 31 patientes ont bénéficié d’un PET scan pour bilan de cancer du col. La moyenne d’âge était de 54 ans ± 13,4 (34 à 79 ans). Le PET scan était réalisé au diagnostic initial dans 25 cas et lors d’une récidive dans 6 cas. L’imagerie conventionnelle comportait un scanner corps entier ou abdominopelvien dans 29 cas et une IRM pelvienne dans 15 cas. Pour les 25 patientes au diagnostic initial, il s’agissait de 19 carcinomes épidermoïdes et de 6 adénocarcinomes. Toutes les tumeurs présentaient une hyperfixation locale cervicale sur le PET scan. Comparé à l’imagerie conventionnelle, 10 patientes * Département de radiothérapie, centre Alexis-Vautrin, avenue de BourgogneBrabois, 54511 Vandœuvre-lès-Nancy. ** Service de médecine nucléaire, CHU Brabois, 54511 Vandœuvre-lès-Nancy. 16 sur 25 ont vu leur stade FIGO modifié, 9 dans le sens d’une augmentation, une dans le sens d’une diminution (doute sur des adénopathies pelviennes au scanner pour un stade IB1, considérées comme non pathologiques après un PET scan négatif). La modification de stade a été plus fréquente pour les stades élevés (tableau). Le passage en stade IVB correspond soit à la découverte d’adénopathies lombo-aortiques, soit à la découverte de métastases d’emblée. Un impact sur les modalités de traitement a été observé chez 7 patientes sur 25 (28 %) avec quatre modifications du champ de RTH, une chirurgie récusée, un passage curatif vers palliatif, une chimiothérapie adjuvante surajoutée, une RTH pelvienne évitée. Il a été noté quatre hyperfixations non liées à une localisation du cancer du col (un abcès de fesse, une gastrite, une hyperfixation mammaire inexpliquée, un carcinome épidermoïde de corde vocale). Parmi les 6 patientes ayant une tumeur de stade IB1 traitées par curiethérapie utérovaginale suivie de chirurgie avec lymphadénectomie, 5 étaient bien classées N- en postopératoire, mais l’une d’entre elles présentait une micrométastase de 1 mm dans l’un des ganglions. Pour les 6 patientes en récidive, le PET scan a montré plus de localisations que le bilan standard dans quatre cas ; la prise en charge thérapeutique a été modifiée dans deux cas sur six. CONCLUSION Ces résultats montrent l’intérêt potentiel du PET scan dans le bilan d’extension des cancers du col, particulièrement dans les formes évoluées. Plus d’études prospectives avec vérification par chirurgie de la corrélation radio-anatomique seraient nécessaires pour connaître la place exacte de cet examen par rapport au scanner abdominopelvien et à l’IRM. ■ Tableau I. Modification du stade avec ou sans PET scan Stade sans PET Stade avec PET Modification du stade 5 IB1 5 IB1 4 IB2 2 IB2 2 cas sur 9 1 IIIB 1 IVB (22 %) 2 IIA 2 IIA 3 IIB 3 IIB 1 IIIA 1 IVB 8 cas sur 16 8 IIIB 3 IIIB (50 %) 2 IVA 4 IVB 1 IB1 2 IVB { { La Lettre du Gynécologue - n° 303 - juin 2005