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La Lettre du Pneumologue - Volume VIII - no3 - mai-juin 2005
–Cet examen permet d’améliorer le bilan d’extension initial, en
éliminant les chirurgies inadaptées, ou, inversement, en incluant
des patients dans un programme chirurgical dont ils avaient été exclus
dans un premier temps : ainsi, il détecte des métastases occultes
dans 14 % des cas. Associé au scanner, il évalue de manière fiable
l’extension médiastinale, en différenciant notamment les ganglions
hilaires (N1) et subaortiques (N2), une tumeur paramédiastinale
d’un ganglion inter-trachéo-bronchique (16). En conclusion, la
TEP élimine 21,7 % de thoracotomies chez des patients initiale-
ment considérés comme opérables (17).En revanche, pour les stades
précoces (I et II), elle modifie l’attitude thérapeutique dans 13 % des
cas, mais n’influe pas sur le nombre de thoracotomies [car les
quelques stades IIIA sont des mini-N2 qui restent opérables, les
métastases viscérales diagnostiquées uniquement à la TEP étant
rares dans cette population] (18).
SPECT
Il s’agit d’une tomographie utilisant un analogue de la somato-
statine (le dépréotide) lié au technétium 99 pour dévoiler les organes
atteints. Blum et al. ont évalué la valeur diagnostique du “SPECT”
(19). Sur les 114 sujets porteurs de nodules inférieurs à 6 cm, la
sensibilité était élevée et la spécificité intermédiaire (tableau III).
Ces résultats, presque superposables à ceux de la TEP, rendent cet
examen intéressant, surtout pour les centres ne disposant pas de
la TEP pour des raisons économiques ou géographiques.
LA BIOPSIE
Elle est indiquée quand la probabilité de lésion bénigne est suffi-
samment forte pour éviter la chirurgie d’emblée.
La ponction transthoracique a une sensibilité variant de 80 à 95 % si
la situation du nodule est périphérique. Les mauvais candidats sont
porteurs d’une lésion centrale, de diamètre inférieur à 1,5 cm ou
d’une cavitation (23). Les complications les plus notables sont le
pneumothorax (pouvant compliquer jusqu’à 30 % des ponctions,
mais nécessitant un drainage dans seulement 15 % des cas), et
l’hémorragie [rarement grave] (24). Enfin, l’ultrasonographie
pourrait permettre d’améliorer la valeur prédictive négative de la
biopsie transthoracique et prévenir une chirurgie futile dans un
nombre important de cas [64 %] (25).
Les nodules sont rarement visibles en fibroscopie bronchique, mais,
sous amplificateur de brillance, cette technique, associée à un bros-
sage distal, permet d’apporter le diagnostic dans 60 % des cas (26).
De même, une fibroscopie bronchique avec biopsies ou brossages
distaux, guidée par le scanner, permet de diagnostiquer des nodules
malins dans 69 % des cas (27). L’ultrasonographie endobronchique
sous amplificateur de brillance, pratiquée par des opérateurs entraî-
nés, a une sensibilité, une spécificité et une exactitude diagnos-
tique supérieures à celles de la fibroscopie faite sous amplificateur
de brillance seule (28). Enfin, la navigation électromagnétique
est une technique de repérage des petites lésions périphériques qui
pourrait augmenter la sensibilité des biopsies transbronchiques,
surtout si un scanner thoracique tridimensionnel est effectué au
préalable (29).
LA CHIRURGIE
Lorsque la présomption de cancer est grande, ou si des examens
n’ont pas permis d’apporter des arguments formels éliminant un
cancer (comme les résultat d’une TEP), on proposera une chirur-
gie, plutôt par thoracoscopie vidéo-assistée. En effet, cette dernière
engendre une morbidité très faible (30), à l’inverse de la thoraco-
tomie, dont les complications postopératoires immédiates seraient
estimées entre 20 et 44 %, et dont la mortalité à 30 jours serait
de 3 à 6 % (31) ; ces derniers résultats sont toutefois à pondérer
sérieusement, car la population étudiée était à risque cardiores-
piratoire et âgée. La durée de séjour pour une thoracotomie est
estimée à 7,8 jours, contre 4,6 jours pour la thoracoscopie chi-
rurgicale (30). Celle-ci a une sensibilité et une spécificité maxi-
males si la distance du nodule à la plèvre est inférieure à 5 mm et
le diamètre supérieur à 1 cm (32). Le risque de conversion en
thoracotomie est toutefois grand, estimé à 25 %.
APPORTS DES ÉTUDES DE DÉPISTAGE
ET DE SURVEILLANCE
La majorité d’entre elles utilisent le scanner spiralé à faible dose.
Leur principal défaut concerne les populations d’études, qui,
regroupant, pour la plupart, des patients exposés aux carcinogènes
et asymptomatiques, ne sont pas parfaitement identiques à celles
rencontrées en pratique courante.
Leur objectif est multiple (tableau IV) :
●
●déterminer le taux de nodules non calcifiés. La prévalence des
nodules varie de 5,1 % à 51,4 %. Ces différences dépendent du
degré de résolution du scanner, mais aussi de l’origine géogra-
phique de certaines populations (les populations américaines étu-
diées étaient porteuses d’un nombre d’histoplasmoses non négli-
geable). Ce taux ne varie pas avec l’âge, contrairement au cancer
bronchopulmonaire. La valeur prédictive positive du scanner à faible
dose (c’est-à-dire la proportion de nodules correspondant à un
cancer) est faible, surtout chez les patients âgés de moins de 50 ans.
Elle dépend beaucoup du profil des populations étudiées (âge,
Tableau III. Valeur diagnostique de la TEP et du SPECT.
Sensibilité Spécificité Valeur prédictive Valeur prédictive
(%) (%) positive (%) négative (%)
SPECT Blum (19) 96,6 73,1 92,4 86,3
Bury (20) 100,0 88,0 94,0 100,0
TEP-scan Dewan (21) 95,0 80,0 90,0 89,0
Gupta (22) 93,0 88,0 92,0 95,0