Partie 1 Déf : Un ensemble est le fait de considérer simultanément plusieurs objets mathématiques. (définition de Bertrand Russel) Déf : Un objet mathématique peut être un nombre, un vecteur, une fonction, un ensemble, un couple de nombres etc. Déf : Un élément d’un ensemble est un objet mathématique qu’on considère comme appartenant à un certain ensemble. a) Notations Soit Γ un objet mathématique quelconque (ça peut être un nombre, une fonction, un ensemble, un couple de nombre (et des trucs plus compliqués)). Si Γ est un élément d’un ensemble 𝐹 on note : Γ ∈ 𝐹, c’est le symbole d’appartenance. Les quantificateurs mathématiques sont des symboles qui permettent de caractériser les éléments d’un ensemble. De préciser l’utilisation des éléments d’un ensemble. Le quantificateur universel qui se note ∀ il correspond en français à « Quel que soit », ou « pour tout ». Il permet de parler de tous les éléments d’un ensemble. | Exemple : ∀𝑛 ∈ ℕ, 𝑛 ≤ 2𝑛 Cette phrase mathématique dit « quel que soit l’entier naturel 𝑛, il sera toujours inférieur ou égal à son double ». Cette proposition est vraie quel que soit l’entier 𝑛. Elle est vraie pour tous les éléments de ℕ. -------------------------------------------------- Le quantificateur existentiel qui se note ∃ il correspond en français à « il existe ». Il permet de parler d’un élément en particulier d’un ensemble. | Exemple : ∃𝑛 ∈ ℕ, 𝑛 ≤ 3 Cette phrase mathématique dit « il existe un entier naturel 𝑛 tel que 𝑛 ≤ 3 ». Cette proposition est vraie. En effet, il existe bien des entiers naturels (0,1,2 𝑒𝑡 3) qui vérifient cette propriété. --------------------------------------------------- 1 Un ensemble est généralement défini par une notation en accolade. | Exemples : 𝐸 = {0,1} Il s’agit de l’ensemble qu’on a nommé 𝐸 et qui contient les éléments 0 et 1 et qui sont des nombres réels. Cette écriture est généralement appelée écriture en extension de l’ensemble. On a énuméré tous les éléments de l’ensemble entre accolade. 𝐹 = {𝑛 ∈ ℕ, ∃𝜌 ∈ ℕ, 𝑛 = 2𝜌} Il s’agit de l’ensemble qu’on a nommé 𝐹 et qui contient les éléments 𝑛 tels que : o o 𝑛 est un élément de ℕ (c’est-à-dire 𝑛 est un entier naturel) Il existe un 𝜌 qui est un élément de ℕ tel qu’on puisse écrire 𝑛 = 2𝜌 Autrement dit, il s’agit de l’ensemble des entiers naturels pairs : 𝐹 = {0,2,4,6, … } Une telle définition d’un ensemble est dite en compréhension. On a défini un ensemble par une propriété de ses éléments : ils s’écrivent tous comme 2 fois un entier naturel, c’est donc l’ensemble des nombres entiers naturels pairs. --------------------------------------------------- On notera ℕ l’ensemble des entiers naturels (entiers positifs ou nul) : ℕ = {0,1,2,3, … } On notera ℕ∗ l’ensemble des entiers naturels non nul (privé de 0) : ℕ∗ = {1,2,3, … } On notera ℤ l’ensemble des entiers relatifs (entiers positifs et négatifs) : ℤ = {… , −4, −3, −2, −1,0,1,2,3,4, … } On notera ℤ∗ l’ensemble des entiers relatifs non nul (privé de 0) On notera ℚ l’ensemble des nombres rationnels (s’écrivant comme la fraction de deux entiers relatifs) On notera ℚ∗ l’ensemble des nombres rationnels non nul On notera ℝ l’ensemble des nombres réels (l’ensemble des nombres rationnels et irrationnels) On notera ℝ∗ l’ensemble des nombres réels non nul On notera ∅ l’ensemble vide. Par définition l’ensemble vide est le seul ensemble qui n’a pas d’élément On notera ∞ une quantité plus grande que n’importe quelle autre (lemniscate de Bernoulli) 2 Exercice 1.1 : Donner la définition en compréhension de ℚ. Exercice 1.2 : Exprimer à l’aide de quantificateur(s) : pour tout réel 𝑥 strictement positif, 𝑥 + 𝑥 −1 ≥ 2. Démontrer cette inégalité Exercice 1.3 : Donner la définition en extension de l’ensemble des nombres premiers jusqu’à 29. Exercice 1.4 : Donner la définition en compréhension de l’ensemble des entiers relatifs impairs b) Représentation d’ensembles On appelle diagramme de Venn la représentation spatiale d’un ensemble fini d’éléments. Il s’agit de représenter dans un « regroupement » tous les éléments de l’ensemble. | Exemple : Soit 𝐸 l’ensemble défini par : 𝐸 = {0,1,2, 1 2 }. Cet ensemble possède 4 éléments. La représentation spatiale suivante : 0 1 2 1 2 Il s’agit du diagramme de Venn de l’ensemble 𝐸 -------------------------------------------------- On appelle univers un objet logico-mathématique qui n’est pas un ensemble mais qui désigne en quelque sorte « l’ensemble de tous les ensembles » (qui n’est en fait pas vraiment un ensemble). | Exemple : En reprenant l’exemple plus haut on devrait dessiner en toute rigueur : 𝑈 0 𝐸 1 2 1 2 Il s’agit du diagramme de Venn de l’ensemble 𝐸 contenu dans l’univers 𝑈. 3 --------------------------------------------------- Exercice 1.5 : Donner le diagramme de Venn de l’ensemble suivant 𝐸 = {𝑎, 𝑏, 𝑐, 1,2, Ⅎ} c) Couple et 𝑛-uplet Un couple est un ensemble noté (𝑥, 𝑦) où 𝑥 et 𝑦 sont deux objets mathématiques distincts (pas forcément des nombres). Un couple est défini par : (𝑥, 𝑦) = {{𝑥}, {𝑥, 𝑦}} Remarque : Ici on a un ensemble contenant des ensembles (un singleton et une paire). Ceci : {{𝑥}, {𝑥, 𝑦}} est l’ensemble contenant l’ensemble {𝑥} (l’ensemble ayant un seul élément à savoir 𝑥, c’est donc un singleton) et l’ensemble {𝑥, 𝑦} (l’ensemble ayant deux éléments à savoir 𝑥 et 𝑦, c’est donc une paire). Un couplet n’est pas symétrique : (𝑥, 𝑦) et (𝑦, 𝑥) ce n’est pas la même chose Tandis que un ensemble est symétrique : {𝑥, 𝑦} et {𝑦, 𝑥} sont les mêmes ensembles (car possédant les mêmes éléments) On dit aussi que dans un couple, l’ordre compte tandis que dans un ensemble l’ordre ne compte pas. On appelle triplet, quadruplet et plus généralement 𝑛-uplet tout objet mathématique de la forme : (𝑎, 𝑏, 𝑐) (triplet) (𝑎, 𝑏, 𝑐, 𝑑) (quadruplet) (𝑎, 𝑏, 𝑐, 𝑑, … , 𝑛) (𝑛-uplet) Ce sont des ensembles (dont la construction est plus complexe mais similaire à celui du couple) où l’ordre des variables entre parenthèse compte (comme pour le couple). On appelle produit cartésien de deux ensembles 𝐸 et 𝐹 l’ensemble suivant : 𝐸 × 𝐹 = {(𝑥, 𝑦), 𝑥 ∈ 𝐸 𝑒𝑡 𝑦 ∈ 𝐹} Il s’agit donc de « l’ensemble des couples (𝑥, 𝑦) tel que 𝑥 appartient à l’ensemble 𝐸 et 𝑦 appartient à l’ensemble 𝐹 » Remarque : Un produit cartésien de l’ensemble 𝐸 par lui-même est noté : 𝐸 × 𝐸 = 𝐸 2 | Exemple : Soit 𝐸 = {0,1} et 𝐹 = {𝛼, 𝛽} alors : 𝐸 × 𝐹 = {(0, 𝛼), (0, 𝛽), (1, 𝛼), (1, 𝛽)} --------------------------------------------------- 4 Le produit cartésien peut être étendu à un nombre arbitraire d’ensembles : 𝐸 × 𝐹 × 𝐺 = {(𝑥, 𝑦, 𝑧), 𝑥 ∈ 𝐸 , 𝑦 ∈ 𝐹, 𝑧 ∈ 𝐺} Il s’agit d’un ensemble de triplets cette fois-ci. On peut étendre le produit cartésien à un ensemble de 𝑛-uplets. d) Compléments sur les ensembles La cardinal d’un ensemble fini est un nombre entier naturel qui donne le nombre d’éléments de l’ensemble. Si 𝐸 est un ensemble alors on note card(𝐸) le cardinal de l’ensemble 𝐸. Remarque : Un ensemble contenant un seul élément est un singleton Un ensemble contenant deux éléments est une paire (ou un duo) Un ensemble contenant trois éléments est un trio | Exemple : Soit 𝐸 l’ensemble défini par : 𝐸 = {0,1,2, 𝑎, 𝑏, 𝑐, ℏ, Å}. Cet ensemble a en tout 8 éléments (3 chiffres et 5 lettres). Donc : card(𝐸) = 8 --------------------------------------------------| Exemple : En probabilité, on effectue une expérience aléatoire. La probabilité d’un événement 𝐴 est le nombre d’issues donnant 𝐴 sur le nombre d’issues totales. Soit ℛ l’ensemble des issues donnant 𝐴 et Ω l’ensemble de toutes les issues alors : Ρ(𝐴) = card(ℛ) card(Ω) --------------------------------------------------- On dit que un ensemble est symétrique (ou invariant par permutation) si lorsque on modifie l’ordre des variables dont il dépend on obtient le même ensemble. On dit qu’un ensemble 𝐹 est inclus dans un ensemble 𝐸 si tous les éléments qui appartiennent à 𝐹 appartiennent à 𝐸 aussi. On note : 𝐹 ⊂ 𝐸 ⇔ ∀𝑥 ∈ 𝐹, 𝑥 ∈ 𝐸 Ça se lit ainsi : « 𝐹 est inclus dans 𝐸 équivaut à dire que pour tout élément 𝑥 qui appartient à 𝐹, 𝑥 appartient aussi à 𝐸 » Diagramme de Venn d’une inclusion : 𝑈 𝐸 𝐹 𝐹⊂𝐸 5 Remarque : On dit alors que 𝐹 est un sous-ensemble de 𝐸 ∅ est inclus dans n’importe quel ensemble Remarque : Pour montrer que deux ensembles sont égaux on doit montrer qu’ils ont exactement les mêmes éléments, ce qui revient à dire que chaque élément de l’ensemble 𝐸 appartient aussi à 𝐹 et que réciproquement chaque élément de 𝐹 appartient aussi à 𝐸. On procède par « double-inclusion » car cette phrase revient exactement à montrer que : 𝐸 ⊂ 𝐹 et 𝐹 ⊂ 𝐸 | Exemple : Soit 𝐸 l’ensemble défini par : 𝐸 = ℕ et 𝐹 = {0,1} On constate que 0 ∈ 𝐹 et 0 ∈ ℕ De plus : 1 ∈ 𝐹 et 1 ∈ ℕ Donc tous les éléments qui appartiennent à 𝐹 appartiennent à 𝐸 aussi. Donc par définition : 𝐹 ⊂ 𝐸 -------------------------------------------------- On appelle ensemble des parties d’un ensemble l’ensemble des sous-ensembles d’un ensemble 𝐸. On note 𝒫(𝐸) l’ensemble des parties de 𝐸. | Exemple : Soit 𝐸 l’ensemble défini par : 𝐸 = {0,1,2} Les sous-ensembles de 𝐸 sont : 𝒮1 = ∅ 𝒮2 = {0} 𝒮3 = {1} 𝒮4 = {2} 𝒮5 = {0,1} 𝒮6 = {0,2} 𝒮7 = {1,2} 𝒮8 = {0,1,2} Pour vérifier ça on applique la définition de l’inclusion pour montrer que chaque 𝒮𝑘 est inclus dans 𝐸. --------------------------------------------------Exercice 1.6 :Quel est l’ensemble des parties de l’ensemble 𝐸 = {𝑎, 𝑏, 𝑐, 𝑑} ? Exercice 1.7 :Montrer que (𝑥, 𝑦) n’est pas symétrique 6 Correction des questions : 𝑎 1.1 La définition en compréhension de ℚ est : ℚ = {𝑥 ∈ ℝ, ∃𝑎 ∈ ℤ 𝑒𝑡 ∃𝑏 ∈ ℤ, 𝑥 = } 𝑏 On lit : il s’agit de tous les nombres réels 𝑥 tels que il existe un 𝑎 et 𝑏 dans ℤ (c’est-à-dire un couple d’entiers relatifs 𝑎 (𝑎, 𝑏) tels que 𝑥 = 𝑏 1.2 ∀𝑥 > 0, 𝑥 + 𝑥 −1 ≥ 2 On calcule pour tout 𝑥 réels strictement positif : 1 𝑥 2 − 2𝑥 + 1 (𝑥 − 1)2 𝑥 + 𝑥 −1 − 2 = 𝑥 + − 2 = = 𝑥 𝑥 𝑥 Un carré est toujours un nombre positif et le 𝑥 au dénominateur est supposé strictement positif donc : (𝑥 − 1)2 ≥0 𝑥 On a bien donc : 𝑥 + 𝑥 −1 − 2 ≥ 0 Ce qui permet de conclure l’exercice : 𝑥 + 𝑥 −1 ≥ 2 1.3 Voici la définition en extension de l’ensemble des nombres premiers jusqu’à 29 : {2,3,5,7,11,13,17,19,23,29} 1.4 La définition en compréhension des entiers relatifs impairs est la suivante : {𝑥 ∈ ℤ, ∃𝜌 ∈ ℤ, 𝑥 = 2𝜌 − 1} Ça se lit ainsi : « c’est l’ensemble des nombres 𝑥 entiers relatifs (appartenant à ℤ) tels que il existe un entier relatif 𝜌 tel que 𝑥 = 2𝜌 − 1 » 1.5 Diagramme de Venn de l’ensemble 𝐸 = {𝑎, 𝑏, 𝑐, 1,2, Ⅎ} : 𝑈 𝐸 𝑎 1 2 Ⅎ 3 𝑐 𝑏 1.6 On cherche l’ensemble des parties de l’ensemble 𝐸 = {𝑎, 𝑏, 𝑐, 𝑑} ∶ 𝒫(𝐸) = {∅, {𝑎}, {𝑏}, {𝑐}, {𝑑}, {𝑎, 𝑏}, {𝑎, 𝑐}, {𝑎, 𝑑}, {𝑏, 𝑐}, {𝑏, 𝑑}, {𝑐, 𝑑}, {𝑎, 𝑏, 𝑐}, {𝑎, 𝑏, 𝑑}, {𝑎, 𝑐, 𝑑}, {𝑏, 𝑐, 𝑑}, {𝑎, 𝑏, 𝑐, 𝑑}} Remarque : card(𝒫(𝐸)) = 2card(𝐸) 7 1.7 Soit le couple (𝑥, 𝑦) = {{𝑥}, {𝑥, 𝑦}} avec 𝑥 et 𝑦 des objets mathématiques quelconques. Le couple (𝑦, 𝑥) est par définition : {{𝑦}, {𝑦, 𝑥}} Donc (𝑥, 𝑦) ≠ (𝑦, 𝑥) En effet, {{𝑥}, {𝑥, 𝑦}} est l’ensemble contenant le singleton {𝑥} et la paire {𝑥, 𝑦} Tandis que {{𝑦}, {𝑦, 𝑥}} est l’ensemble contenant le singleton{𝑦} et la paire {𝑦, 𝑥} {𝑥, 𝑦} = {𝑦, 𝑥} Un ensemble est donc symétrique. Mais un couple ne l’est pas, l’un contient le singleton {𝑥} et l’autre non (donc ça ne peut pas être les mêmes ensembles). On dit qu’un couple est antisymétrique. Remarque : Un point du plan est un couple de coordonnées (𝑥, 𝑦). Et on voit bien géométriquement que (𝑥, 𝑦) ≠ (𝑦, 𝑥) 8