
Correspondances en Risque CardioVasculaire - Vol. V - n° 3 - juillet-août-septembre 2007
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a déclaré le Pr Robert West (Cancer Research,
Royaume-Uni), qui ajoute :
“Alors que les risques
considérables encourus par les fumeurs sont désor-
mais relativement bien connus, il est indispensable
que les patients fumeurs puissent recevoir de leur
médecin de famille une information complète et
des éléments d’aide au sevrage tabagique”.
Il est
également intéressant de remarquer que des
différences sensibles existent entre l’avis des
médecins non fumeurs et celui de ceux qui fument
(tableau I) : seuls 57 % des médecins fumeurs
estiment que le fait de fumer est hautement
préjudiciable pour l’état de santé de leur patient
contre 73 % pour les médecins non fumeurs, ce
qui suggère fort logiquement une sous-estimation
du risque par certains.
à propos du dIalogue médecIn-patIent
Si un pourcentage important de médecins
déclare parler du tabac avec leurs patients
fumeurs, que ce soit à chaque visite ou occasion-
nellement, les discussions se font généralement
autour des messages classiques de prévention et
d’information plutôt que sur le thème de l’accom-
pagnement à la prise de décision d’arrêt du tabac.
Seuls 47 % des médecins interrogés déclarent
aider leur patient dans ce sens, 39 % recomman-
dent un substitut disponible sans ordonnance et
29 % font une ordonnance de prescription. À ce
sujet, les médecins nord-américains semblent
plus proactifs puisque 76 % déclarent élaborer
avec leur patient un programme d’aide au sevrage
tabagique et 57 % établir une ordonnance de pres-
cription (versus respectivement 43 et 21 % pour
leurs confrères européens).
De nouveau, il existe des différences sensibles
entre les médecins fumeurs et les non fumeurs
(tableau II) : 43 % de ces derniers engagent le
dialogue avec leurs patients fumeurs à chaque
visite versus seulement 33 % pour les praticiens
fumeurs. Des disparités géographiques existent
également : 68 % en Amérique du Nord (médecins
fumeurs ou non) versus seulement 14 % en Asie.
“Si l’on veut lutter efcacement contre les décès
occasionnés chaque année par le tabac, il est impor-
tant que l’ensemble des acteurs – médecins ou
non – se mobilise”
, a déclaré le Pr Serena Tonstad
(Ulleval, Norvège) :
“Fumer n’est pas une faiblesse
de caractère mais bien une maladie chronique
causée par la dépendance au tabac. Un traitement
médical est nécessaire pour de nombreux patients,
car la dépendance à la nicotine est forte. On estime
que cette addiction est globalement responsable
du décès prématuré d’un fumeur sur deux.”
sevrage tabagIque :
les moyens à dIsposItIon
Une majorité de médecins estiment que le
fumeur est le mieux placé pour prendre lui-même
la décision d’arrêter, mais cela est peut-être en
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Tableau I. Perception des médecins vis-à-vis du tabagisme.
Les points clés Les différences
69 % estiment que fumer est l’activité la plus
nocive pour leurs patients (contre 42 % pour
le manque d’exercice, 36 % pour les mauvaises
habitudes alimentaires, 30 % pour la consommation
d’alcool…)
57 % des médecins fumeurs versus 73 % pour les
non fumeurs
33 % mettent la lutte contre le tabac devant la prise
en charge de l’hypertension artérielle, de l’hyper-
cholestérolémie ou de l’obésité
54 % des médecins nord-américains versus 29 % en
Europe, 31 % en Asie et 14 % en Amérique latine
81 % sont d’accord pour considérer le tabagisme
comme une maladie
93 % en Amérique latine et 90 % en Amérique du
Nord versus 79 % en Asie et 77 % en Europe
97 % estiment que le tabagisme est une addic-
tion
Pas de différences signicatives entre les médecins
92 % estiment que la décision d’arrêter de fumer
est une décision individuelle
Pas de différences signicatives entre les médecins
90 % pensent que la prise en charge d’un patient
fumeur est plus difcile que celle d’un hypertendu
ou d’un hypercholestérolémique
Pas de différences signicatives entre les médecins
Tableau II. À propos du dialogue médecin-patient.
Les points clés Les différences
83 % engagent la discussion sur le sujet à chaque
visite (41 %) ou occasionnellement (42 %)
33 % des médecins fumeurs versus 43 % pour les
non fumeurs
69 % des médecins nord-américains versus 38 % en
Europe, 48 % en Amérique latine et 14 % en Asie
89 % recommandent à leurs patients d’arrêter de
fumer
83 % des médecins fumeurs versus 91 % pour les
non fumeurs
99 % des médecins nord-américains et 95 % des
médecins en Asie versus 86 % en Europe et 79 %
en Amérique latine
83 % s’enquièrent de la consommation exacte de
cigarettes
74 % des médecins fumeurs versus 86 % pour les
non fumeurs
84 % discutent avec leurs patients des risques liés
au tabagisme
78 % des médecins fumeurs versus 86 % pour les
non fumeurs
47 % élaborent avec leurs patients un plan d’aide
au sevrage tabagique
37 % des médecins fumeurs versus 50 % pour les
non fumeurs
76 % des médecins nord-américains versus 43 % en
Europe, 35 % en Amérique latine et 31 % en Asie