Les enfants dyslexiques éprouvent d’énor-
mes difficultés à lire et à écrire. Leur
effort au travail n’est pas récompensé. Ce
phénomène touche certains enfants, quels que
soient leur pays, leur langue, leur culture, leur
milieu social.
Le rôle de l’école
Vers 7 ans, la majorité des enfants apprennent à
reconnaître des centaines de mots écrits, à les
prononcer et à en comprendre le sens. Pour une
minorité, ce sera une étape insupportable où de
grosses difficultés apparaîtront.
La scolarité est tellement difficile pour eux,
qu’ils doivent travailler deux fois plus que les
autres enfants pour obtenir la moitié des résul-
tats. Cette situation se transformera pour cer-
tains en défi positif, pour d’autres, malheureu-
sement, en déprime, allant jusqu’à l’illettrisme
et l’exclusion. Faute de diagnostic, des enfants
découragés, dans l’impossibilité d’exprimer leur
handicap, peuvent être orientés vers des insti-
tuts médico-éducatifs. Ces erreurs d’orientation
ont parfois des conséquences dramatiques.
Un directeur d’école disait : “ne parlons pas
d’échec scolaire, c’est notre échec à nous, en
tant que professionnels. Il faudrait renverser le
problème et dire : cet enfant n’est pas respon-
sable, on lui enseigne mal”.
Or, la reconnaissance du degré intellectuel se
sanctionne par la réussite aux examens et/ou
aux concours.
La dyslexie étant considérée comme un handi-
cap que l’on cache, les personnes atteintes tri-
chent avec les mots, se fâchent avec les lettres et
les sons. Leurs efforts de concentration leur fait
perdre le temps d’inscrire les majuscules et la
ponctuation. Elles se concentrent tellement sur
ce qu’elles sont en train de lire qu’elles en ou-
blient le sens. Il faudrait leur laisser le temps de
relire plusieurs fois le texte afin d’en assimiler
les informations, et ainsi de le comprendre. Ces
adaptations seraient une méthode permettant
de les remettre à flot.
Que sait-on de la dyslexie ?
La dyslexie est un phénomène biologique lié à
un état constitutionnel du système nerveux.
C’est principalement un trouble de l’écrit, c’est
la confusion des sons et aussi l’inversion de
lettres et de syllabes.
Les erreurs les plus importantes et les plus du-
rables sont celles concernant les lettres se pro-
nonçant différemment selon les contextes (par
exemple : le G, le S, le C). Les anomalies se
situent dans le déchiffrage.
Autres déficiences : la confusion auditive ou pho-
nétique (a/an, s/ch, u/ou), la confusion visuelle
(p/q, d/b), les inversions (or/ro, cri/cir), les omis-
sions (bar/ba, arbre/arbe), les groupes de
consonnes (TR, CR, ou P, B, F, V, G, C, CH, J), les
groupes complexes (CH, EAU, OEU...). Ces sons
proches sont mal différenciés et posent problème
pour la correspondance lettre/son. Les personnes
dyslexiques ont une lecture lente, hésitante et
saccadée, avec un débit syllabique et des difficul-
tés à saisir le découpage des mots en syllabes. Ils
ignorent la ponctuation. Ainsi, elles n’ont pas un
problème de lecture pure, mais une discrimina-
tion sonore des mots par adjonction (paquet/par-
quet, odeur/ordeur), substitution (chauffeur/fau-
cheur), contamination (dorures/rorure).
Ces personnes n’aiment pas lire et rejettent sou-
vent les matières ou activités qui font appel à
l’écrit. Toutes ces fautes sont reconnues chez
l’enfant comme des fautes “normales”, mais leur
persistance doit être relevée et faire suspecter
une dyslexie.
La dyslexie touche environ 2 millions de personnes en
France. L’indifférence, l’incompréhension, le manque
de savoir-faire et de méthode de l’entourage face à
ce problème provoquent bien souvent mésententes,
conflits et tensions, menant les enfants à l’échec
scolaire dans de nombreux cas.
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Dyslexie
Un problème encore trop méconnu
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de la formation cérébrale. La dyslexie serait
donc liée au développement cérébral, à l’organi-
sation hémisphérique du cerveau, au sexe
(3 garçons pour 1 fille), à une fragilité particu-
lière avec l’hormone mâle (testostérone), à la
sensibilité cérébrale aux infections précoces.
Dans certains cas, des troubles perceptifs se
rencontrent dans la vision ou l’audition.
Cependant, aujourd’hui, il n’est pas possible de
dire lequel des deux mécanismes est responsable
du trouble de la lecture, mais il est probable que
les deux mécanismes sont associés. Cependant,
l’organisation bien spécifique du cerveau dys-
lexique n’a pas que des inconvénients. Celui-ci
présenterait également certains avantages : les
personnes dyslexiques auraient des aptitudes de
perception et d’attention spatiale supérieures.
Actuellement, on considère qu’il n’y aurait pas
de gène spécifique de la dyslexie, mais des liens
pourraient être établis entre la dyslexie et cer-
tains chromosomes. Les études de jumeaux
montrent une corrélation pour la dyslexie de
l’ordre de 80 % chez les vrais jumeaux, contre
50 % chez les faux jumeaux. Certaines anoma-
lies génétiques peuvent aussi provoquer des dys-
fonctionnements neuropsychologiques, entraî-
nant secondairement une dyslexie. Cependant,
il est à noter que les enfants prématurés ou dys-
matures et les enfants atteints de maladies infec-
tieuses pendant la vie fœtale, ou les enfants
ayant souffert de pathologies périnatales, ont un
grand risque de présenter des troubles du langa-
ge oral et écrit, ainsi que des troubles d’appren-
tissage et d’acquisitions scolaires.
Ces enfants nécessitent une réelle prise en char-
ge globale : à la fois médicale, sociale et éduca-
tive. Le dépistage précoce des troubles d’ap-
prentissage est d’une importance capitale. Il est
directement lié à l’intérêt de l’enfant, mais éga-
lement à celui des enseignants, car leur travail
pourrait en être facilité. Ignorer ou mal
rééduquer un enfant dyslexique constitue le
premier chaînon d’une entrave au savoir.
Il est donc indispensable de fournir à ces en-
fants des motivations suffisantes pour affronter
les efforts nécessaires afin d’assumer leur réédu-
cation orthophonique et ce, durant plusieurs
années, dans un environnement socioculturel et
familial attentif.
Carole Cariller
Cadre supérieur infirmier
LIBÉRALE
Selon l’OMS, la dyslexie concerne deux types de
population :
•les enfants qui, malgré une intelligence norma-
le (mesurée par le coefficient intellectuel) et un
environnement scolaire adéquat, développent
des capacités de lecture significativement infé-
rieures à la moyenne des sujets du même âge ;
les adultes qui, touchés par ces problèmes du-
rant leur jeunesse, gardent des performances or-
thographiques inférieures à la moyenne des
autres adultes, même quand ils sont rééduqués.
Le dyslexique ne présente aucune autre difficul-
té intellectuelle. Les capacités de raisonnement
sont tout à fait normales ainsi que les aptitudes
sensorielles. Ces personnes ne sont pas plus fra-
giles psychologiquement que les autres.
Cependant, certains troubles psychocomporte-
mentaux peuvent apparaître : troubles psycho-
logiques, affectifs et sociorelationnels. Il peut
s’agir de troubles du caractère et du comporte-
ment se manifestant sur le mode “actif” (oppo-
sition, agitation, indiscipline, agressivité...) ou,
au contraire, sur le mode passif (repli sur soi, ti-
midité, inhibition, désintérêt). Ces enfants sont
souvent considérés à tort, au vu de leurs mau-
vais résultats, comme paresseux, distraits et de
mauvaise volonté. Quand les difficultés rencon-
trées leur fournissent le motif de leur “défi”, les
problèmes de l’apprentissage de la lecture et de
l’écriture sont souvent compensés par des ta-
lents ou des aptitudes remarquables dans cer-
tains domaines. Les manifestations psycholo-
giques du jeune enfant dépendent des réactions
du milieu scolaire, du regard des enseignants et
des camarades face à ses difficultés, mais aussi
de l’attitude de son milieu familial.
Un facteur héréditaire ?
Dans 50 % des cas, on retrouve dans la famille
proche du dyslexique, une personne qui, dans
sa jeunesse, a souffert du même trouble. Dans
ces mêmes familles, on rencontre gauchers ou
ambidextres. L’intelligence n’entre pas en ligne
de compte. Il y a environ 15 ans, la dyslexie
était reconnue comme une difficulté d’appren-
tissage engendrée par un contexte psycholo-
gique et familial favorisant ainsi des troubles de
l’intelligence. Aujourd’hui, on pense que cette
anomalie se produirait dans le développement
cérébral ou dans les circuits nerveux au stade
fœtal, au sixième mois de la grossesse, moment
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