La Lettre du Cardiologue - n° 323 - janvier 2000
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riorité par rapport aux antiplaquettaires. Ces observations vien-
nent renforcer la nécessité d’une étude randomisée.
H. Reynolds et P. Tunick (New York, 877) ont examiné en écho-
cardiographie transœsophagienne 118 patients porteurs d’un ané-
vrysme de l’aorte abdominale, et ont comparé les résultats à ceux
de 118 sujets contrôles appariés selon l’âge et le sexe.
Un athérome de l’aorte thoracique supérieur à 5 mm d’épaisseur
avec ou sans élément mobile a été observé chez 49 % des patients
et 24 % des sujets témoins (p < 0,001).
Commentaires : il y a donc un lien très significatif entre athé-
rome aortique et anévrysme de l’aorte abdominale. Les patients
avec un anévrysme de l’aorte sont donc plus à risque d’embolie
cérébrale ou périphérique.
M. Longo (New Haven, 878) a rapporté les observations de trois
patients, âgés de 42, 62 et 65 ans, qui présentaient de larges throm-
bus mobiles dans la crosse de l’aorte, révélés par des embolies
périphériques. Les embolies ont été observées dans le rein, le cer-
veau, la rate et l’intestin grêle. La taille des thrombus mobiles
était de 1,5 à 4,5 cm. Tous ont eu une thrombo-endartérectomie
après aortotomie. Après un recul de un à quatre ans, il n’y a pas
eu de récidive embolique sous traitement anticoagulant au long
cours.
Commentaires :le traitement chirurgical est donc possible, mais,
comme le souligne l’auteur, le traitement optimal, médical ou chi-
rurgical, reste à déterminer par le biais d’études randomisées, de
même que l’utilité du traitement anticoagulant au long cours.
Y. Agmon (Rochester, 1199) a étudié la relation entre la pression
artérielle systolique et l’athérosclérose de l’aorte thoracique dans
une étude de population. Une échocardiographie transœsopha-
gienne était réalisée chez 581 sujets, pris au hasard dans le comté
d’Olmsted parmi la population âgée de plus de 45 ans et partici-
pant à l’étude SPARC (Stroke Prevention Assessment of Risk in
a Community).
Quatre cent soixante-treize d’entre eux ont eu une mesure ambu-
latoire de la pression artérielle systolique sur 24 heures. L’écho-
cardiographie transœsophagienne a recherché un athérome aor-
tique quelle que soit sa taille, et un athérome complexe (plaque
de plus de 4 mm d’épaisseur et/ou débris mobile). Après ajuste-
ment, il a été trouvé une association entre athérome aortique et
pression artérielle systolique des 24 heures (OR = 1,17 pour toute
augmentation de 10 mmHg, IC : 1,00-1,37, p = 0,05) et entre dia-
bète et athérome aortique (OR = 1,95, IC : 0,94-0,04, p = 0,07).
De plus, parmi les sujets qui avaient un athérome aortique
(n = 298), l’âge et la pression artérielle systolique des 24 heures
étaient associés à la présence d’un athérome dit complexe
(p < 0,001), alors que le sexe, la présence d’un diabète, un anté-
cédent d’intoxication tabagique ou l’hyperlipidémie ne
l’étaient pas.
Après ajustement, seuls l’âge et la pression artérielle systolique
étaient significativement associés à un athérome complexe
(OR = 1,37 pour toute élévation de 10 mmHg, IC : 1,08-1,74,
p=0,009).
Commentaires :dans cette étude, l’hypertension artérielle est un
facteur de risque fortement associé à l’athérome aortique, notam-
ment les plaques de plus de 4 mm d’épaisseur, ce qui n’avait pas
été montré dans les études précédentes. Dans celles-ci, l’intoxica-
tion tabagique (présente) ressortait comme le facteur de risque le
plus significatif, ce qui correspondait bien à une association fré-
quente de l’athérome aortique avec l’artérite des membres infé-
rieurs. Dans l’étude d’Agmon, où l’association avec le tabac était
très proche de la significativité statistique, il semble que les anciens
fumeurs et les fumeurs actuels aient été analysés ensemble.
T. Fukui (Kochi, 3570) a étudié 103 patients consécutifs qui
avaient subi une échocardiographie transœsophagienne en trois
groupes : ceux qui avaient une athérothrombose mobile de l’aorte
thoracique (n = 12), ceux qui avaient des plaques de l’aorte tho-
racique de plus de 4 mm d’épaisseur (n = 37) et ceux qui avaient
des plaques inférieures à 4 mm d’épaisseur (n = 54). Il a ensuite
étudié l’association avec les taux plasmatiques de LDL- et de
HDL-cholestérol, ainsi que de fibrinopeptide A, de fibrinogène,
de D-dimères et de bêta-thromboglobuline.
Il a trouvé que les groupes I et II étaient plus âgés et avaient une
fréquence plus importante d’hypertension artérielle. Le groupe I
avec athérothrombose mobile avait un rapport LDL sur HDL plus
élevé que les deux autres groupes, avec un taux significativement
plus élevé de fibrinopeptide A, de fibrinogène, de D-dimères et
de bêta-thromboglobuline.
Commentaires : les thrombus mobiles de l’aorte thoracique sont
donc associés à un rapport LDL- sur HDL-cholestérol plus élevé
et à des anomalies de l’hémostase. Ainsi, le traitement par hypo-
lipémiant associé au traitement antithrombotique pourrait être utile
chez ces patients. Cette hypothèse sera bientôt testée dans une étude
randomisée en double aveugle contre placebo avec une statine.
C. Schannwell (Düsseldorf, 3571) a étudié 62 patients âgés de
plus de 60 ans ayant un infarctus cérébral et 62 sujets contrôles
ajustés sur l’âge et le sexe, au moyen d’une échocardiographie
transœsophagienne. Il a trouvé des plaques de l’aorte thoracique
chez 69 % des patients et 29 % des contrôles (p < 0,001), et des
plaques complexes (définies par une épaisseur supérieure à 4 mm
et la présence d’une ulcération ou d’un élément mobile) ont été
observées chez 32,4 % des patients et 2,6 % des contrôles
(p < 0,001). Après analyse en régression logistique multiple, une
morphologie complexe des plaques de plus de 4 mm a été iden-
tifiée comme le facteur de risque le plus important d’infarctus
cérébral (OR = 16,8).
Commentaires : cette étude vient confirmer celle de Cohen
publiée en 1998 dans Circulation, démontrant que, en plus de
l’épaisseur des plaques (supérieure à 4 mm), la présence d’une
plaque hypoéchogène non calcifiée augmentait considérablement
le risque. Dans cette étude, l’irrégularité de la plaque et/ou un élé-
ment mobile étaient également un facteur d’augmentation du risque.
DYSFONCTION DE L’AURICULE GAUCHE ET RISQUE D’INFARC-
TUS CÉRÉBRAL CHEZ LES PATIENTS EN RYTHME SINUSAL
N. Ozer (Ankara, 3565) a étudié 61 patients ayant un infarctus
cérébral, dont 44 en rythme sinusal et 17 en fibrillation auricu-
AVC