CONGRÈS
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La Lettre du Cancérologue - Volume XIII - no1 - janvier-février 2004
ment identiques (12). En revanche, ce nouveau mode d’admi-
nistration est plus toxique sur le plan neurologique. Avec le docé-
taxel, une étude a également comparé les deux schémas, et les
taux de réponse clinique se sont avérés identiques. Les doses
recommandées par les essais sont, pour le paclitaxel, de 80 mg/m
2
/
semaine et, pour le docétaxel, de 35-40 mg/m
2
/semaine.
Récemment, la gemcitabine a fait la preuve d’une certaine effica-
cité en monothérapie ou en association avec divers agents théra-
peutiques. Son activité persistante, même chez des patientes très
lourdement prétraitées, est remarquable. Deux essais randomisés
ont récemment démontré la faisabilité et l’efficacité, en première
ligne métastatique, d’une association avec le paclitaxel et d’une
combinaison gemcitabine-épirubicine-paclitaxel (13, 14). Cepen-
dant, la place de la triple association GET doit être discutée.
D’autres cytotoxiques sont en cours d’exploration dans le can-
cer du sein comme l’irinotécan, l’épothilone, le pemetrexed, un
nouveau poison du fuseau de BMS :BMS184476, et le CCI779.
Parmi les thérapeutiques ciblées, le Marimastat®n’a pas montré
d’intérêt en traitement d’entretien ; les inhibiteurs de la farnésyl
transférase et de l’EGF-R méritent d’être encore étudiés.
Des nouveaux agents ont récemment prouvé leur intérêt dans
le cancer du sein métastatique, qu’il s’agisse de la capécita-
bine, des anthracyclines liposomales, de la gemcitabine, voire
des taxanes hebdomadaires. Il reste à déterminer la place
respective de ces agents dans la stratégie thérapeutique glo-
bale du cancer du sein.
Place du PET et du scanner dans le choix de la décision
thérapeutique (
A. Pecking, centre René-Huguenin)
Le PET/CT offre de nombreuses possibilités tout au long de la
prise en charge des tumeurs, depuis le diagnostic et la stadifica-
tion au suivi de l’efficacité du traitement et à la recherche des
récidives.
La méthode consiste à détecter, par émission de positrons, le
fluorodéoxyglucose (18FDG), qui est un traceur des altérations
du métabolisme glucidique, et donc un bon marqueur de la cel-
lule cancéreuse, compte tenu du fait que ce métabolisme est exa-
géré dans la cellule cancéreuse.
La technique du PET/CT est la combinaison de deux systèmes
de hautes performances qui permettent des coupes de 0,6 mm
dont les implications sont multiples :
✓Le diagnostic d’extension. Dans le cas, notamment, d’un
nodule pulmonaire unique, la technique pourra mettre en évidence
des adénopathies qui permettront de faire le diagnostic. L’explo-
ration fine de l’extension de la maladie avant la chirurgie aide à
la décision thérapeutique en proposant par exemple une chimio-
thérapie première.
De même, la stadification d’un lymphome peut être modifiée par
cette méthode.
D’un point de vue financier pur, cette technique utilisée seule per-
mettrait de réduire les coûts engendrés par la multiplication des
examens complémentaires et de réaliser ainsi une économie sub-
stantielle : aux États-Unis, l’économie est estimée à 28 millions
d’euros par an dans la prise en
charge du cancer bronchique
et à plus de 30 millions dans
la prise en charge des lym-
phomes.
✓La recherche de la mala-
die occulte. Devant l’éléva-
tion d’un marqueur, alors que
le bilan est négatif, le diagnostic d’un cancer ou d’une récidive
peut être fait.
L’efficacité de la méthode est de 87 % quels que soient la patho-
logie et le marqueur utilisé.
Cette technique est très fiable et réduit les faux positifs. Elle
représente un apport majeur pour le clinicien, puisqu’elle a un
impact direct sur la conduite thérapeutique.
✓Évaluation de l’efficacité thérapeutique. L’efficacité d’une
chimiothérapie peut être évaluée de manière très précise.
Enfin, l’apport de cette technique serait d’améliorer la balistique
dans le cadre de la radiothérapie : elle permet une visualisation
beaucoup plus précise de la tumeur, de sa forme et de son volume.
Ainsi, les faisceaux mieux ajustés délivreront 90 % de la dose sur
le volume tumoral, contre 70 % seulement dans le cas du ciblage
par scanner seul.
L’intérêt de la double méthode fonctionnelle par la TEP et
anatomique pour le scanner est de comprendre et de bien
localiser les images. On peut ainsi poser l’indication théra-
peutique et contrôler l’efficacité de l’option choisie. En radio-
thérapie, elle permet de focaliser les radiations sur le tissu
tumoral et d’éviter les tissus sains.
Enfin, elle permettra à terme de modifier les attitudes dia-
gnostiques et, ainsi, de réaliser d’importantes économies. En
France, soixante autorisations ont été accordées récemment.
LES CANCERS COLORECTAUX
(session présidée par R. Bugat
et M. Ychou)
La chirurgie du futur et la place réelle de la chirurgie
sous laparoscopie
(P. Lasser, Institut Gustave-Roussy)
La laparoscopie en tant que voie d’abord est-elle supérieure ou
non à la laparotomie, et fait-elle aussi bien ? La comparaison avec
la chirurgie traditionnelle (mais cependant moderne) doit tenir
compte de tous les avantages et des inconvénients potentiels.
En ce qui concerne les complications pariétales, une étude rando-
misée a pu mettre en évidence, sur une petite série, des infections
pariétales et des éventrations plus nombreuses avec la
laparosco-
pie
[1]. Des séries non comparatives seraient, en revanche, favorables
à la
laparoscopie
en termes d’éventration et d’occlusion du grêle,
et nous laissent supposer que le bénéfice apporté par cette tech-
nique est discutable. Le temps opératoire est plus long, mais la
durée d’hospitalisation est réduite. Quant à la morbidité et à l’iléus
postopératoires, les données sont tout à fait comparables. Le coût
direct élevé de la
laparoscopie
est compensé par la réduction de
l’hospitalisation.
La faisabilité carcinologique. On peut réaliser une chirurgie car-
cinologiquement fiable avec un curage ganglionnaire et des
marges de sécurité équivalents. Cependant, la laparotomie per-
[1] Winslow ER et al. Surg Endosc 2002 ; 16 : 1420-5 (15).
[2] Lacy et al. Lancet 2002 ; 359 : 2224-9 (16).