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L’absence de réponse à une classe thérapeutique peut
amener à proposer une molécule d’une autre classe.
L’association d’un médicament d’action centrale à un
deuxième d’action périphérique est logique en théorie,
mais non recommandée en pratique, faute de données.
Il faut rappeler dans ce domaine que l’association de
deux anorexigènes est interdite en France.
Cadre thérapeutique
Le traitement médicamenteux ne constitue qu’un
moyen thérapeutique parmi d’autres, dans une stratégie
de prise en charge à long terme, adaptée à chaque
patient. Il fait donc partie d’un projet thérapeutique qui
doit clairement définir les objectifs recherchés et le
“calendrier” de la perte de poids. Ce projet est ajusté à
chaque consultation, en fonction des résultats obtenus,
des attentes du patient, de ses propres conceptions vis-
à-vis de sa santé (croyances de santé), des “efforts”
qu’il est capable de faire, ainsi que de l’expérience du
médecin. Le carnet de santé pourrait en être le support.
Il importe, en effet, que l’évolution du poids et celle
des facteurs de risque vasculaire soient relevées de
même que les difficultés du patient. Si un médecin spé-
cialiste est à l’origine de la première prescription médi-
camenteuse, des informations précises devraient être
transmises au médecin traitant sur les effets attendus,
les complications éventuelles, les paramètres à sur-
veiller, etc. Une fois l’objectif atteint, il est indispen-
sable qu’un programme de soutien soit mis en place
pour éviter la “rechute”. Il comporte des mesures
simples : pesée régulière du patient au cabinet médical
par le médecin traitant (tous les 3 mois par exemple),
un entretien diététique plusieurs fois par an, des
conseils pour augmenter l’activité physique dans la vie
quotidienne, une analyse du comportement alimentai-
re dans les situations de stress, etc.
Évaluation du rapport bénéfices/risques
La réalisation d’études de longue durée reste indispen-
sable, afin de mieux évaluer, d’une part, l’efficacité sur
le poids et les comorbidités et, d’autre part, les risques
des médicaments de l’obésité, l’évaluation de ce rap-
port bénéfices/risques étant une préoccupation
constante (16). Pour les molécules utilisées en France
(orlistat et sibutramine), ce rapport est considéré
comme bon. Mais les effets de la sibutramine sur la fré-
quence cardiaque et la tension artérielle méritent d’être
soigneusement évalués, en particulier chez les patients
à risque cardiovasculaire avéré. En ce qui concerne
l’orlistat, il est important de surveiller à long terme le
statut vitaminique, compte tenu des multiples fonc-
tions cellulaires des vitamines liposolubles et des caro-
ténoïdes en particulier.
Perspectives
De nouvelles molécules seront disponibles pour le cli-
nicien dans les années à venir, car les connaissances
scientifiques ont beaucoup évolué au cours des années
1990 dans les domaines de la neurobiologie du com-
portement alimentaire, du métabolisme de l’adipocyte
ou du métabolisme énergétique (19). Il sera alors pos-
sible de choisir pour chaque patient le médicament le
plus adapté en fonction de son profil d’action sur la
prise alimentaire (faim, satiété, rassasiement, impulsi-
vité, dépendance, etc.), le métabolisme (absorption
intestinale, stockage des nutriments, etc.) et sur les
dépenses énergétiques (oxydation des acides gras, ren-
dement métabolique, etc.).
Nous prendrons deux exemples. Augmenter les
dépenses énergétiques en “brûlant” les acides gras au
niveau des muscles (via la protéine découplante UCP
3) ou créer un petit gaspillage dans certaines voies
métaboliques permettrait d’équilibrer plus facilement
le bilan énergétique. Modifier les signaux d’adiposité
(hormones ou neuromédiateurs qui renseignent le
centre sur les réserves de la périphérie, comme par
exemple l’insuline ou la leptine) ou leurs actions sur le
cerveau donnerait la possibilité de régler le pondérostat
à une valeur plus basse et d’éviter les rechutes.
Conclusion
L’obésité est désormais reconnue comme une maladie,
le fait mérite d’être souligné, car elle peut mettre en
cause le bien-être, au sens large, des patients. Il est
donc normal que le traitement pharmacologique de
l’obésité soit considéré comme un traitement comme
les autres, par les médecins et par les malades.
Les “bonnes pratiques cliniques” ont été définies au
plan international et adaptées à la situation française en
1998. La prescription médicamenteuse s’intègre dans
un projet thérapeutique qui prend en compte l’en-
semble des problèmes, qu’ils soient somatiques, psy-
chologiques ou sociaux. Cette démarche n’est pas faci-
le pour le médecin qui doit analyser et comprendre le
comportement de son patient et le contexte dans lequel
il vit. Elle est difficile aussi pour le patient, qui est
amené à remettre en cause son mode de vie.
Le coût financier, qui est totalement à la charge du
patient, reste malheureusement en France un problème
majeur. Bien des patients en surpoids qui pourraient
bénéficier d’un tel traitement – car ils sont diabétiques
ou hypertendus – ne peuvent manifestement pas sup-
porter longtemps cette charge financière. Il y a là
une réelle injustice…
Médecine vasculaire plus
Médecine vasculaire plus
Les références sont disponibles auprès de la rédaction de la revue :
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