Act. Méd. Int. - Psychiatrie (21), n° 5, mai 2004
Enjeux éthiques de la recherche
en psychiatrie génétique
Bethesda (États-Unis)
L’étiologie de la plupart des troubles
psychiatriques est complexe, mêlant les
contributions et les interactions de nom-
breux gènes à des facteurs environne-
mentaux très mal connus. Ces interac-
tions sont susceptibles d’agir pendant le
développement, la maturation et le
vieillissement. Les recherches dans ce
domaine sont particulièrement actives et
posent des questions éthiques spéci-
fiques, notamment lorsque se trouve
impliquée la participation de membres
de la famille des patients psychotiques.
L’anticipation des applications poten-
tielles des résultats des recherches en
psychiatrie génétique doit amener les
chercheurs de ce domaine à se demander
s’il faut ou non fournir les informations
de type génétique aux participants, et si
oui, quand et comment il faudrait
qu’elles soient délivrées (Bowles
Biesecker B, Landrum Peay H. Ethical
issues in psychiatric genetics research:
points to consider. Psychopharmacology
2003;171:27-35). Les données géné-
tiques spécifiques peuvent, en effet,
avoir un impact sur les familles, les
communautés et la société, impact qui
diffère sensiblement de celui des infor-
mations concernant la plupart des autres
domaines médicaux. Les auteurs pas-
sent en revue un certain nombre de ces
spécificités. Lorsque des informations
de type génétique sont délivrées à des
participants d’une même famille, se
posent des questions d’équité et de jus-
tice, celle, notamment, de savoir s’il
faut, ou non, offrir les mêmes informa-
tions aux membres de la famille qui
n’ont pas précédemment donné leur
consentement pour participer à la
recherche. Certains des proches peuvent
ne pas savoir qu’une recherche a été
entreprise avec des membres de leur
famille, ou ils peuvent ne pas vouloir
être informés des spécificités et/ou des
risques de telles études. La plupart des
chercheurs encouragent les participants
à informer leurs proches, mais il peut
arriver aussi que les participants eux-
mêmes n’aient pas informé leur famille.
Les conclusions des auteurs sont que
l’éducation génétique et le conseil sont
essentiels pour aider les participants à
comprendre la nature incertaine des
informations concernant la susceptibili-
té génétique, ainsi que les implications
de ces informations pour eux-mêmes, et
pour leurs proches. Des procédures spé-
cifiques de recueil de consentement
devraient mettre l’accent sur la sensibi-
lité de ce type d’informations, sur les
possibilités de mauvaise compréhension
des bénéfices, et sur la nécessité d’un
réel volontariat de la part de tous les
participants. En outre, la stricte confi-
dentialité devrait être préservée, du fait
de la stigmatisation associée à la fois
aux questions génétiques et aux mala-
dies psychiatriques. Les auteurs mettent
l’accent sur le fait que, dans ce domaine
en particulier, il est crucial d’anticiper
et de prévenir les conflits éthiques plu-
tôt que d’entreprendre d’y répondre
ultérieurement.
Mots-clés : Recherche en psychiatrie
génétique – Éthique – Susceptibilité
génétique – Famille.
Capacité décisionnelle et consente-
ment éclairé chez les patient schizo-
phrènes âgés
San Diego (États-Unis)
On s’attend à une multiplication par
quatre de 1970 à 2030 de la proportion
de personnes âgées présentant des
troubles psychiatriques. Jusqu’à pré-
sent, les patients âgés étaient plutôt
sous-représentés dans les protocoles de
recherche. Par exemple, seulement 6 %
des études sur la schizophrénie publiées
à ce jour dans les grands journaux inter-
nationaux de psychiatrie sont consacrés
aux patients âgés. Les choses sont ame-
nées à changer, et les enjeux bioé-
thiques de la neuropsychopharmacolo-
gie gériatrique sont nombreux. La capa-
cité décisionnelle des patients âgés
constitue un aspect crucial de la ques-
tion. Les modifications cognitives,
ainsi que la complexité accrue des trai-
tements médicamenteux, font qu’il est
particulièrement difficile pour certains
patients de comprendre pleinement,
d’apprécier, et/ou d’être capables
d’avoir un raisonnement cohérent sur
les risques et les bénéfices de la partici-
pation à un essai clinique. Les auteurs
de cet article présentent un modèle de
collaboration multidisciplinaire incluant
des scientifiques, des psychiatres, des
spécialistes de la famille et de la méde-
cine préventive, un professeur de droit,
un neuropsychologue, un expert en
bioéthique, un administrateur de service
gérontologique, des statisticiens et,
enfin et surtout, des membres de la com-
munauté (Jeste D, Dunn L, Palmer B et
al. A collaborative model for research on
decisional capacity and informed
consent in older patients with schizo-
phrenia: bioethics unit of a geriatric psy-
chiatry intervention research center.
Psychopharmacology 2003;171:68-74).
Les études préliminaires menées dans
ce centre suggèrent que les psycho-
tiques âgés varient considérablement eu
égard à leurs capacités décisionnelles,
mais que nombre d’entre eux semblent
parfaitement capables de donner leur
consentement aux projets de recherche.
En outre, le niveau de compréhension
des patients peut être significativement
amélioré par la répétition et la clarifica-
tion des éléments clés du formulaire de
consentement. La capacité de décision
pour un protocole donné peut donc être
améliorée chez des patients psycho-
tiques, même âgés.
Mots-clés : Bioéthique – Vieillissement –
Schizophrénie – Consentement éclairé.
107
Revue de presse
Revue de presse