La Lettre du Rhumatologue - n° 311 - avril 2005
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MISE AU POINT
implants, est d’utiliser, quand les conditions anatomiques le per-
mettent, une prothèse peu contrainte (c’est le choix qui s’impose
quel que soit le niveau d’activité du patient), constituée de pièces
métalliques cimentées entre lesquelles on interpose un plateau
en polyéthylène d’au moins 6 mm d’épaisseur.
Le consensus actuel est en faveur d’un scellement des implants quel
que soit le niveau d’activité du patient (figure 3). Quelques études
ont tenté de démontrer quel bénéfice il y aurait à choisir des pièces
prothétiques non scellées pour des patients jeunes et actifs, mais il
faut tenir compte d’inconvénients importants, en particulier dans
les difficultés techniques en cas de reprise chirurgicale, qui n’ont
pas pour le moment de solution simple et satisfaisante (11).
Les prothèses totales de genou permettent de retrouver une arti-
culation indolore et stable. Cependant, la perte de flexion est
fréquente ; elle doit être annoncée au patient en préopératoire.
Elle peut modifier les pratiques sportives en postopératoire. Les
prothèses unicompartimentales, quand elles sont possibles,
permettent de limiter la perte de mobilité en flexion (figure 4).
Choix des matériaux et couple de frottement
Le problème du couple de frottement des prothèses totales de
hanche, c’est-à-dire de la nature des surfaces mobiles l’une contre
l’autre, est plus que jamais d’actualité, surtout en ce qui concerne
les sujets jeunes et actifs. Les contraintes mécaniques sont trans-
mises d’une pièce à l’autre par ces surfaces portantes, et leur
usure provient de la répétition des mouvements, c’est-à-dire du
nombre de cycles.
Les principaux couples utilisés actuellement sont : céramique-
céramique, métal-métal, céramique-polyéthylène haute densité,
métal-polyéthylène haute densité. Le couple métal-polyéthylène
est celui qui a fait ses preuves et qui a le plus grand recul depuis
plusieurs dizaines d’années, mais on sait que les particules
d’usure du polyéthylène peuvent provoquer une ostéolyse à l’ori-
gine d’un certain nombre de descellements avec diminution du
stock osseux. Le couple métal-métal produit des microdébris
métalliques dont les effets systémiques ne sont pas encore connus.
Le couple céramique-céramique est souvent choisi pour les
patients jeunes et hyperactifs, mais certaines céramiques se sont
révélées fragiles et des ruptures d’implants (têtes fémorales) ont
été observées.
Les problèmes techniques posés par le patient actif sont très dif-
férents de ceux posés par une arthroplastie chez un sujet âgé peu
actif, pour qui la priorité portera sur le résultat à moyen terme au
niveau de la stabilité, de la fiabilité et du confort, la durée de vie
de la prothèse étant de toute façon limitée par la durée de vie du
patient. L’avenir s’oriente donc vers la recherche de la prothèse
adaptée à chaque type de patient plutôt que vers la recherche
d’une prothèse idéale universelle.
Information au patient
et recommandations sur les activités sportives
Le patient sportif doit recevoir une information précise concer-
nant les conséquences d’une pratique sportive sur l’usure de sa
prothèse et sur les risques de survenue d’accidents aigus.
Il est important que le chirurgien puisse expliquer à son patient
ce qu’il peut attendre de sa prothèse et quelles sont les limites
d’activité au-delà desquelles il se met en danger.
Les complications possibles doivent être discutées et comprises
par le patient avant toute reprise d’activité sportive.
Si des explications précises peuvent être données facilement sur
les risques mécaniques liés à une pratique sportive intensive, il
est beaucoup plus difficile de répondre avec précision sur le type
de sport autorisé et de préciser à quel niveau il doit être pratiqué.
Bien entendu, le patient doit être orienté vers des sports limitant
les impacts articulaires et les risques traumatiques.
Cependant, bien qu’il existe de nombreuses méthodes d’éva-
luation des fonctions articulaires et de la qualité de vie des
opérés, il n’y a pas de consensus sur le niveau d’activité qui
peut être maintenu chez les patients porteurs d’une prothèse
articulaire car il n’existe pas, à l’heure actuelle, de véritable
étude portant sur des séries de patients pratiquant des activi-
tés physiques intenses. Les recommandations peuvent être
variables selon les chirurgiens, mais la plupart d’entre eux
s’accordent sur le type d’activités sportives à proscrire, en par-
ticulier celles soumettant les surfaces articulaires prothétiques
à des impacts répétés (12).
Mc Grory (12) a réalisé une étude auprès de 28 chirurgiens ortho-
pédistes de la Mayo Clinic et a obtenu des réponses très homo-
gènes. Les sports recommandés sont la natation, la plongée sous-
marine, le cyclisme, le golf et le bowling. Les sports à proscrire
sont le jogging, le football, le ski nautique, le handball, le karaté,
le baseball et le squash (tableau I). Les avis étaient unanimes,
excepté pour le ski de randonnée, conseillé par les uns et décon-
seillé par les autres. Healy (13, 14) a réalisé le même type d’étude
par questionnaire auprès des chirurgiens membres des sociétés
américaines de la hanche et du genou. Il a obtenu des réponses
comparables. Ainsi, pour répondre aux attentes des patients spor-
tifs sans risquer de compromettre la durée de vie des implants,
Figure 4.
Prothèse uni-
compartimentale
de genou.
Figure 3.
Prothèse totale de genou
scellée.