La Lettre de l’Hépato-Gastroentérologue - n° 5 - vol. II - octobre 1999 215
ischémie intestinale aiguë demeure encore une patho-
logie redoutable. Les signes cliniques sont peu spé-
cifiques et, en urgence, le diagnostic d’un accident
ischémique mésentérique repose sur un faisceau d’arguments,
incluant en particulier le terrain sur lequel survient l’accident.
Les différents tests développés pour établir de façon précoce le
diagnostic d’ischémie intestinale aiguë (tonométrie, études scin-
tigraphiques, CPK, etc.) se sont avérés décevants car ils ne sont
souvent positifs que tardivement dans l’évolution de la maladie.
Les progrès de l’imagerie médicale avec le scanner spiralé ont
permis la description d’une séméiologie propre à l’ischémie intes-
tinale aiguë. Des travaux sont encore nécessaires pour détermi-
ner l’impact précis de ces examens sur la prise en charge des
malades. Les différentes formes d’ischémie intestinale sont mieux
connues, notamment les ischémies mésentériques d’origine vei-
neuse. Elles doivent faire l’objet d’une attention plus particulière
car leur traitement et leur pronostic sont très différents de ceux
des accidents artériels. Elles affectent des malades souvent plus
jeunes ; elles surviennent dans un contexte particulier, avec une
phase prodromique plus longue ; les segments intestinaux infar-
cis sont plus courts ; un traitement anticoagulant est recommandé.
Les étiologies de ces ischémies d’origine veineuse sont de mieux
en mieux connues avec la découverte de nouveaux troubles de la
coagulation. En cas d’ischémie intestinale massive, une inter-
vention est souvent nécessaire et le chirurgien est souvent face à
un dilemme : ne pas faire assez et laisser de l’intestin non viable
ou en faire trop et risquer des séquelles nutritionnelles majeures.
Peu de tests biologiques ou radiologiques peuvent l’aider dans
cette décision et, en cas de doute, une double entérostomie est
préférable pour faciliter la surveillance du grêle restant. Enfin,
lorsque le malade aura vaincu tous ces obstacles, il sera toujours
à la merci de lésions secondaires à la reperfusion de l’intestin,
pouvant être à l’origine d’une défaillance multiviscérale !
L’ischémie intestinale chronique demeure une affection rare mais
son diagnostic doit être systématiquement évoqué chez tout malade
athéromateux ou âgé ayant une symptomatologie abdominale aty-
pique. La réalisation d’un écho-doppler des vaisseaux artériels
digestifs constitue un excellent examen de dépistage avant de
recourir à l’artériographie sélective, qui reste encore à l’heure
actuelle l’examen de référence. La reconnaissance précoce de ces
lésions occlusives artérielles peut permettre d’envisager une chi-
rurgie artérielle réglée des artères viscérales adaptée au terrain de
ces malades ; le but étant double : réduire la mortalité et la mor-
bidité des procédures thérapeutiques et prévenir la survenue de
l’infarctus intestinal. Les techniques endovasculaires dans le ter-
ritoire de l’AMS devront être complémentaires de la chirurgie.
La colite ischémique demeure l’accident vasculaire digestif le
plus fréquent. La collaboration avec les chirurgiens est moins
nécessaire que lors des autres pathologies ischémiques digestives
car l’évolution de cette affection est favorable dans plus de 80 %
des cas. Elle est d’origine plurifactorielle mais la responsabilité
des médicaments dans la survenue d’une colite ischémique est
de plus en plus rapportée. ■
Conclusion
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P. Hochain
L
‘
Le prochain dossier
thématique... Troubles de la statique rectale
Coordinateur : L. Siproudhis (Rennes)