ÉDITORIAL
4
La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no296 - janvier-février 2005
par ces CNFMC. Les établissements de santé mettent en place
des commissions de FMC pour tous les “métiers médicaux”. Des
barèmes permettant d’évaluer la réalité de la FMC (différente selon
le mode d’exercice) sont actuellement discutés au sein de chaque
conseil national. Rappelons qu’à côté de la formation collective, fré-
quentée par près de 90 % des médecins, mais considérée par les
experts de la qualité comme peu efficace2, il ne faut pas négliger
la formation individuelle : presse médicale, Internet et autres sup-
ports électroniques, travaux scientifiques, enseignement et publi-
cations dans le domaine clinique, entretiens individuels ou en groupe
à l’occasion de l’EPP. Formation et évaluation sont intimement
liées, comme nous allons le voir. Des gisements de qualité sont
ainsi défrichés par la mise en œuvre de l’EPP, amenant à une FMC
ciblée sur les véritables besoins des professionnels que nous sommes,
avec nos domaines d’excellence et… nos points faibles.
L’EPP
●Le 13 août 2004, une loi de réforme de l’Assurance-maladie crée
la “Haute Autorité de santé” et lui confie la responsabilité de mettre
en œuvre une évaluation individuelle, obligatoire et “sanction-
nante” des pratiques de tous les médecins. Enfin, le décret du
26 octobre 20043précise les missions, l’organisation et les moda-
lités de fonctionnement de cette “Haute Autorité”. Pour faire simple
et rester dans les limites du propos de cet éditorial, on peut retenir
que cette nouvelle structure reprend le personnel et les missions
(en les élargissant) de l’Anaes auxquels est adjointe une partie
de l’Afssaps4chargée de l’évaluation des produits de santé.
Son rôle est considéré comme purement scientifique et consultatif.
Sa vocation est d’émettre des recommandations. Elle doit aussi
aider à l’agrément des organismes d’évaluation de la FMC des
médecins libéraux et salariés non hospitaliers.
●On notera un changement important de terminologie dans les
démarches d’EPP effectuées dans les établissements de santé (pri-
vés et publics) : la procédure connue dans toute la France depuis
la fin des années 1990 comme une accréditation des cliniques et
hôpitaux devient en 2005 une “certification” (art. R. 161-74).
Inversement, la Haute Autorité va très bientôt définir une procé-
dure d’accréditation… des pratiques des médecins ou de celles des
équipes médicales exerçant en établissement (art. R. 161-73). D’une
certaine façon, ce sera la consécration de tous les efforts d’EPP.
●Notons que les professionnels paramédicaux devront également
organiser des actions d’évaluation de leurs pratiques, quel que soit
leur cadre d’exercice, et la Haute Autorité habilitera les organisa-
teurs de ces actions.
Enfin, elle habilite les médecins chargés de l’EPP des médecins
libéraux – gérée par les unions régionales (URML) – comme
l’Anaes le faisait jusqu’alors.
●Mais au-delà de la forme administrative, qu’est-ce que l’EPP ?
C’est une démarche transparente d’amélioration de la qualité des
soins. Ce n’est pas une évaluation scolaire ou universitaire. Il n’y
a pas de note. Ce n’est pas une évaluation du médecin, mais celle
d’une partie (seulement) de ses pratiques. Qui peut se vanter de tout
faire parfaitement dans sa pratique quotidienne ? Avec le temps,
après une phase de progrès, d’entraînement dynamique, la routine
survient rapidement et, avec elle, un certain degré de régression
intellectuelle, inévitable, ou au mieux une absence de progrès. On
oublie certaines notions de base (notamment dans les domaines
que l’on observe rarement), on perd certains réflexes, on acquiert
de mauvaises habitudes personnelles. À un moment donné, il n’est
pas mauvais de tenter ce qui est à la fois une introspection et une
émulation vis-à-vis de nos pratiques. Il convient à chacun :
–de reprendre ses dossiers et de les confronter à des référentiels :
ce sont des adaptations de certaines recommandations en termes
facilement repérables et utilisables, admis par la discipline, par
exemple, sur les bonnes pratiques de tenue du dossier du patient ;
–d’utiliser un regard extérieur, celui d’un confrère exerçant dans
des conditions comparables aux siennes et qui, en outre, a reçu une
formation spécifique à l’évaluation constructive. Dans une ambiance
positive, toujours encourageante, le médecin en charge de l’EPP
accompagnera son confrère vers la recherche de “pistes d’amélio-
ration” de sa pratique quotidienne. Les conclusions de l’EPP seront
confiées au médecin lui-même.
Bien sûr, tout cela sera progressif : la “machine à fabriquer l’EPP”
sera encore en rodage en 2005 ! On peut penser que les processus
et les personnels accompagnant la démarche d’EPP ne seront pas
partout disponibles avant quelques années. Mais le mouvement
est lancé.
●FMC et EPP : pour s’assurer de leur généralisation, le législa-
teur a le choix entre des mesures incitatives (essentiellement finan-
cières) ou “sanctionnantes” (restrictions de l’exercice). Des décrets
d’application viendront bientôt préciser la manière dont l’obliga-
tion d’évaluation sera vérifiée. De toute façon, comme dans tant
d’autres pays occidentaux, nous entrons dans une nouvelle ère :
celle de la péremption de notre qualification. Celle qui nous a été
délivrée par l’Ordre au terme de notre formation initiale devra être
renouvelée, périodiquement : tôt ou tard, ce sera la règle !
■
2
Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé. Efficacité des
méthodes de mise en œuvre des recommandations médicales, janvier 2000
(disponible à l’adresse http://www.anaes.fr).
3
Décret n° 2004-1139, Journal officiel du 27 octobre 2004.
4
Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (http://agmed.
sante.gouv.fr)
Les articles publiés dans “La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale”
le sont sous la seule responsabilité de leurs auteurs.
Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés réservés pour tous pays.
© janvier 1985 - EDIMARK SAS - Imprimé en France - DIFFERDANGE - 95100 Sannois - Dépôt légal : à parution.