FMC, DPC, un changement d`acronyme qui passe par la

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HUMEUR
http://www.snphar.com - Journal du Syndicat National des Praticiens Hospitaliers Anesthésistes-Réanimateurs Élargi - n° 53 - juin 2010
ILe SNPHAR-E s’est toujours résolument positionné en
faveur d’une formation médicale continue de qualité pour
les praticiens hospitaliers, afin de garantir la qualité et la
curité des soins prodigués aux patients. Cela implique
que trois critères majeurs soient remplis :
- une FMC adaptée aux besoins professionnels du PH;
- une indépendance entre les organismes producteurs
de FMC, le financeur (l’pital) et le choix d’une FMC
par le PH ;
- un financement spécifiquement dévolu à la FMC
des PH.
INotre statut, nous alloue 15 jours annuels ouvrables
de FMC et la possibilité d’un financement par notre
employeur. Le financement hospitalier s’établit théorique-
ment à la hauteur de 1,5 % de la masse salariale des PH.
Dès 1999, le SNPHAR revendiquait une « enveloppe
annuelle formation » de 1500 pour chaque PH, comme
cela existe dans les pays anglo-saxons. Nous sommes
toujours loin du compte ! Dans la réalité, la situation varie
selon les établissements : du temps, mais peu ou pas de
financement dans les CHU ; du financement, mais peu
ou pas de temps dans les CHG.
Ivelopper la formation au sein même des établisse-
ments publics de santé (EPS) permet à l’employeur d’en
mtriser le financement et d’en encadrer le contenu. Lob-
jectif sera désormais de répondre à des projets de pôle ou
d’établissement maturés par une gouvernance bien trem-
pée, voire à des enjeux de santé définis par de hautes auto-
ris nationales sur des critères de santé publique, mais
aussi de rationalisation des soins, dans un but plus finan-
cier que médical. Il y a là, une perte totale de l’inpen-
dance du PH dans le choix du thème de sa FMC.
IQu’il s’agisse d’accompagner lavènement de nouvelles
technologies au lit du patient ou délargir nos connaissances
à des données connexes à la pratique médicale, nous som-
mes de plus en plus «vigoureusement incités », moyennant
finances, à suivre des formations proposées par des orga-
nismes publics ou privés. Le DPC obligatoire associé à une
«saine émulation de la concurrence» au sein du «marché de
la formation» engendre inéluctablement linflation des coûts
dinscription des dites formations universitaires. Certaines attei-
gnent plusieurs centaines, voire milliers deuros! Ces tarifs pro-
hibitifs rendent la formation permanente inabordable pour un
PH de base qui doit la financer avec ses propres deniers. D’où
une inégalité de moyens et de chances!
IEt quand on sait qu’un lobbying bien ciblé suffit parfois
à rendre opposables des formations, comment ne pas
craindre le risque de dérapage vers des conflits d’intét?
Pourtant, cette évolution semble bien inéluctable tant est
forte la volonté de la tutelle de reprendre en main le corps
dical. Corps qu’il s’agit d’orienter, via le DPC, vers de
«grands objectifs» ou «enjeux de santé publique».
Nous sommes loin du principe d’Hippocrate, loin
d’une médecine restant un art et loin d’une formation
permanente reposant sur le compagnonnage.
INos collègues soignants paramédicaux sont d’ailleurs
pris dans la même tourmente avec l’avènement de la
forme LMD (pour «Licence-Master-Doctorat»). Le prin-
cipe de limiter à certains l’obtention d’acquis profession-
nels ou de pratiques avancées leur font redouter la perte
de leur spécificité d’exercice, la fermeture d’écoles
publiques de formation d’IADE. Il y a désormais le risque
de la disparition du principe républicain de la promo-
tion professionnelle au sein des EPS.
Patrick DASSIER, Trésorier et Nicole SMOLSKI, Présidente du SNPHAR-E
FMC, DPC, un changement
d’acronyme qui passe
par la case «arnaque»
Depuis peu, nous ne parlons plus de FMC (formation médicale continue), mais de dévelop-
pement professionnel continu (DPC), terme qui englobe la FMC et l’évaluation des
pratiques professionnelles. Désormais, le DPC sera développé et financé par les
établissements de santé : une évolution redoutable et inéluctable.
Avec l’encadrement de la loi HPST, l’employeur et la tutelle
maîtrisent désormais à la fois le financement de la formation
et son contenu. Redoutable, non ?
Dans le cadre du DPC, la convergence orga-
nisée vers le marché fait s’éloigner dangereu-
sement l’hôpital de l’éthique républicaine avec
des effets collatéraux délétères pour ceux et
celles qui se sont engagés dans le service
public de santé.
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