L
e 111eCongrès de la Société française d’oto-rhino-
laryngologie et de chirurgie de la face et du cou s’est
tenu à Paris les 10, 11 et 12 octobre 2004, sous la pré-
sidence du Pr P. Géhanno. Nous rapportons ici quelques-uns des
propos tenus lors de tables rondes et séances de communication.
CRÉNOTHÉRAPIE EN ORL
(table ronde sous la présidence du Pr C. Dubreuil, Lyon)
Dans son introduction, C. Dubreuil (Lyon) a fait part de son regret
de voir tomber la crénothérapie en désuétude. Cet art de soigner
est fort ancien. Il est peut-être nécessaire de le “dépoussiérer”, de
le rendre plus rigoureux et de montrer, études cliniques et expéri-
mentales à l’appui, son efficacité.
La durée des cures a été fixée arbitrairement à 21 jours et pourrait
éventuellement, selon J. Oudot(Allevard-les-Bains), être modifiée.
On pourrait imaginer des cures plus longues, de 4 à 5 semaines,
pour les indications rhumatologiques, et, à l’inverse, des cures plus
courtes, de 8 à 10 jours, pour la pathologie ORL de l’enfant.
Les eaux thermales ont une triple action : immunostimulante, de
fluidification des sécrétions bronchiques et rhinopharyngées, et
antioxydante. Cette dernière propriété est très intéressante, car le
stress, ce fléau du XXIesiècle, est oxydant.
F. Cabanel (Challes-les-Eaux) a abordé les questions pratiques.
La demande de prise en charge pour une cure thermale s’établit sur
un formulaire unique. Le prescripteur précise l’orientation de la cure
(par exemple, les voies respiratoires) et préconise une station ther-
male. Il est possible, en cas de pathologie associée, d’indiquer une
deuxième orientation (ce qui limite l’éventail de choix des stations).
Les curistes en ORL ne sont jamais hospitalisés. Pour les enfants, si
les parents ne peuvent pas les accompagner, il est possible de deman-
der un hébergement en maison d’enfants. Les contre-indications à
une cure thermale sont la tuberculose et le cancer en évolution, mais
aussi un état général trop altéré pour permettre des soins de cure quo-
tidiens. La cure dure trois semaines, soit trois fois six jours, avec six
pratiques thermales par jour. Le formulaire est adressé par le patient
à sa caisse de Sécurité sociale. Des contrôles a posteriori sont pos-
sibles. Le patient reçoit un questionnaire concernant ses ressources,
dont dépendent le remboursement des frais de transport et le forfait
d’aide pour l’hébergement. En revanche, tout assuré est remboursé
du forfait de surveillance de la cure et des pratiques complémen-
taires (méthode de Proetz, par exemple) jusqu’à 65 % du tarif de res-
ponsabilité. Les mutuelles remboursent en général le complément.
En ce qui concerne l’arrêt de travail, selon les conventions collec-
tives, le temps de cure doit être pris sur les vacances ou est consi-
déré comme un arrêt maladie. Le prescripteur envoie un courrier
au médecin thermaliste et celui-ci rédige un compte-rendu de la cure.
D. Brunschwig (Bagnères-de-Bigorre) a présenté un très beau
film sur deux pratiques courantes en thermalisme ORL : le Proetz
et l’insufflation tubaire.
Le lavage de sinus selon la technique de Proetz (cf. La Lettre
d’ORL et de chirurgie cervico-faciale n° 247, 1999, pp. 7-8 : “La
méthode de déplacement de Proetz”, par R. Gouzy et J. Gouzy)
est contre-indiqué en cas de rhinite ou de sinusite aiguë. Il est
indiqué en cas de poussée de réchauffement d’une rhinosinusite
chronique ou de jetage postérieur perannuel.
L’insufflation tubaire est indiquée en cas d’otite séromuqueuse,
d’otite moyenne aiguë récidivante ou de poche de rétraction ; la pré-
sence d’un aérateur ne constitue pas une contre-indication. L’insuf-
flation tubaire peut être effectuée dès l’âge de 4-5 ans. Elle utilise
le gaz extrait de l’eau thermale à une pression de 150 mb chez
l’enfant et de 200 mb chez l’adulte. La sonde d’Itard est position-
née contre l’orifice tubaire. En parlant, le sujet favorise le repérage
et le bon positionnement de la sonde. Le passage gazeux tubo-
tympanique est contrôlé par le médecin en plaçant un embout de
stéthoscope modifié dans l’oreille homolatérale du patient.
A. Chays(Reims) a traité des indications de la crénothérapie
en rhinologie. En France, il existe des eaux chlorobicarbonatées
ACTUALITÉ
111eCongrès de la Société française d’ORL
et de chirurgie de la face et du cou
111th Congress of the French Society of ENT
M. François*, W. El Bakkouri**
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La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no296 - janvier-février 2005
* Service ORL, hôpital Robert-Debré, Paris.
** Service ORL, hôpital Lariboisière, Paris.
Mots-clés : Crénothérapie - Épithélioma - Endoscopie -
Imagerie - Ostéoradionécrose - TEP - Stapédotomie -
Cholestéatome - Scanner des rochers.
Keywords: Crenotherapy - ENT epithelioma - Endoscopy -
Imaging - Osteoradionecrosis - PET-scan - Stape surgery -
Cholesteatoma - Temporal bone imaging.
sodiques (Mont-Dore, La Bourboule) et des eaux sulfurées sodiques
(Cauterets, Luchon, etc.) ou calciques neutres (Enghien-les-Bains,
Allevard, etc.). Au niveau des fosses nasales, les pratiques thermales
sont très variées : lavage de nez, irrigations nasales (avec 2 l d’eau
thermale), inhalations, humage, nébulisations, douches rétronasales
à la canule de Moure. S’y ajoutent, pour la pathologie sinusienne,
la méthode de Proetz et les aérosols soniques.
L’eau thermale, par ses propriétés biologiques propres, a une action
antihistaminique et immunostimulante, mais elle diminue aussi la
stimulation inflammatoire chronique. Les pratiques thermales sti-
mulentla circulation locale endonasale. Le soufre et l’arsenic con-
tenus dans certaines eaux thermales ont une action antiseptique.
Chez l’enfant, une cure thermale peut être l’occasion de faire
l’apprentissage du mouchage.
La recherche clinique en crénothérapie commence à se développer.
Le problème est le manque de moyens financiers. L’action de la
crénothérapie sur la polypose nasale a été observée dès la fin des
années 1970 (Debibour). L’étude de C. Laroche et al., en 1987,
a montré, sur une cohorte de 3 000 personnes traitées par créno-
thérapie et suivies pendant 3 ans, une réduction des dépenses de
médicaments dans les deux ans qui suivaient la cure (Bulletin de
l’Académie nationale de médecine). D’autres études sont en cours.
V. Darrouzet (Bordeaux) s’est chargé des indications otolo-
giques de la crénothérapie.
La dysfonction tubaire fait le lit des otites moyennes aiguës répé-
tées, des otites séreuses et des poches de rétraction. Malgré les pro-
grès sociaux, ces pathologies n’ont pas diminué et coûtent très cher
au système de santé (“il y a moins d’enfants sots et plus d’enfants
sourds”). Il n’existe pas de traitement médical validé de l’otite séreuse.
Des études expérimentales ont montré que, chez l’animal, l’insuffla-
tion tubaire est efficace, à condition de la répéter. Chez l’enfant qui
souffre d’un dysfonctionnement tubaire chronique, on peut propo-
ser l’insufflation tubaire à la sonde d’Itard, la politzérisation, les aéro-
sols manosoniques et le traitement des rhinosinusites associées
par inhalations et technique de Proetz. Ces techniques ont une action
non spécifique de rééducation de la trompe et une action spécifique
par transport sur le site du médicament thermal. S’y ajoutent par
ailleurs l’effet bénéfique de la cure climatique et l’apprentissage de
l’hygiène tubaire (reniflement, auto-insufflation, mouchage, etc.).
C. Dubreuil(Lyon) a ensuite annoncé la réalisation d’une vaste
étude clinique contrôlée randomisée sur l’efficacité de la créno-
thérapie dans les rhinosinusites chroniques de l’adulte. Le proto-
cole prévoit deux groupes de patients : des patients suivis pendant
9mois après une cure effectuée en 2004 à Allevard-les-Bains (eau
sulfurée calcique), et des patients suivis pendant 9 mois avant leur
cure, prévue pour cette année. Six évaluations par patient sont
prévues. Les principaux critères d’évaluation sont les signes de
rhinosinusite, l’obstruction nasale, les douleurs. Les critères secon-
daires sont l’odorat, la toux, les signes otologiques ou laryngés.
Y est adjointe une étude de qualité de vie et de coût économique
direct. Les résultats devraient être publiés fin 2005.
T. de Baillencourt (Gréoux-les-Bains) a présenté une étude in
vitro des effets de l’eau thermale sur l’épithélium respiratoire
humain. La prolifération cellulaire s’est avérée meilleure sur le
milieu témoin que sur les cultures baignées de sérum physiologique
et sur celles baignées dans l’eau thermale de Gréoux-les-Bains (ren-
due isotonique par adjonction de sel). La mesure de la synthèse de
la cytokératine 19 intra- et extracellulaire n’a pas montré de diffé-
rence à J10, mais, au bout de 21 jours, elle était significativement plus
importante dans les cultures sur eau thermale que dans les cultures
sur milieu témoin. Peut-être est-ce là le mécanisme de résistance
que procure l’eau thermale aux effets induits de l’inflammation.
P. Queneau (Saint-Étienne) a conclu en encourageant les ORL à
faire des études pour confirmer l’effet bénéfique des cures thermales.
MOYENS ACTUELS DE SURVEILLANCE
APRÈS TRAITEMENT D’UN CANCER ORL
(table ronde animée par le Pr B. Barry, hôpital Bichat, Paris)
M. Zanaret (Marseille) distingue trois périodes dans le suivi
post-traitement d’un cancer des voies aérodigestives supé-
rieures (VADS) :
du 1er au 6emois, il faut apprécier le contrôle post-thérapeutique
et détecter une éventuelle poursuite évolutive, à distinguer d’une
récidive ;
du 6eau 24emois, il faut rechercher une éventuelle récidive
précoce locale, régionale ou à distance ;
au-delà de la deuxième année, il faut rechercher une éventuelle
deuxième localisation, plus particulièrement au niveau de la tête
et du cou, de l’œsophage, du poumon et du foie, mais aussi une
récidive tardive locale, régionale ou à distance.
Il n’y a pas de consensus sur le rythme et les modalités de sur-
veillance. Certains facteurs influencent le rythme de surveillance :
le stade TNM de la lésion initiale et sa topographie. Il y a surtout
des éléments défavorables qui doivent inciter à renforcer le suivi :
des limites de résection insuffisantes, les adénopathies en rupture
capsulaire, le terrain alcoolotabagique, l’altération de l’état géné-
ral et l’interruption du traitement.
D. Chevalier (Lille) a parlé des éléments cliniques d’alerte. Le
traitement initial doit être si possible curatif, avec un résultat fonc-
tionnel optimal, mais tout cela se passe dans un environnement per-
sonnel et social que le praticien ne maîtrise pas. Les comorbidi-
tés (états hépatique, cardiovasculaire, pulmonaire, nutritionnel, etc.)
peuvent être préoccupantes en elles-mêmes. Cependant, le rôle de
l’ORL sera surtout de dépister une poursuite ou une reprise de la mala-
die cancéreuse locale, régionale ou à distance. Il faut tout particuliè-
rement se méfier en cas de fausse route, de dyspnée, de dysphagie ou
d’otalgie, surtout si les marges de résection étaient envahies ou si le
patient avait déjà subi une radiothérapie. L’incidence d’une deuxième
localisation, dans la série publiée par O. Laccourreye en 2002, était
de 1 à 3 % par an, ce risque étant linéaire et persistant au-delà de
la dixième année. Le risque est majoré en cas de poursuite de l’intoxi-
cation tabagique. Ces deuxièmes cancers ne sont pas toujours dépis-
tés à l’occasion des consultations programmées de suivi, mais ils sont,
dans près de deux tiers des cas, découverts lors d’une consultation
initiée par le patient, d’où l’intérêt d’informer ces derniers des signes
qui doivent les amener à consulter rapidement. La cavité buccale peut
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La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no296 - janvier-février 2005
très bien être surveillée par le médecin généraliste. En revanche,
les cancers du pharyngolarynx doivent être surveillés par un ORL,
qui fera une endoscopie sous anesthésie générale au moindre aspect
suspect. Pour les localisations autres que les VADS, la clinique est
pauvre. La toux et l’expectoration doivent faire rechercher une loca-
lisation bronchopulmonaire, une dysphagie, une localisation œso-
phagienne, des douleurs osseuses, des métastases osseuses.
D. Dehesdin (Rouen) a abordé le problème des endoscopies de
surveillance, dont l’objectif est le dépistage précoce d’une poursuite
évolutive, d’une récidive ou d’une deuxième localisation. Il n’y a
aucun consensus à ce sujet. Il n’y a aucune étude d’efficacité de la
surveillance endoscopique. On ne sait pas s’il vaut mieux la prévoir
systématiquement, à un rythme qui reste à préciser, ou s’il ne faut la
faire que chez certains patients à risque. La bronchoscopie n’est inté-
ressante que si la radiographie du thorax est anormale. L’œsophago-
scopie, si elle est réalisée par un ORL, se fait au tube rigide avec une
optique ; elle permet de mieux voir la région rétrocricoïdienne et la
partie haute de l’œsophage que la fibroscopie. Le geste doit être arrêté
immédiatement s’il existe la moindre difficulté d’exposition. L’endo-
scopie sous anesthésie générale des VADS est effectuée s’il existe
des signes fonctionnels, mais aussi en cas d’intoxication alcoolo-
tabagique majeure et ancienne, chez les patients qui ne peuvent être
examinés au fauteuil, et si le traitement initial n’a pas été chirurgical.
Pour P. Marandas(institut Gustave-Roussy, Villejuif), l’ima-
gerie présente un triple intérêt dans le suivi des patients traités pour
un cancer des VADS : rechercher une récidive, faire le bilan de son
extension et évaluer les séquelles thérapeutiques. Il insiste beaucoup
sur le fait que l’imagerie ne doit être demandée qu’après un examen
clinique et qu’il faut fournir au radiologue suffisamment de rensei-
gnements sur la localisation initiale et son traitement, faute de quoi
il ne pourra pas interpréter les modifications liées au traitement. Un
bilan post-thérapeutique de départ, effectué 3 à 4 mois après la fin
du traitement, est utile, mais il n’est pas indispensable si l’examen
clinique est normal et la tumeur de bon pronostic. Une imagerie doit
être demandée si un nouveau symptôme apparaît ou s’il y a à l’exa-
men une modification des structures des VADS qui pourrait cor-
respondre à une récidive. L’imagerie sera plus systématique pour
les localisations à fort potentiel de récidive ou difficiles à explorer
cliniquement. Il ne faut pas oublier que le diagnostic n’est indis-
pensable que s’il y a un traitement efficace à proposer. La surveillance
des poumons se fait par radiographies systématiques à 3 mois, puis
deux à trois fois par an pendant deux ans, et enfin tous les ans. L’ima-
gerie peut aussi aider au diagnostic des séquelles de la radiothé-
rapie. L’ostéoradionécrose mandibulaire est visible sur les clichés
standard. L’évaluation des troubles de la déglutition fait appel à
des techniques d’imagerie particulières. La TDM ou l’IRM peuvent
permettre de repérer une nécrose des cartilages laryngés et une fibrose
des espaces paraglottiques. Pour explorer une fibrose des mastica-
teurs, une radionécrose cérébrale ou une myélite postradique, l’IRM
est plus performante que la TDM. La TDM est donc indiquée dans
le suivi des cancers du larynx et de l’hypopharynx ou dans celui des
métastases ganglionnaires, et l’IRM dans la surveillance des cancers
du cavum ou de l’oropharynx ; cependant, après traitement d’un can-
cer du massif facial, les deux examens doivent être demandés.
J. Lacau-Saint-Guily (hôpital Tenon, Paris) a parlé de l’intérêt
de la scintigraphie au FDG (18F-fluorodésoxyglucose) dans le
suivi des cancers des VADS. Cette technique d’imagerie fonction-
nelle peut utiliser une caméra TEP (tomographie à émission de posi-
trons, ou PET scan) ou une caméra à coïncidence (CDET). J. Lacau
a participé à une étude sur l’apport de cette nouvelle technique dans
l’évaluation initiale par screening corps entier, et sur son rôle dans
la détection des récidives. Par rapport à la TDM, la TEP avait une
meilleure spécificité (98 % versus 82 %) et une meilleure valeur
prédictive positive (94 % versus 65 %) pour la détection des réci-
dives locales. La prise en charge d’un tiers des patients a été modi-
fiée par le résultat du PET scan, soit du fait de la découverte d’une
deuxième localisation ou d’une métastase, soit parce qu’il s’agis-
sait de vrais négatifs (avec un faux positif sur la TDM).
LA PRISE EN CHARGE DE L’OBSTRUCTION NASALE
DYSFONCTIONNELLE EST-ELLE TOUJOURS
AUSSI CHIRURGICALE ?
(table ronde animée par le Pr P. Dessi, Marseille)
L’obstruction nasale dysfonctionnelle doit s’entendre au sens
d’obstruction nasale ne relevant pas d’une cause tumorale ou mal-
formative complexe.
L’hyperréactivité nasale (L. Gilain, Clermont-Ferrand) témoigne
d’un déséquilibre entre la muqueuse respiratoire et l’environne-
ment de l’individu, qu’il soit ou non allergique. Par analogie avec
les bronches, ce diagnostic ne devrait être retenu que devant l’aug-
mentation des résistances nasales observées lors d’un test à la méta-
choline. Malheureusement, ce test n’est pas encore standardisé.
Après stimulation, il y a une réaction immédiate, avec vasodilata-
tion, stimulation nerveuse et sécrétion de mucus. Dans les heures
qui suivent apparaissent un recrutement cellulaire et une activa-
tion des cellules de l’inflammation. À l’échelle du mois ou de l’année
apparaissent des lésions et un remodelage tissulaires.
L. Castillo (Nice) a traité de la place de l’imagerie. La radio-
graphie standard a vécu, l’IRM a peu d’intérêt en première intention.
La TDM n’est pas recommandée en cas de rhinite allergique, si la
symptomatologie est typique et s’il y a une bonne réponse au trai-
tement médical. En revanche, elle est conseillée en cas de rhinite
non allergique, pour examiner les cavités sinusiennes et éliminer
une tumeur, ce que l’on ne peut faire à l’endoscopie endonasale.
Le principe de la radiofréquence est de créer une lésion ther-
mique par ondes radio en procédant à une élévation de la tempé-
rature tissulaire progressive et contrôlée. Elle produit une lésion
focalisée autour de l’électrode, sans charbonnage. A. Coste(Cré-
teil) a présenté une revue de la littérature sur l’utilisation de la
radiofréquence au niveau des cornets inférieurs pour le traitement
de l’obstruction nasale rebelle aux traitements médicaux. Après une
phase d’aggravation de J0 à J3, les patients ressentent une amélio-
ration de leur obstruction nasale dès J7. Les effets adverses, de type
croûtes, sécrétions et saignements, sont rares. Cette technique res-
pecte la clairance mucociliaire. Quelques comparaisons ont été
effectuées avec d’autres techniques instrumentales, mais il est bien
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La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no296 - janvier-février 2005
difficile d’en tirer des conclusions, car les séries sont de petite taille.
La radiofréquence présente l’avantage de pouvoir être effectuée
sous anesthésie locale au fauteuil. Pour le patient, cette technique
est efficace à moyen terme, bien tolérée, peu contraignante, mais
coûteuse, puisque les électrodes sont à la charge du patient.
Divers types de lasers sont utilisés pour traiter l’hypertrophie
turbinale (E. Serrano, Toulouse). L’important, pour qu’un laser
puisse être utilisé dans le nez, c’est que le rayon laser soit trans-
mis par une fibre. Plus la longueur d’onde est élevée, plus la péné-
tration est importante. Les comparaisons entre les différents lasers
sont difficiles, car les séries sont petites, et les protocoles mal
précisés et très variables. L’épithélium de surface détruit se régé-
nérera en moins de 6 mois. Après une aggravation transitoire du
fait de croûtes et de fausses membranes, les patients ressentent
une amélioration de leur obstruction nasale.
Dans ces obstructions nasales, D. Stoll (Bordeaux) préconise
d’intervenir sur la cloison nasale. Avec la technique de Cottle,
il observe, à 6 mois, 72 à 86 % de bons résultats sur la sympto-
matologie clinique et la rhinomanométrie, et 90 % de bons résul-
tats si l’on ne tient compte que des résultats fonctionnels chez des
patients n’ayant pas de rhinite allergique. Dans son expérience,
l’ajout d’une turbinectomie partielle n’améliore pas les résultats.
La cautérisation est une méthode plus que centenaire de trai-
tement des obstructions nasales (J.M. Klossek, Poitiers). La cauté-
risation à l’électrode de Bourdial provoque souvent des croûtes,
et ses résultats sont difficiles à apprécier car, bien que largement
utilisée, cette méthode n’a pas donné lieu à des publications de
suivi longitudinal des patients. Le risque de la méthode est la
nécrose du cornet inférieur et la survenue de séquestres osseux.
J.M. Klossek a publié récemment les résultats de la cautérisation
bipolaire sous endoscope chez 87 patients. Avec 5 ans de recul,
73 % d’entre eux sont satisfaits et 79 % seraient d’accord pour
recommencer. Les patients signalent que les quinze premiers jours
postopératoires sont difficiles.
La résection sous-muqueuse du cornet inférieur est elle aussi
une méthode très ancienne, qui a été décrite à la fin du XIXesiècle.
Mori a publié, en 2002, les résultats d’une étude portant sur 45 pa-
tients souffrant de rhinite allergique rebelle, et note 80 % de succès
à 5 ans sur un questionnaire de qualité de vie. Percodani a publié en
1996 les résultats d’une étude portant sur une série pédiatrique de
résection partielle du cornet inférieur, où elle note 90 % de succès. Le
problème de la turbinectomie est le risque d’hémorragie secondaire,
parfois mortelle, qui, selon les séries, varie de 0,5 à 10 %.
Entre toutes ces techniques, il est bien difficile de choisir. Il y a
pour le moment peu d’études comparatives. Signalons cependant
celle de Passali, publiée en 1999. Sur 382 patients, il a pu observer
que l’ordre d’efficacité croissant était le suivant : la cautérisation,
la cryothérapie, la résection sous-muqueuse et la turbinectomie.
OTOLOGIE
Les résultats de la chirurgie d’otospongiose dans le cas d’une
otospongiose oblitérante et dans celui de l’otospongiose chez le
sujet âgé (plus de 65 ans selon la définition de l’OMS) ont été pré-
sentés par l’équipe de la Fondation Rothschild (B. Aziz, Paris).
Dans le premier cas, le fraisage doux et prolongé de la platine est
la principale difficulté de cette chirurgie, mais sans augmentation
de l’incidence des labyrinthisations. Le gain auditif est voisin de
celui de toute otospongiose, avec cependant un moins bon Rinne
résiduel. Un Rinne résiduel inférieur à 20 dB a été obtenu dans
95 % de cas. Par ailleurs, il n’y a pas de différence quant aux
résultats entre platinectomie et platinotomie. Il n’y a pas de signes
préopératoires pathognomoniques de l’otospongiose oblitérante,
notamment sur le scanner. Chez le sujet âgé, le traitement chirur-
gical de l’otospongiose est utile pour corriger une surdité de trans-
missioninvalidante ou pour faciliter l’adaptation audioprothétique.
La fermeture du Rinne (< 20 dB) a été obtenue dans tous les cas ;
les Rinne résiduels inférieurs à 10 dB sont un peu moins fréquents
que chez les sujets jeunes (68 % versus 96 %).
L’équipe de Clamart (M. Kossowski) a tenté de définir, à
travers une étude faite sur le personnel navigant, un profil de
l’évolution naturelle de la maladie otospongieuse. Sur 24 patients
suivis (29 oreilles), on a constaté les points suivants : survenue
retardée chez l’homme (33,2 ans, contre 28,8 ans chez la femme),
délai de bilatéralisation de 9 ans en moyenne, évolution sur le
2000 Hz plus précoce et plus rapide chez la femme. L’auteur
préconise un suivi audiométrique semestriel.
L’apport du laser diode dans la stapédotomie pour ankylose
stapédovestibulaire a été exposé par l’équipe de Beaujon
(Y. Nguyen). Son inconvénient est le coût important des fibres.
L’auteur rapporte les résultats audiométriques postopératoires
liés à cette technique et conclut à sa fiabilité. Cet outil présente
un plus en cas d’otospongiose oblitérante en rendant l’interven-
tion moins risquée.
L’équipe de la Fondation Rothschild (D. Ayache) a travaillé
sur l’apport de l’IRM des rochers dans la surveillance des cho-
lestéatomes opérés par technique fermée. La décision de révision
chirurgicale repose pour certains sur le compte-rendu opératoire
du premier temps ; pour d’autres, elle est systématique. L’inté-
rêt de l’imagerie (TDM mais aussi IRM) est de sélectionner les
révisions chirurgicales. La TDM des rochers n’est pas contribu-
tive quand elle montre une opacité diffuse, qui peut être du tissu
cicatriciel, un épanchement ou un cholestéatome résiduel. L’auteur
présente deux protocoles d’IRM qui augmentent la fiabilité de l’exa-
men dans cette indication : IRM avec injection de gadolinium
avec séquences retardées, et IRM de diffusion. Le principe est que
le tissu cicatriciel est faiblement vascularisé (prise de contraste
retardée mais constante) alors que le cholestéatome est avasculaire.
L’équipe de Clermont-Ferrand (A.C. Soubeyrand) a terminé la
séance en montrant de superbes images de reconstruction en trois
dimensions de l’oreille moyenne. L’intérêt de cette technique a
été, à travers la corrélation radiochirurgicale, de visualiser avant
l’intervention chirurgicale l’aspect de la chaîne ossiculaire et du
mésotympanum. Son utilisation est limitée aux cas d’otite chro-
nique et à l’analyse des structures fines.
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