sodiques (Mont-Dore, La Bourboule) et des eaux sulfurées sodiques
(Cauterets, Luchon, etc.) ou calciques neutres (Enghien-les-Bains,
Allevard, etc.). Au niveau des fosses nasales, les pratiques thermales
sont très variées : lavage de nez, irrigations nasales (avec 2 l d’eau
thermale), inhalations, humage, nébulisations, douches rétronasales
à la canule de Moure. S’y ajoutent, pour la pathologie sinusienne,
la méthode de Proetz et les aérosols soniques.
L’eau thermale, par ses propriétés biologiques propres, a une action
antihistaminique et immunostimulante, mais elle diminue aussi la
stimulation inflammatoire chronique. Les pratiques thermales sti-
mulentla circulation locale endonasale. Le soufre et l’arsenic con-
tenus dans certaines eaux thermales ont une action antiseptique.
Chez l’enfant, une cure thermale peut être l’occasion de faire
l’apprentissage du mouchage.
La recherche clinique en crénothérapie commence à se développer.
Le problème est le manque de moyens financiers. L’action de la
crénothérapie sur la polypose nasale a été observée dès la fin des
années 1970 (Debibour). L’étude de C. Laroche et al., en 1987,
a montré, sur une cohorte de 3 000 personnes traitées par créno-
thérapie et suivies pendant 3 ans, une réduction des dépenses de
médicaments dans les deux ans qui suivaient la cure (Bulletin de
l’Académie nationale de médecine). D’autres études sont en cours.
●V. Darrouzet (Bordeaux) s’est chargé des indications otolo-
giques de la crénothérapie.
La dysfonction tubaire fait le lit des otites moyennes aiguës répé-
tées, des otites séreuses et des poches de rétraction. Malgré les pro-
grès sociaux, ces pathologies n’ont pas diminué et coûtent très cher
au système de santé (“il y a moins d’enfants sots et plus d’enfants
sourds”). Il n’existe pas de traitement médical validé de l’otite séreuse.
Des études expérimentales ont montré que, chez l’animal, l’insuffla-
tion tubaire est efficace, à condition de la répéter. Chez l’enfant qui
souffre d’un dysfonctionnement tubaire chronique, on peut propo-
ser l’insufflation tubaire à la sonde d’Itard, la politzérisation, les aéro-
sols manosoniques et le traitement des rhinosinusites associées
par inhalations et technique de Proetz. Ces techniques ont une action
non spécifique de rééducation de la trompe et une action spécifique
par transport sur le site du médicament thermal. S’y ajoutent par
ailleurs l’effet bénéfique de la cure climatique et l’apprentissage de
l’hygiène tubaire (reniflement, auto-insufflation, mouchage, etc.).
●C. Dubreuil(Lyon) a ensuite annoncé la réalisation d’une vaste
étude clinique contrôlée randomisée sur l’efficacité de la créno-
thérapie dans les rhinosinusites chroniques de l’adulte. Le proto-
cole prévoit deux groupes de patients : des patients suivis pendant
9mois après une cure effectuée en 2004 à Allevard-les-Bains (eau
sulfurée calcique), et des patients suivis pendant 9 mois avant leur
cure, prévue pour cette année. Six évaluations par patient sont
prévues. Les principaux critères d’évaluation sont les signes de
rhinosinusite, l’obstruction nasale, les douleurs. Les critères secon-
daires sont l’odorat, la toux, les signes otologiques ou laryngés.
Y est adjointe une étude de qualité de vie et de coût économique
direct. Les résultats devraient être publiés fin 2005.
●T. de Baillencourt (Gréoux-les-Bains) a présenté une étude in
vitro des effets de l’eau thermale sur l’épithélium respiratoire
humain. La prolifération cellulaire s’est avérée meilleure sur le
milieu témoin que sur les cultures baignées de sérum physiologique
et sur celles baignées dans l’eau thermale de Gréoux-les-Bains (ren-
due isotonique par adjonction de sel). La mesure de la synthèse de
la cytokératine 19 intra- et extracellulaire n’a pas montré de diffé-
rence à J10, mais, au bout de 21 jours, elle était significativement plus
importante dans les cultures sur eau thermale que dans les cultures
sur milieu témoin. Peut-être est-ce là le mécanisme de résistance
que procure l’eau thermale aux effets induits de l’inflammation.
●P. Queneau (Saint-Étienne) a conclu en encourageant les ORL à
faire des études pour confirmer l’effet bénéfique des cures thermales.
MOYENS ACTUELS DE SURVEILLANCE
APRÈS TRAITEMENT D’UN CANCER ORL
(table ronde animée par le Pr B. Barry, hôpital Bichat, Paris)
●M. Zanaret (Marseille) distingue trois périodes dans le suivi
post-traitement d’un cancer des voies aérodigestives supé-
rieures (VADS) :
–du 1er au 6emois, il faut apprécier le contrôle post-thérapeutique
et détecter une éventuelle poursuite évolutive, à distinguer d’une
récidive ;
–du 6eau 24emois, il faut rechercher une éventuelle récidive
précoce locale, régionale ou à distance ;
–au-delà de la deuxième année, il faut rechercher une éventuelle
deuxième localisation, plus particulièrement au niveau de la tête
et du cou, de l’œsophage, du poumon et du foie, mais aussi une
récidive tardive locale, régionale ou à distance.
Il n’y a pas de consensus sur le rythme et les modalités de sur-
veillance. Certains facteurs influencent le rythme de surveillance :
le stade TNM de la lésion initiale et sa topographie. Il y a surtout
des éléments défavorables qui doivent inciter à renforcer le suivi :
des limites de résection insuffisantes, les adénopathies en rupture
capsulaire, le terrain alcoolotabagique, l’altération de l’état géné-
ral et l’interruption du traitement.
●D. Chevalier (Lille) a parlé des éléments cliniques d’alerte. Le
traitement initial doit être si possible curatif, avec un résultat fonc-
tionnel optimal, mais tout cela se passe dans un environnement per-
sonnel et social que le praticien ne maîtrise pas. Les comorbidi-
tés (états hépatique, cardiovasculaire, pulmonaire, nutritionnel, etc.)
peuvent être préoccupantes en elles-mêmes. Cependant, le rôle de
l’ORL sera surtout de dépister une poursuite ou une reprise de la mala-
die cancéreuse locale, régionale ou à distance. Il faut tout particuliè-
rement se méfier en cas de fausse route, de dyspnée, de dysphagie ou
d’otalgie, surtout si les marges de résection étaient envahies ou si le
patient avait déjà subi une radiothérapie. L’incidence d’une deuxième
localisation, dans la série publiée par O. Laccourreye en 2002, était
de 1 à 3 % par an, ce risque étant linéaire et persistant au-delà de
la dixième année. Le risque est majoré en cas de poursuite de l’intoxi-
cation tabagique. Ces deuxièmes cancers ne sont pas toujours dépis-
tés à l’occasion des consultations programmées de suivi, mais ils sont,
dans près de deux tiers des cas, découverts lors d’une consultation
initiée par le patient, d’où l’intérêt d’informer ces derniers des signes
qui doivent les amener à consulter rapidement. La cavité buccale peut
ACTUALITÉ
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La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no296 - janvier-février 2005