ABSTRACTS
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La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no288 - décembre 2003
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La complication locale la plus fréquente des otites
moyennes aiguës (OMA) est la mastoïdite aiguë. Elle est
très rare. Les auteurs en présentent 17 cas, colligés sur une période
de 7 ans. Compte tenu du bassin de population drainé par ce ser-
vice, l’incidence annuelle des mastoïdites aiguës de l’enfant est
estimée à 1,2/100 000. L’incidence est restée à peu près stable
au cours de la période étudiée. En revanche, les germes respon-
sables sont de plus en plus souvent des pneumocoques de sensi-
bilité diminuée à la pénicilline (2 cas de mastoïdite sur 8 avant
1997, 6 cas sur 9 après). La fièvre est un signe clinique incons-
tant, présent dans seulement 60 % des cas. Dans 10 cas sur 17,
l’enfant était déjà sous antibiotiques. Cependant, la mastoïdite
aiguë a été inaugurale (sans diagnostic préalable d’OMA) dans
un quart des cas. La mastoïdite était compliquée d’une paralysie
faciale périphérique dans 1 cas et d’une thrombophlébite du sinus
latéral dans 2 cas. Pratiquement tous les enfants ont eu un scan-
ner. Cet examen permet de confirmer le diagnostic d’abcès sous-
périosté, de dépister les éventuelles complications endocrâ-
niennes (2 thromboses du sinus latéral dans cette série de 17 mas-
toïdites aiguës) et de préciser les repères anatomiques utiles à la
mastoïdectomie. Tous les enfants ont reçu une antibiothérapie
parentérale. Celle-ci a été suffisante dans 3 cas ; les 14 autres
enfants ont été opérés.
M. François
Mastoïdite aiguë de l’enfant
Acute mastoiditis. Morinière S, Lanotte P, Celebi Z, Ployet MJ, Robier A, Lescanne A •Presse Med 2003 ; 32 : 1445-9.
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La localisation laryngée des corps étrangers (CE) est rare
chez l’enfant (2 à 9 % de tous les CE inhalés). Le dia-
gnostic, qui est aisé la plupart du temps (dyspnée inspiratoire
aiguë), peut être retardé et la symptomatologie peut évoquer plu-
tôt une pathologie infectieuse.
Neuf enfants, âgés de 5 mois à 3 ans, ont été inclus dans une étude
rétrospective menée de 1989 à 2002 à Melbourne. Un diagnos-
tic de CE laryngé a été porté par une endoscopie menée sous anes-
thésie générale dans tous les cas, mais dans un délai variable (de
moins de 24 heures à 2 mois). L’auteur distingue donc deux
groupes : le groupe précoce, dont les 4 enfants ont bénéficié d’une
laryngoscopie dans les 24 heures suivant un syndrome de péné-
tration, et le groupe tardif, dans lequel le diagnostic a erré entre
laryngite aiguë, asthme ou bronchiolite. La symptomatologie était
variée et on retrouvait dans les deux groupes une hypersaliva-
tion, un stridor, une toux persistante. Le CE (arête de poisson,
objet métallique ou plastique) était piégé entre les cordes vocales
dans 8 cas (dont 5 du groupe tardif) et dans un repli aryépiglot-
tique dans 1 cas. L’auteur rappelle que le diagnostic peut être dif-
ficile chez le petit enfant, notamment en l’absence de témoins de
la scène, et que le diagnostic différentiel peut se poser avec la
laryngite aiguë, surtout lorsque le CE est de petite taille et génère
davantage une infection qu’une obstruction des VAS.
W. El Bakkouri
Mise au point sur la prise en charge des corps étrangers laryngés chez l’enfant
Laryngeal foreign bodies in children revisited. Berkowitz R, Lim WK •Ann Otol Laryngol 2003 ; 112 : 866-8.
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Le bâillement comporte une inspiration très profonde,
bouche grande ouverte, suivie d’un bref arrêt respira-
toire, puis d’une expiration passive avec relâchement muscu-
laire et fermeture de la bouche. Le bâillement peut être assi-
milé à un réflexe, car sa survenue est involontaire : une fois
enclenché, il peut être modulé, mais jamais enrayé.
Tous les vertébrés bâillent. L’homme bâille le plus souvent le
matin au réveil, lorsque sa vigilance baisse ou qu’il s’ennuie,
plus rarement lorsqu’il a faim. Ce qui est particulier à l’homme
et ne se retrouve pas chez les autres vertébrés, c’est la conta-
giosité du bâillement. Cela serait dû à l’activation de struc-
tures spécifiques des aires corticales appelées neurones miroir.
La contagion se produit lorsque l’on voit quelqu’un bâiller,
même si c’est dans un film. En revanche, un dessin animé
ne produit pas cet effet. Certaines personnes sont si sensibles
à la contagion qu’elles bâillent en lisant un récit qui en
parle (essayez avec l’article princeps !) ou simplement en y
pensant !
Sur le plan pathologique, le bâillement est la première cause de
luxation de la mâchoire. Un bâillement peut annoncer une crise
migraineuse. Les antidépresseurs augmentent les bâillements. La
maladie de Parkinson fait pratiquement disparaître les bâille-
ments, qui réapparaissent sous traitement. Des bâillements anor-
malement fréquents doivent faire rechercher une pathologie céré-
brale tumorale, ischémique ou épileptique.
M. François
Le bâillement : un comportement universel
Yawning. Walusinski O •Pour la Science 2003 ; 312 : 67-71.