Nouvelles recommandations, sur l`insuffisance cardiaque aiguë

Santé-MAG
N°44 - Octobre 2015
ACTUALITÉ
2
Mieux utiliser les médicaments ac-
tuels et traiter le plus tôt possible:
Alexandre Mebazaa, premier auteur
des nouvelles recommandations eu-
ropéennes sur l’IC aigüe, résume les
points essentiels..
Je suis Alexandre Mebazaa, je
travaille à l’Hôpital Lariboi-
sière, à Paris. Je m’intéresse à
l’insusance cardiaque aiguë
et avec le Professeur Alain Cohen-
Solal (chef de service de la cardio-
logie, à l’Hôpital Lariboisière), nous
menons un groupe de recherche, sur
l’insusance cardiaque aiguë et une
unité INSERM, sur les biomarqueurs.
Grâce à nos bases de données, qui
sont, aujourd’hui, des bases de don-
nées mondiales, nous nous sommes
rendus compte que, dans les domaines
de la cardiologie et de la réanimation,
l’insusance cardiaque aiguë restait
une des maladies avec le taux de mor-
talité le plus important. Et surtout – ce
qui est assez unique, en médecine – c’est
une pathologie pour laquelle, lorsque le
malade est «sauvé» et quitte l’hôpital,
le taux de ré-hospitalisation est très
fort. En eet, 20 à 30% des patients
sont ré-hospitalisés dans le mois, ou
les deux mois qui suivent l’admission,
pour insusance cardiaque aiguë. Donc,
c’est une pathologie à forte mortalité
et avec un taux de ré-hospitalisation
très important.
QUE DISENT LES NOUVELLES RECOM-
MANDATIONS ?
Côté prise en charge, les médicaments
sont, à peu près, les mêmes depuis 20
à 30 ans: ventilation non-invasive, diu-
rétiques et vasodilatateurs. Dans des re-
commandations, dont je suis le premier
auteur et que nous venons de publier
dans l’European Journal of Heart Failure
[1] et le European Heart Journal [2], nous
avons, avec des experts en cardiologie,
en réanimation et aussi, des urgen-
tistes, proposé d’utiliser de façon plus
optimale les médicaments disponibles
aujourd’hui; c’est-à-dire, les diurétiques,
les vasodilatateurs et les inotropes.
Les diurétiques: nous proposons, tout
d’abord, de voir, quand le malade arrive,
s’il est congestif ou pas, et d’adapter
la dose de diurétiques, sachant qu’elle
peut être augmentée. Nous avons spé-
cifié que si, dans les rares cas où on n’a
pas un débit urinaire susant, même en
augmentant la dose, il faut, alors, com-
biner avec un diurétique d’une autre
classe médicamenteuse.
Les vasodilatateurs, les dérivés nitrés:
Nous avons beaucoup insisté sur le fait
que, dans le monde entier; mais, égale-
ment, en France, les vasodilatateurs ne
sont pas assez utilisés. 20 à 25% des
malades admis en urgence, pour insu-
sance cardiaque aiguë, reçoivent des va-
sodilatateurs, des dérivés nitrés. On peut
augmenter ce pourcentage. L’indication
principale s’applique aux malades qui
arrivent avec une insusance cardiaque
aiguë et pression artérielle au-dessus de
110 mm Hg. Tous ces malades doivent
bénéficier de l’utilisation des dérivés
nitrés.
Les inotropes: depuis plusieurs an-
nées, les eets néfastes des catéchola-
mines, principalement de l’adrénaline,
la dobutamine et la noradrénaline, ont
été publiés. Celles-ci ne sont indiquées
que dans le cas où vous avez des signes
cliniques, ou des signes écho-cardio-
graphiques, patents, de baisse du débit
cardiaque. S’il n’y a pas de signe clair
clinique, ou écho-cardiographique, de
baisse du débit cardiaque, elles ne sont
pas indiquées; elles augmentent plus
la mortalité qu’autre chose. Donc, dans
ces recommandations et dans la session
que j’ai modérée au congrès de l’Euro-
pean Society of Cardiology 2015, j’ai
bien insisté sur le fait qu’il faut utiliser
beaucoup mieux les médicaments qu’on
a aujourd’hui.
LES THÉRAPIES DU FUTUR
Probablement, on verra un grand
tournant, dans l’année 2016, sur
le traitement de l’insusance car-
diaque aiguë; car, sortiront deux très
grandes études, RELAX-2 et TRUE-
AHF, la première testant l’eet du
serelaxin, la deuxième testant l’ula-
ritide. Donc, ces deux médicaments,
dont les études préliminaires sont
assez positives, passent, maintenant,
le test de la phase 3 et des études in-
ternationales. Les résultats devraient
sortir vers la fin de l’année 2016 et si
l’une ou l’autre, ou les deux, sont po-
sitives, ce sera un vrai tournant, pour
la prise en charge de l’insusance
cardiaque aiguë.
TRAITER LE PLUS TÔT POSSIBLE
Néanmoins, ce qu’on apprend avec ces
études et le point sur lequel on a, énor-
mément, insisté dans les recommanda-
tions, c’est que le traitement que vous
devez instaurer, dans l’insusance car-
diaque aiguë, doit être fait le plus tôt
possible. On a développé la théorie que
«time is money», ou «time is muscle»,
dans l’insusance cardiaque aiguë;
exactement, comme dans la maladie
coronaire. Un des articles montre, clai-
rement, que le même traitement, s’il
est donné dès l’admission, peut sauver
des malades, qui sont en insusance
cardiaque aiguë. Donc, dans les recom-
mandations, il est dit, clairement, qu’il
faut démarrer le traitement du malade,
idéalement, avec des dérivés nitrés si la
pression artérielle est au-dessus de 110
mm Hg dans les 30 minutes, ou l’heure
qui suivent l’admission; en même temps
qu’une évaluation clinique et des exa-
mens biologiques (tournant, évidem-
ment, autour des dérivés natriurétiques;
c’est-à-dire, du BNP ou du NT-proBNP).
Il faut, également, vérifier, quand le
malade arrive, s’il y a des dysfonctions
d’organes, des congestions d’organes
Voici donc les nouveautés 2015-2016:
1. Mieux utiliser les médicaments qu’on
a aujourd’hui,
2. traiter le plus vite possible et en espé-
rant avoir des résultats positifs, avec les
deux grandes études cliniques, en 2016.
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