RESSUSCITER JÉSUS ET INCARNER L’ESPRIT D’UN MYSTIQUE RÉVOLUTIONNAIRE ADYASHANTI Je me demande souvent comment ce serait si Jésus était vivant aujourd’hui ! Imaginez Jésus – qui n’était pas chrétien après tout, mais juif – entrer dans une église actuelle, monter en chaire et donner un sermon. Pouvez-vous imaginer à quel point cela représenterait un défi pour la congrégation ? Pouvez-vous imaginer à quel point ce sermon se distinguerait remarquablement par rapport à ce que beaucoup d’entre nous ont reçu à l’église ? Dans les Evangiles, Jésus défie à maintes reprises les autorités religieuses du jour, mais en fin de compte, ce qu’il dit concerne toutes les formes de religion. Peu importe qu’il soit né juif, chrétien, bouddhiste ou hindou, car il parle de la structure de la religion elle-même – de sa hiérarchie et de sa tendance à être corrompue par les désirs humains de pouvoir, d’influence et d’argent. Je pense que Jésus comprenait profondément que la religion ellemême, à la place de nous relier au rayonnement de l’être, à la place de nous relier à ce mystère spirituel, pouvait facilement devenir un obstacle à la divinité. Dès que nous devenons trop préoccupés par les rites et par les rituels, par les règles et par les règlements de la religion conventionnelle, nous commençons à perdre de vue la tâche fondamentale de la religion qui est de nous orienter vers le mystère de l’être et de nous éveiller à ce que nous sommes réellement. Bien entendu, ces formes extérieures ont une certaine utilité. La fonction sociale de la religion est d’exercer une influence modératrice par rapport aux pulsions et aux désirs égoïstes et ce rôle moral et éthique a été très important tout au long de l’histoire. Quand les gens interagissent dans le monde de l’espace-temps avec un sentiment sain d’éthique et de morale, c’est une chose très positive et la religion exerce une fonction importante, lorsqu’elle aide à contrôler les pulsions plus profondes et plus obscures de l’ego. Mais la fonction principale de la religion n’est pas de transmettre des codes éthiques et moraux et ne concerne ni la politique, ni le pouvoir, ni la hiérarchie. La fonction principale de la religion est d’éveiller en nous l’expérience du sublime et de nous relier au mystère de l’existence. Dès que la religion oublie ses racines dans l’éternel, elle échoue dans sa tâche principale. Jésus critiquait tellement la religion de son époque, car il voyait que non seulement elle ne reliait pas les gens au mystère, mais qu’elle participait en fait activement à voiler le mystère de l’existence, à obscurcir le Royaume des Cieux. Et donc, il critiquait de l’intérieur ; il ne rejetait pas nécessairement la religion dans laquelle il a été élevé, mais il s’est senti appelé à la remettre en question, à la transformer. La clairvoyance de Jésus par rapport au potentiel d’influence corruptrice du pouvoir au sein de toutes les institutions – que celles-ci soient politiques, économiques ou religieuses – a encore lieu d’être aujourd’hui. Si Jésus existait ici et maintenant en tant qu’’être humain, ce qu’il aurait à dire concernant ces matières serait aussi choquant maintenant qu’il y a deux mille ans. Au fil des ans, j’ai parlé à beaucoup de gens qui se sont détournés du christianisme, parce qu’il semble si souvent ne se focaliser que sur les questions morales et éthiques et comment vivre leur vie, mais sans se relier avec eux d’une manière réellement profonde. Bien entendu, il y a des églises aujourd’hui qui sont inspirées par une réelle présence vivante du Christ, mais globalement, le christianisme a besoin qu’une vie nouvelle lui soit insufflée. Il a besoin d’être remis en question pour se sortir des vieilles structures qui étouffent l’Esprit afin que l’esprit d’éveil éternel puisse à nouveau fleurir. Cela pourrait générer un sentiment d’insécurité, mais la Présence vivante du Christ est quelque chose qu’aucune structure ne peut contenir. L’Esprit que Jésus incarne n’est pas un Esprit ‘’raisonnable’’ : vous n’avez aucune garantie quant à la manière dont tout va se passer dans votre vie. Jésus n’a donné qu’une seule garantie : si vous pouvez recevoir, vous éveiller à et incarner ce dont il parle, alors votre vie ne sera plus jamais la même. Alors, vous réaliserez que vous vivez déjà dans le Royaume des Cieux.1 L’histoire de Jésus nous propose beaucoup d’images différentes sur la manière dont la réalisation spirituelle peut s’incarner dans le monde de l’espace-temps. Il est important que nous réalisions que non seulement nous devons avoir le courage de reconnaitre la divinité en nous-mêmes, mais également de l’incarner et de la manifester dans la façon dont nous vivons. Jésus, en tant que Présence vivante, n’est ni docile, ni mou. Jésus était un révolutionnaire, mais pas un révolutionnaire par amour de la rébellion. Il voulait démolir les frontières entre les gens, entre le ciel et la terre, entre l’humain et le divin. On peut considérer les événements de l’histoire de Jésus comme une métaphore vivante pour ce qui est nécessaire dans notre être propre. Les frontières réelles qu’il s’agit de démolir, ce sont les frontières qui sont érigées dans nos propres esprits et dans nos propres cœurs. Ainsi, toute l’histoire de Jésus est en fin de compte la carte d’un voyage qui s’effectue en nous. C’est une invitation à manifester le rayonnement qui se révèle, lorsque nous avons le courage de dépasser tout ce qui nous sépare. 1 Il fait sans doute allusion à ces versets de la Bible : Lc 9.27, Mc 9.1 ou encore Lc 17.20-21 et Rm 14.17, NDT. (Extrait et adapté du livre d’Adyashanti, Resurrecting Jesus : Embodying the Spirit of a Revolutionary Mystic) Référence : www.huffingtonpost.com (19/04/2014)