Jn 17,1-11
Ce passage méditatif de la prière de Jésus est introduit par « ayant levé les yeux au ciel » (1), ep-airô
tous ophtalmous, expression que l’on retrouve sept fois dans les évangiles (1 en Mt, 3 en Lc) dont trois
chez Jean : quand Jésus invite les disciples à voir les champs à moissonner (4,35), quand il voit la
foule à nourrir (6,5) et quand l’heure est venue (ici : 17,1) ; en outre, quand Jésus prie au tombeau de
Lazare, il y a airô tous ophtalmous (11,41). Tout comme avec le verbe ana-blépô, on peut comprendre
non seulement le sens physique d’un regard, mais aussi le sens symbolique de ‘voir les choses à un
autre niveau’. (Nous dirions sans doute actuellement : ‘prenant de la hauteur’ ou bien ‘allant en
profondeur’.)
La « gloire » annoncée dès le prologue (1,14), reconnue par les disciples à Cana (2,11) est associée à
l’heure comme en 12,23, sachant que, selon 15,8, elle se manifeste dans le fruit qui est produit.
Le « don » traverse tout ce chapitre 17 : 13 fois un don du Père, 4 fois un don du Fils (la vie, la parole,
la gloire). Au v.2, ce qu’a donné le Père, c’est littéralement l’autorité, l’ex-ousia, ‘ce qui fait grandir’,
et qui devient donc ‘vie’ pour tous.
La vrai vie est, dit Jésus, de « connaitre » Dieu (3.7.8, 23.25.25), après avoir « saisi » (ou ‘reçu’) ses
paroles-évènements (8), ce qui conduit à la confiance, la foi (pisteuô, 8,20.21).
Comme en bien d’autres passages, on retrouve la famille du mot « télos » (fin) (et en-tolè) au v.4 :
« en accomplissant l’œuvre », en menant au terme (téleioô).
La « manifestation » (phanéroô et ses dérivés) est le plus souvent chez Jn celle de Jésus lui-même
(1,31 ; 2,11 ; 7,4.10 ; 14,21.22 ; 21,1.1.14), une fois des ‘œuvres de Dieu’ (en l’aveugle-né, 9,3), ici du
‘nom’ du Père manifesté par Jésus (6), c’est-à-dire de sa vie, de sa nature.
« Garder la parole » (6) : plusieurs fois chez Jn (8,51.52.55 ; 14,23.24 ; 15,20 ; 17,6), mais aussi
‘garder ma règle de vie’ (14,15.21 ; 15,10).
La ‘parole’ est chaque fois exprimée par ‘logos’, excepté quand il s’agit des paroles données, saisies,
qui mènent à connaitre et croire : là, c’est le terme rhèmata (8), celui qui désigne des paroles-
évènements (qui réalisent des œuvres).
La prière de Jésus est exprimée péri autôn, ‘pour eux’ : on pourrait dire ‘autour d’eux’, comme pour
souligner l’attention dont ils sont entourés (9).
Jésus prie son Père, disant ‘Je suis sorti d’auprès de toi’ et annonçant ‘Je viens vers toi’. Une sorte de
symétrie se retrouve dans les verbes : ex-erchomai para sou (8) et pros se erchomai (11).
Christian, le 15/05/2017