Alg`ebre 03 – Sous-groupes discrets de Rn. Réseaux.

Alg`ebre 03 Sous-groupes discrets de Rn. R´eseaux.
1. R´
eseaux et sous-r´
eseaux
efinition. Une partie Γ de Rnest dite discr`ete si la
topologie induite par Rnsur Γ est la topologie discr`ete.
Proposition. Une partie ferm´ee Γde Rnest discr`ete
si et seulement si ΓKest fini pour tout compact K
de Rn.
Notons qu’un sous-groupe discret de Rnest ferm´e.
Proposition. Si Γest un sous-groupe discret de Rn
alors il existe 1pnet e1, . . . , epdans Rn
lin´eairement ind´ependants sur Rtels que Γ = Ze1
··· ⊕ Zep.
efinition. On dit que Γ est un sous-r´eseau de Rns’il
existe 1 pnet e1, . . . , eplin´eairement ind´ependants
sur Rtels que Γ = Ze1⊕ ··· ⊕ Zep. On dit alors que
(e1, . . . , ep) est une Z-base de Γ.
Proposition. Toutes les Z-bases d’un sous-r´eseau ont
le mˆeme cardinal ; on l’appelle le rang du sous-r´eseau.
Proposition. Soit Eune Z-base d’un sous-r´eseau Γde
rang ret Vune base de Vect(Γ), on note PGLr(R)
la matrice de passage de E`a V. Alors Vest une Z-base
de Γsi et seulement si PGLr(Z).
efinition. Un sous-r´eseau de Rnde rang nest appel´e
un r´eseau de Rn.
Exemple. Z+2Zest une partie de Rqui n’est pas
un r´eseau de R.
Exemple. Z[i] = Z+iZest un r´eseau de R2(que l’on
identifie `a C).
Proposition. Si Γest un sous-groupe de Rnalors les
assertions suivantes sont ´equivalentes :
(i) Γ est un r´eseau de Rn
(ii) Γ est discret et Rn/Γest compact
(iii) Γ est discret et de rang n
(iv) Γ est discret et engendre Rn
Exemple. Z2est un r´eseau de R2donc R2/Z2est com-
pact.
Application. Soit θ1, . . . , θndes r´eels dont au moins un
est irrationnel et soit ε > 0. Alors il existe p1, . . . , pnZ
et q1 tels que θipi
qε
q.
Th´eor`eme de la base adapt´ee. Soit Γun r´eseau de
Rnet Λun sous-r´eseau de Γde rang mn. Alors il
existe e1, . . . , entels que Γ = Ze1···Zenet il existe
des entiers non nuls d1, . . . , dntels que djdivise dj+1
et v´erifiant
Λ = Zd1e1⊕ ··· ⊕ Zdmem.
Application. Si Gest un groupe ab´elien de type
fini alors il existe un entier r0 et des entiers
a1, . . . , am1 tels que ajdivise aj+1 est v´erifiant
G=ZrZ/a1Z⊕ ··· ⊕ Z/amZ.
Corollaire. Si Γest un sous-r´eseau de Rnet Λun sous-
r´eseau de Γalors Γ/Λest fini si et seulement si Γet Λ
ont mˆeme rang. Le cardinal de Γ/Λest alors d1···dm.
2. Domaine fondamental d’un r´
eseau
On consid`ere, dans Rnmuni de la mesure de Lebesgue
λ, un r´eseau Γ de Z-base (e1, . . . , en).
efinition. On dit qu’une partie mesurable Dde Rn
est un domaine fondamental pour Γ si, pour tout x
Rn, il existe un unique y∈ D tel que xyΓ.
Exemple. Le paralelogramme fondamental
{α1e1+··· +αnen; 0 αi<1}
est un domaine fondamental pour Γ ; il en est de mˆeme
de
{α1e1+··· +αnen;1αi<0}.
Cons´equence. Tout r´eseau a un domaine fondamental.
Proposition. Si Det D0sont deux domaines fonda-
mentaux pour Γalors λ(D) = λ(D0)et cette quantit´e ne
epend pas de la Z-base choisie.
efinition. La mesure d’un domaine fondamental s’ap-
pelle le volume de Γ, on le note v(Γ).
Exemple. Le volume du r´eseau Z2de R2est 1.
Proposition. Si ΛΓest un autre r´eseau alors |Γ/Λ|
est fini et on a v(Λ) = v(Γ) |Γ/Λ|.
Lemme de Minkowski. Soit Γun r´eseau de Rnet S
une partie mesurable de Rntelle que λ(S)> v(Γ). Alors
il existe x, y Sdistincs tels que xyΓ.
Corollaire. Soit Γun r´eseau de Rnet Sune partie me-
surable, convexe et sym´etrique par rapport `a 0de Rn. Si
l’une des conditions suivantes est erifi´ee
λ(S)>2nv(Γ)
λ(S)2nv(Γ) et Scompacte
alors SΓcontient un point autre que 0.
Contre-exemple. Si (e1, . . . , en) est une base de Γ et
S={λ1e1+··· +λnen;1< λi<1}alors SΓ
ne contient que 0 donc les in´egalit´es dans les conditions
sont optimales.
Application (th´eor`eme des deux carr´es).Un nombre
premier de la forme 4k+ 1 est somme de deux carr´es.
Application (th´eor`eme des quatre carr´es).Tout entier
naturel est somme de quatre carr´es.
3. R´
eseaux du plan
3.1. Fonctions elliptiques. Soit ω1et ω2deux
nombres complexes non nuls tels que ω1
ω2/Ret fune
fonction m´eromorphe sur Cadmettant ω1et ω2pour
p´eriode.
efinition. On dit que fest une fonction elliptique
pour le r´eseau Λ = Zω1Zω2.
Exemple. La fonction de Weierstrass d´efinie ci-
dessous est elliptique :
=1
z2+X
ωΛ−{0}1
(zω)21
ω2.
Proposition. Soit fest une fonction elliptique pour un
r´eseau Λde domaine fondamental D.
(i)Le nombre de z´eros de fdans Dest fini et ´egal
au nombre pde pˆoles de f.
(ii)Les valeurs de fsont atteintes exactement p
fois.
(iii)On note zαles pˆoles de fet mαleur multiplicit´e
alors PmαzαΛ.
(iv)Si fn’est pas constante alors p2.
3.2. Action du groupe modulaire sur le demi-
plan de Poincar´e. On identifie le plan R2`a C, on
note Ple demi-plan {zC; Im z > 0}et on consid`ere
le groupe modulaire P SL2(Z)'SL2(Z)/I2}.
Proposition. SL2(Z)est engendr´e par les matrices
S=01
1 0 et T=1 1
0 1 .
Proposition. L’action de P SL2(Z)sur Pefinie par
a b
c d ·z=az +b
cz +d
admet pour transversale le domaine D0efini par
soit 1
2Re z < 1
2et |z|>1,
soit 1
2Re z0et |z|= 1.
Proposition. `
AC-homoth´etie pr`es, les r´eseaux du
plan sont en bijection avec D0.
3.3. Anneaux d’entiers quadratiques.
efinition. Un corps quadratique est une sous-corps K
de Cde la forme K=Q(d) (o`u dZest sans fac-
teur carr´e) ; si d > 0, c’est un corps quadratique eel ; si
d < 0, c’est un corps quadratique imaginaire.
Exemple. Q(3) et Q(3) sont respectivement deux
corps quadratiques imaginaire et r´eel ; en revanche
Q(e2iπ/n) n’est pas un corps quadratique pour n3.
Un ´el´ement zd’un corps de nombre Kest dit entier s’il
existe un polynˆome PZ[X] unitaire tel que P(z) = 0.
Proposition. L’ensemble OKdes ´el´ements entiers
d’un corps quadratique K=Q(d)est un anneau et
(i)OK=Z[d]si d2,3 (mod 4)
(ii)OK=Z[1+d
2]si d1 (mod 4)
Exemple. L’anneau des entiers de Q(3) est
Z[1+3
2] et l’anneau des entiers de Q(3) est Z[3].
Corollaire. Soit OKl’anneau des entiers d’un corps
quadratique K=Q(d).
(i)Si d > 0alors OKest un sous-groupe dense de
R.
(ii)Si d < 0et d2,3 (mod 4) alors OKest un
r´eseau du plan de Z-base (1,d).
(iii)Si d < 0et d1 (mod 4) alors OKest un
r´eseau du plan de Z-base (1,1+d
2).
Proposition. Soit OKl’anneau des entiers d’un corps
quadratique r´eel K=Q(d).
(i)Le groupe des ´el´ements inversibles de OKadmet
un plus petit ´el´ement ωstrictement sup´erieur `a
1.
(ii)Ce groupe est ´egal `a ωn;nZ}.
Exemple. Les ´el´ements inversibles de Z[3] sont les
nombres de la forme ±(2 + 3)no`u nZ.
D´
eveloppements
Th´eor`eme de la base adapt´ee. [3]
Action de P SL2(Z)sur le demi-plan de Poincar´e.
R´
ef´
erences
[1] M. Alessandri, Th`emes de g´eom´etrie. Groupes en situation
eom´etrique, Dunod, 1999.
[2] A. Chambert-Loir et S. Fermigier, Exercices d’analyse 2, Du-
nod, 1999.
[3] R. Goblot, Alg`ebre commutative, Masson, 1996.
[4] P. Samuel, Th´eorie alg´ebrique des nombres, Hermann, 1997.
[5] P. Tauvel, Math´ematiques g´en´erales pour l’agr´egation, Mas-
son, 1997.
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