TOXOCAROSE OCULAIRE DU d’imagerie rétinienne et traitements maculaires 2002 Dr C. Lemaître-Labilloy Pitié-Salpétrière Paris Epidémiologie • Syndrome de larva migrans : impasse parasitaire chez l ’homme de larves de nématodes digestifs d’autres espèces. • Nématodes de la famille des Ascaridés Epidémiologie • La plus fréquente : Toxocara canis ou catis • Plus rarement : – Ascaris suum (porc) – Ascaris equorum (équidés) – Ascaris vitulorum (bovidés) • Cosmopolite Cycle • Hôtes habituels : chiens, chats, renards • Vers de 6 à 8 cm de long présents dans le tube digestif • Production d’œufs éliminés dans les selles (chiots +++) Cycle • Température idéale : 15 à 25°C, humidité • Embryonnation dans le milieu extérieur en 2 à 4 semaines pour devenir contaminants pendant plusieurs mois • Contamination de l’hôte naturel par ingestion Infestation humaine • Par ingestion d’œufs embryonnés • Circonstances : – Terre +++ : jardins publics en milieu urbain – Mains sales – Aliments non lavés, gibier peu cuit – Eau souillée Infestation humaine • Migration des larves dans la veine porte puis dans les veines pulmonaires et dissémination dans les tissus • Granulomes à éosinophiles autour de la larve et réaction inflammatoire antigénique • Enfants plus exposés car géophagie et contact avec jeunes chiens Clinique : polymorphisme • 4 formes cliniques : – Syndrome de larva migrans viscérale (LMV) – Syndrome de larva migrans oculaire ou neurologique – Toxocarose masquée (« covert ») : céphalées, douleurs abdominales, toux – Asymptomatique (migration larvaire) Signes cliniques • Généraux : – Asthénie – Syndrome infectieux inconstant • Digestifs : – Douleurs abdominales ++ parfois pseudochir – Nausées et vomissements plus rares • Hépatomégalie ± splénomégalie et Adp Signes cliniques • Pulmonaires : – Sd Löffler : toux, fébricules, infiltrats pulmonaires – Pseudo asthme – Crachats riches en éosinophiles, cristaux de Charcot-Leyden Signes cliniques • Neurologiques : – céphalées, syndrome méningé – crises convulsives • Cutanés de type allergique : – urticaire, rash – prurit, angioedème • Rôle probable de l’allergie (hypersensibilité de type III) Signes ophtalmologiques • 3 grands cadres : – Endophtalmie aigüe : « wipe out » syndrome – Granulome périphérique – Granulome postérieur Signes ophtalmologiques • Autres formes possibles : – DUSN : Diffuse unilatéral subacute rétinitis – granulome papillaire – rarement pars planite • Diagnostic différentiel avec rétinoblastome chez les enfants +++ Signes ophtalmologiques – Enfants le plus souvent mais adultes possibles – Atteinte unilatérale très souvent – Quelques cas bilatéraux décrits – Baisse d ’acuité visuelle souvent importante – Œil rouge – Inflammation de la chambre antérieure Fond d’oeil • Hyalite +++ (parfois NV si endophtalmie) • Granulome périphérique ou en pars plana : masse blanche surrélevée > 1 DP • Granulome du pôle postérieur : masse centrale, parfois nématodes visibles, scotome Toxocarose périphérique simple Toxocarose périphérique compliquée de tractions Toxocarose périphérique Toxocarose : granulome papillaire Fond d’oeil • Papillite : granulome du NO ou inflammation chronique • Migration de la larve : décollements séreux rétiniens ou cicatrices choroïdiennes • Tractions vitréennes entre papille et granulome • DR tractionnel ± rhegmatogène Imagerie • Echographie B : – Masse hyperéchogène : granulome +++ – Hyalite dense – Tractions vitréennes tendues du granulome au pôle postérieur – Décollement de rétine Imagerie • UBM : aspect pseudokystique ou granulome de la pars plana • Scanner ou IRM : recherche de calcifications (rétinoblastome ++) Diagnostic • Parasitologie des selles toujours négative • VS et CRP élevées si forme viscérale • Hyperéosinophilie sanguine variable • Elévation des IgE totales • Elévation des IgE spécifiques (immunoblot) Diagnostic sérologique • Test ELISA sérique dirigé contre les Ag larvaires TES (Toxocara Excrétants-Sécrétants de T. canis). ∃ faux négatifs ! • Western Blot, immunoélectrophorèse : laboratoires spécialisés • PCA : test ELISA et Western Blot dans l ’humeur aqueuse • Vitré : ELISA et WB Traitement • Antihelminthiques : systématiques si hyperéosinophilie et sérologie positive même faiblement : – ± actif sur larves mobiles – allergie ou réaction inflammatoire secondaire à relargage antigénique possibles – couverture CT systématique Traitement antiparasitaire • Albendazole : Zentel® 400mg : 2 cp/jour pendant 3 à 5 jours • Tiabendazole : Mintézol® 500mg : 3cp X2/j pendant 3 à 5 jours • Diéthylcarbamazine : Notézine Efficacité du Tt antihelminthique • Amélioration du syndrome clinique général mais pas d’efficacité sur les signes oculaires • Biologiquement : – Augmentation de l ’hyperéosinophilie dans les jours qui suivent le traitement antiparasitaire – Diminution des titres sérologiques et de l’hyperéosinophilie après 1 mois • Parfois fluctuations des titres sérologiques et des PNe. Traitement • • • • Corticothérapie : obligatoire, par voie générale dès le premier jour très efficace, à fortes doses : – bolus Solumédrol 500 mg pdt 3 jours – puis relais oral à 1 mg/kg/jour lentement dégressif . Traitement • Destruction de la larve : sous CT – Photocoagulation – Cryothérapie si périphérique : 60 à 90 sdes – Ablation chirurgicale seule possible si à l’intérieur des arcades temporales – Larve finit par mourir spontanément mais après avoir généré de graves dommages rétiniens Traitement chirurgical • à la phase aigüe : à discuter si larve située au pôle postérieur ; • des complications: – Vitrectomie – DPV et pelage de la hyaloïde postérieure +++ – Dissection des tractions vitréorétinennes – Rétinotomie et ablation de la larve si au pôle postérieur Prévention • Hygiène domestique • Amélioration des conditions socio-économiques (eau) • Lavage des légumes de potager Pronostic • Réservé surtout si : – Endophtalmie aigüe (lésions inflammatoires) – Granulome du pôle postérieur (scotome définitif) – Décollement de rétine (stade avancé) • Parfois excellent (découverte systématique) Prévention • Vermifugation des chiens adultes (2/an) et des chiots (tous les mois jusqu’à 6 mois) systématique (recontamination possible) • Respect des règles d’hygiène par propriétaires de chiens (jardins publics, bacs à sable, campings, plages et rives) et entretien des municipalités Conclusion • Signes cliniques oculaires évocateurs +/larva migrans viscérale + Hyperéosinophilie + • Contexte épidémiologique favorable (enfant, géophagie, chiots) = TOXOCAROSE