Libérale Tuberculose En France, une lente régression après la remontée d’incidence Après la remontée d’incidence enregistrée au début des années 90, on constate une certaine régression de la tuberculose en France. Cependant, la résistance élevée aux antituberculeux, entre autres, incite à ne pas baisser la garde. L a tuberculose est une maladie à déclaration obligatoire. Sa recrudescence, même si la courbe semble s’inverser, invite à la plus grande prudence, notamment de la part des soignants, qui peuvent eux-mêmes se trouver contaminés. En 2001, 6 028 cas ont été déclarés en France, soit une incidence de 10 pour 100 000 et 6 674 cas en 1999, soit une incidence de 11,1 cas pour 100 000 habitants*. Si ces chiffres indiquent une certaine régression, on compte tout de même environ 900 morts par an. Les régions sont inégalement touchées. La maladie culmine à Paris, avec 243 cas pour 100 000 habitants. La région Ile-de-France reste la plus touchée et l’incidence y est trois fois supérieure à la moyenne nationale. Ces taux s’expliquent en partie du fait d’une population plus importante de personnes démunies, comme les SDF ou des populations venant de pays à forte endémie. Diagnostic et traitement Il faut savoir que la tuberculose, lorsqu’elle n’est pas traitée précocement, est une maladie contagieuse. On estime qu’une personne atteinte d’une tuberculose active non traitée peut contaminer, chaque année, entre 10 et 15 personnes lorsqu’elle émet de grandes quantités de bacilles, lors de la toux ou des éternuements. Cependant, si la morbidité, voire la mortalité sont lourdes, la tuberculose est une maladie dont on guérit si l’on est soigné dès les premiers symptômes et que l’on poursuit le traitement jusqu’à complète guérison. Le traitement dure le plus souvent 6 mois. Il consiste classiquement en une phase intensive associant isoniazide + rifampicine + pyrazinamide et soit éthambutol, soit streptomycine. La phase suivante, dite de consolidation, dure 4 mois, associant isoniazide + rifampicine. Un traitement complètement supervisé est indispensable, au moins pendant la phase initiale et à chaque fois que la rifampicine est pres- 46 crite. Car le premier écueil est le manque d’observance thérapeutique et le manque de moyens et d’organisation, cruciaux dans les pays défavorisés. L’inquiétude porte aujourd’hui sur la tuberculose multirésistante appelée MDR (mulidrug resistant). Le phénomène d’extension observé dans la ville de New York, dans les années 80 et au début des années 90, se produit actuellement en Russie et dans d’autres pays de l’ancienne Union soviétique La tuberculose MDR, plus difficile et plus coûteuse à traiter, résulte d’une mauvaise politique de traitement des pouvoirs sanitaires et des difficultés de l’observance thérapeutique qui incombe au patient. Pauvreté et VIH La tuberculose est la complication infectieuse la plus commune et la cause de décès la plus fréquente des patients infectés par le VIH. Ces deux infections s’aggravent réciproquement. En effet, l’infection VIH est reconnue comme le facteur de risque le plus puissant d’un passage d’une infection tuberculeuse récente ou très ancienne à une tuberculose active. Et l’existence d’une activation immunitaire permanente, associée à des réponses immunitaires spécifiques dirigées contre des infections persistantes, provoque une réplication plus intense du VIH. Comment prévenir ? La vaccination par le BCG assure plus de 50 % de la protection contre la tuberculose pulmonaire, et plus de 80 % contre les formes graves, comme la tuberculose méningée. Des expériences suédoises pour la suppression du vaccin ont eu pour résultat la recrudescence de la maladie (multipliée par 8). Il est donc important de maintenir cette vaccination, et la recherche tend vers des vaccins améliorés : le vaccin ADN et le BCG amélioré. L.G. * Sources CNMR (Comité national contre la tuberculose). Professions Santé Infirmier Infirmière - No 39 - août-septembre 2002