Les tumeurs séreuses représentaient le contingent le plus
important de ces lésions. La répartition des différentes variétés
histologiques est comparable à celle généralement observée
dans la littérature. La comparaison entre le diagnostic de l’exa-
men extemporané et le diagnostic final est donnée dans le
tableau VI. Parmi les lésions classées initialement comme
bénignes, 2 sur 26 (7 %) correspondaient finalement à des
lésions frontières. L’une était une tumeur séreuse, une autre
une tumeur mucineuse. Aucune lésion frontière n’a été évo-
quée sur l’examen extemporané. Dans cinq cas, l’examen per-
opératoire apporte le diagnostic de cancer invasif, qui a tou-
jours été confirmé sur l’examen final. Aucune lésion
initialement jugée comme bénigne ou frontière ne correspon-
dait finalement à un cancer. Enfin, un ovaire a été classé
comme “incertain” lors de l’examen extemporané. Cet ovaire
était hypertrophique et présentait une végétation isolée de
1,2 cm à sa surface qui correspondait à une tumeur papillaire
séreuse de classification difficile en raison de petits territoires
de pluristratifications et de petites végétations présentant une
tendance à la desquamation. L’ovaire controlatéral présentait
un kyste séreux d’aspect bénin en extemporané. Le diagnostic
final était celui d’une lésion séreuse bénigne. Sur l’ensemble
de ces patientes, aucune métastase n’a été observée sur un ori-
fice de trocart, ni aucune dissémination péritonéale.
DISCUSSION
Dans cette série, l’examen extemporané a donc permis de clas-
ser correctement l’ensemble des lésions bénignes et surtout la
totalité des cancers. En revanche, la reconnaissance de deux
lésions frontières n’a pas été possible sur l’examen extempo-
rané, mais elle a été effectuée après par l’examen anatomopa-
thologique final. Ces résultats sont superposables à ceux de la
littérature (6-11). En effet, pour l’ensemble des auteurs, la dis-
tinction entre kyste bénin et cancer par l’examen extemporané
est fiable.
La sensibilité varie de 92 à 100 % pour la caractérisation des
lésions bénignes et de 75 à 93 % pour la caractérisation des
cancers (tableau VII). La méthodologie employée est essen-
tielle. Pour Twaalfhoven, 11 sur 12 des erreurs de l’extempo-
rané étaient dues à une déficience dans la technique de prélè-
vement et une seule à une mauvaise interprétation (10). Pour
les lésions frontières, l’examen extemporané offre des perfor-
mances plus limitées, avec une sensibilité comprise entre 44 et
65 %. Le risque de surestimer une lésion est d’environ 10 % et
celui de sous-estimer un cancer, d’environ 30 %. Ce risque est
important pour les tumeurs mucineuses, qui ont un stroma
limité dont l’invasion est difficile à apprécier, pour les tumeurs
volumineuses d’un diamètre supérieur à 20 cm ou pour les
lésions limitées aux ovaires. Il apparaît donc que l’examen
extemporané sera fiable pour les lésions frontières en cas de
lésions séreuses de volume modéré. On estime qu’une coupe
au moins est nécessaire tous les centimètres, ce qui représente
un nombre important de prélèvements, difficiles à réaliser pour
les lésions volumineuses en extemporané dans un temps rai-
sonnable. La cytologie peut également être proposée (9). Elle
pourrait caractériser le type histologique et aider à la distinc-
tion entre lésion bénigne et cancer. En revanche, ses perfor-
mances semblent limitées pour les lésions frontières. La taille
de la tumeur influe sur l’efficacité de l’examen extemporané.
Il est nécessaire de faire une coupe par centimètre du plus
grand diamètre de la lésion. Le type histologique est également
important. La valeur prédictive est plus grande pour les
tumeurs séreuses que pour les tumeurs mucineuses. Elle est
encore plus mauvaise pour les tumeurs rares ou celles présen-
tant plusieurs contingents. Enfin, il existe un effet d’entraîne-
ment, avec une courbe d’apprentissage…
En revanche, peu de données sont disponibles sur la valeur de
l’examen extemporané pour l’analyse de végétations périto-
néales ou des ganglions.
Ces résultats nous ont amenés à affiner nos indications d’exa-
men extemporané. Nous retenons actuellement les situations
suivantes : facteur de risque héréditaire ou personnel de cancer
de l’ovaire, végétations intra- ou extra-kystiques, ou taille
supérieure à 8 cm, ou âge supérieur à 50 ans, ou CA 125
supérieur à trois fois la normale. De la même façon, il est
logique de ne demander un examen extemporané que s’il pré-
sente un intérêt pronostique ou thérapeutique. En utilisant ces
critères, on estime qu’environ 15 à 20 % des kystes de l’ovaire
opérés doivent bénéficier d’un examen extemporané.
CONCLUSION
Il est donc possible de définir une chaîne “d’assurance qualité”
assurant une bonne prise en charge des kystes ovariens com-
plexes. Le chirurgien doit être formé en cœlioscopie, en chirur-
gie par laparotomie et, de préférence, en oncologie. Il doit dis-
poser d’un matériel récent ; surtout, son environnement doit
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La Lettre du Gynécologue - n° 266 - novembre 2001
Coupes congelées Bénin À la limite Malin Total
de la malignité
Bénin 24 2 0 26
À la limite 0 0 0 0
de la malignité
Malin 0 0 5 5
Incertain 1 0 0 1
Total 25 2 5 32
Tableau VI. Correspondance entre examen extemporané et examen
définitif.
nBénin Malin Frontière
Slavutin, 1979 55 97,1 % 73,7 % 50 %
Bastos, 1983 120 97,5 % 89,7 % 0
Twaalfhoven, 1991 176 92,8 % 88,5 % 44,4 %
Obakior, 1991 303 100 % 93,2 % 0
Rose, 1994 383 98,7 % 92,5 % 44,8 %
Lim, 1997 173 99,2 % 97,1 % 87,5 %
Wang, 1997 792 99,5 % 92,7 % 78,2 %
Yeo, 1998 316 99,6 % 87 % 60 %
Tableau VII. Revue de la littérature.