Le Courrier de colo-proctologie (II) - n° 3 - septembre 2001
– conservation d’un tronçon de pédicule
en amont de l’anse.
La pièce de polypectomie
Le recueil de la pièce doit éviter toute perte
d’information. La fragmentation des petites
lésions rend leur interprétation difficile, et cer-
tains déconseillent, dans la mesure du possible,
l’aspiration à travers le canal opérateur. Les
modifications liées à l’usage d’un courant élec-
trique peuvent rendre difficile l’orientation de
la pièce et donc les conclusions que l’on peut
en tirer. Plusieurs solutions sont possibles :
– utilisation d’un courant de section exclusif ;
– utilisation d’anse monobrin privilégiant la
section ;
– encrage à l’encre de Chine de la partie pro-
fonde de la pièce ;
– étalement de la pièce sur une petite plaque
de liège ;
– repérage soigneux du pédicule (la rétrac-
tion lors de la fixation histologique pouvant
faire disparaître totalement un pédicule ini-
tialement évident).
Localiser la lésion
La précision de la localisation de la zone
de polypectomie est essentielle (13), mais
les classiques repères endoscopiques sont
souvent pris en défaut, ce qui est d’autant
plus délétère qu’une colectomie est pro-
grammée. On ne peut pas compter sur la
visualisation secondaire de la cicatrice, ni
sur une seconde coloscopie avec biopsie,
notamment en cas de petits polypes pour
lesquels la cicatrice peut devenir rapide-
ment endoscopiquement inapparente (11).
Il faut donc optimiser la localisation en
recourant :
– à l’utilisation d’une scopie quand elle est
accessible ;
– à un tatouage avec un colorant stérile en
quantité suffisante pour que la coloration
puisse être vue en transpariétal et donc en
peropératoire ;
– à la mise en place d’un clip métallique avec
un ASP en postcoloscopie (photo 4).
Des biopsies de la zone d’insertion ou de
ses berges, clairement identifiées, permet-
tront d’évaluer le caractère complet de la
résection et/ou l’existence d’une infiltra-
tion sous-muqueuse.
En cas de doute, il faut organiser la lecture
des prélèvements dans un délai bref com-
patible avec une seconde coloscopie, et donc
avant cicatrisation de la zone d’intervention.
APRÈS LA COLOSCOPIE
En cas de carcinome précoce se pose le
problème de la surveillance endoscopique,
de son rythme et de sa performance. Les
résultats sont dissociés. Après ablation
d’un polype dégénéré, des taux de 69 % de
lésions résiduelles (14) ont été décrits. À
l’inverse, entre 1983 et 1995, 85 patients
ont été opérés après ablation d’un cancer
précoce, principalement parce que le trai-
tement avait été considéré comme incom-
plet (15). Aucun n’avait de ganglion sur la
pièce ; 7 avaient des lésions résiduelles,
tous avant 1984. Les critères de sur-
veillance ont donc évolué avec le temps et,
peut-être, la formation et la rigueur des
endoscopistes (16).
Après ablation d’un carcinome précoce
sur lésion polypoïde, le rythme des
endoscopies de contrôle n’est pas déter-
miné. Si une décision de traitement
endoscopique a finalement été retenue,
il paraît logique d’appliquer le même
protocole de surveillance que lors d’une
colectomie pour cancer colique avec une
première endoscopie de contrôle au bout
de 12 mois. De nombreux auteurs pré-
conisent, au moins la première année,
une surveillance plus rapprochée.
En conclusion,la polypectomie endo-
scopique reste le traitement de choix de la
grande majorité des lésions en saillie du
côlon et du rectum, y compris des lésions
qui ont commencé à dégénérer. Le risque
de lésions résiduelles est faible, surtout en
cas d’histologie favorable. Au cours des
cancers T1, le risque d’une évolution défa-
vorable est faible, notamment du fait de la
relative rareté des métastases ganglion-
naire. Ce risque est inférieur à la mortalité
et la morbidité de la chirurgie colique. Ce
paramètre doit être pris en compte afin de
ne pas faire perdre au patient le bénéfice
d’une technique mini-invasive. Mais
d’autres facteurs décisionnels intervien-
nent (lire p. 94) ; aussi, il n’est pas illo-
gique de ne proposer la polypectomie que
dans un second temps chez un patient
informé des risques et des inconnues. ■
Mots clés. Polypectomie – Adénome –
Cancer précoce – Traitement endoscopique.
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Photo 4. Clips de repérage en place sur une
zone de polypectomie.
Dossier thématique
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