N°61 ■SUPPLY CHAIN MAGAZINE - JANVIER-FÉVRIER 2012
66
Impact de la crise
Franck Grimonprez prône la prudence : « Pour toute
nouvelle activité, les PME de notre réseau calculent
BFR, plans de financement et de trésorerie et compte
d’exploitation prévisionnel. Les clients doivent s’en-
gager à ce que les investissements en « dur » soient
repris par le prestataire suivant en cas de change-
ment. En cas d’arbitrage entre deux investissements,
je conseille de privilégier les partenariats dans la
durée avec les clients existants ». Valérie Lassalle,
Dirigeante des Transports Lassalle, PME de transport
et logistique adhérente FNTR, favorise les investis-
sements de remplacement. Elle a obtenu un prêt
bancaire de 200.000 €fin 2011 pour rénover sa sta-
tion de lavage de citernes.
Des investissements informatiques…
Dans la catégorie optimiste, la PME Crosslog, spé-
cialisée dans la logistique e-commerce, a le vent
en poupe. Après un C.A. en hausse de 24 % en
201 (17 M€), elle s’attend à +20 % en 2012. « La
croissance viendra du textile, de l’enfant, de la
décoration et des cosmétiques, prévoit Franck
Journo, Directeur Commercial et Marketing. Nous
investissons dans l’aménagement des entrepôts
que nous louons, notamment en informatique.
Leur surface augmente régulièrement. Après
0,7 M€investis en 2011, nous allons améliorer
notre système de gestion d’entrepôt. » Le presta-
taire logistique de taille moyenne spécialisé dans
l’industrie Soflog-Telis paraît plutôt confiant.
Bruno de Chaisemartin, Membre du Conseil de
surveillance, analyse : « Certains clients conti-
nuent à avoir une activité soutenue ; toutefois,
avec la crise, un certain nombre préfèrent ne pas
s’engager à moyen terme et préfèrent des contrats
d’un an difficilement compatibles avec l’activité.
Ils recherchent l’optimisation des coûts et notre
rôle est de leur faire prendre en compte le coût
complet. Les PME industrielles ont déjà beaucoup
serré en termes de coûts. Nous investissons :
ouverture de trois sites en 2011, informatique,
emballages techniques et audit pour devenir Opé-
rateur Economique Agréé. Et la crise pourrait pré-
senter des opportunités de sociétés qui ont souffert
de la baisse de volume ».
… et dans les infrastructures
Les grands groupes gardent aussi le moral. FM
Logistic poursuit les objectifs de son plan straté-
gique et met en service en 2012 une plate-forme
au nord de Paris dont le coût global s’élève à
25 M€et a prévu d’étendre des plates-formes
existantes. Jacky Gervis, Co-président, attend « un
C.A. de 840 M€, en croissance pour l’exercice clô-
turant en mars 2012. L’activité transport a le taux
de croissance le plus élevé. Nous regardons les
quelques dossiers d’acquisitions qui passent, sans
être opportunistes ».
Ayant consacré 8 M€aux infrastructures en 2011,
DHL International Express France maintient son
niveau d’investissement au 1er semestre 2012,
avec notamment 0,8 M€en terminaux mobiles
pour les livreurs et le réaménagement de sept à
huit agences, après 15 en 2011. « Notre activité
repose sur la vigueur des échanges interrégionaux,
notamment avec les Etats-Unis et la Chine, qui se
maintiennent, explique Florence Noblot, PDG.
Nous investissons en lien avec notre engagement
de qualité de service et pour gagner des parts
de marché. »
Réformer la finance,
soutenir l’économie réelle
Tous les acteurs s’accordent sur l’absence totale
de visibilité sur 2012 et après. Rien n’est pire que
l’incertitude. Ceci témoigne d’abord de la forte
volatilité des marchés financiers. Elle désempare
la classe politique, qui multiplie les effets d’an-
nonce. Or, la crédibilité de la politique écono-
mique repose sur l’affichage d’objectifs clairs non
remis en cause à court terme, sous peine d’affoler
les anticipations des agents économiques.
De plus, la vision à court terme qui régente les
décisions économiques et politiques évite de se
pencher sur le passé pour améliorer l’avenir,
quand l’économie est, par définition, cyclique, et
ainsi de regarder la grande crise de 1929, suivie
du New Deal de F.D. Roosevelt qui a sorti les
Etats-Unis de l’ornière. Et la prédominance de la
pensée libérale et monétariste dont la chancelière
allemande Angela Merkel se fait l’apôtre, empêche
des courants économiques moins rigoristes d’être
force de proposition, tel le nouveau keynésia-
nisme de Joseph Stiglitz.
Les plans de rigueur concomitants dans toute
l’Europe présentent un risque auto récessif. Le
ratio Dette publique/PIB s’améliore en faisant
baisser la dette, objectif des plans, si et seulement
si le PIB ne baisse pas… Pourquoi pas des plans de
relance communs au niveau européen par grand
secteur de l’économie réelle (industrie/distribu-
tion/prestations de services) ?
Enfin, regrettons qu’une réforme en profondeur
du système financier mondial ne soit pas à l’ordre
du jour. Réinjecter de la masse monétaire dans le
système financier au lieu d’en penser la réforme,
c’est empêcher le Titanic de couler en écopant à la
petite cuillère…et creuser les déficits publics par la
même occasion, la crise financière de 2008 ayant
entraîné celle de la dette publique de 2011, tout en
oubliant de soutenir l’économie réelle. Appelons
donc à tenter de réduire les déséquilibres actuels
et à plus de constance dans la politique écono-
mique du prochain gouvernement, même si sa
marge de manœuvre restera (très) limitée. Bonne
année 2012 ! ■CHRISTINE CALAIS
Bruno
de
Chaisemartin,
Membre
du Conseil
de surveillance
de Soflog-Telis
©SOFLOG-TELIS
Jacky Gervis,
Co-président
de FM Logistic
SUITE DE LA PAGE 64
Hervé
Zlotykamien,
Directeur
d’activité,
Industry Capital
©C.CALAIS ©C.CALAIS