une dé-dérivation entérale), dans 6 cas,
un drainage entéral d’emblée et, dans
2 cas, les sécrétions avaient été contrô-
lées par injection dans le Wirsung. Il
s’agissait dans 11 cas de la transplanta-
tion d’un pancréas total et dans 6 cas d’un
pancréas segmentaire. Toutes les gros-
sesses rapportées avaient été réalisées
chez des patients ayant une bonne fonc-
tion pancréatique et rénale (créatinine
117 ± 35 µmol/l), à l’exception d’un cas
pour lequel la créatinine était égale à
380 µmol/l.
Le délai moyen entre la transplantation
et la grossesse est variable, mais en géné-
ral supérieur à deux ans. Si le délai idéal
ne peut être précisé, la prudence impose
une période de deux ans, comme cela a
pu être proposé pour les receveuses de
transplantation rénale isolée. Il faut
cependant remarquer que les grossesses
survenues tôt (jusqu’à 6 mois après la
transplantation dans le registre de l’IPTR)
n’ont pas donné lieu à des complications
particulières.
Il ne semble pas non plus que le type de
transplantation pancréatique, totale ou
segmentaire, entraîne un devenir différent
durant la grossesse, malgré une masse
d’îlots inférieure en cas de transplanta-
tion segmentaire. De même, la situation
pelvienne de deux organes transplantés
au lieu d’un seul ne semble pas avoir été
un élément péjoratif lors de la délivrance.
Pourtant, une césarienne a été pratiquée
dans 100 % des cas pour l’IPTR et dans
53 % des cas dans le NTPR (cf. infra). De
plus, aucun épisode de pancréatite n’a été
observé durant la grossesse, malgré
l’augmentation de la pression pelvienne
secondaire au développement utérin.
CARACTÉRISTIQUES DE LA GROSSESSE
Le rapport 2001 du NTPR a rapporté les
caractéristiques de 45 grossesses chez
31 receveuses de transplantation réno-
pancréatique (tableau I) (4). On peut
remarquer qu’il existe une incidence plus
importante d’hypertension artérielle dans
cette population par rapport aux gros-
sesses survenant au cours de la trans-
plantation d’un autre organe. La question
principale est, bien sûr, la survenue de
troubles de la glycorégulation durant la
grossesse ou au décours de celle-ci.
Actuellement, il n’existe pas de cas, dans
le NTPR, de survenue de diabète gesta-
tionnel à proprement parler.
Dans un cas, une patiente a dû recom-
mencer une insulinothérapie pendant la
grossesse en raison de l’augmentation des
doses de stéroïdes. La conception, chez
cette patiente, est survenue 2,4 ans après
la transplantation, et la grossesse s’est
compliquée d’une hypertension artérielle
et d’une prééclampsie. Environ un mois
avant la délivrance, la créatinine sérique
s’est progressivement détériorée en l’ab-
sence de rejet, nécessitant l’arrêt de la
ciclosporine. Les stéroïdes ont été aug-
mentés à cette occasion. Après la nais-
sance par césarienne d’un enfant bien
portant pesant 2 778 g, la ciclosporine a
été redébutée et la fonction du greffon
rénal et pancréatique s’est améliorée ulté-
rieurement.
De façon notable, l’immunosuppression
a été modifiée durant la grossesse chez
6 receveuses sur 19 avec, en particulier,
une augmentation de la ciclosporine chez
4 patientes (de 10 à 100 % de la dose) et
une diminution des doses chez une
patiente (5).
Sur le plan chirurgical, parmi les com-
plications pouvant survenir sur le greffon
rénal durant la grossesse, McGrory et al.
(6) ont rapporté la nécessité de réaliser
deux néphrostomies sur 23 grossesses.
Ces néphrostomies ont pu être retirées
sans difficulté après la délivrance.
Enfin, sur le plan obstétrical, une césarienne
a été réalisée dans tous les cas rapportés par
B. Barrou, avec une hystérotomie trans-
versale chez 7 patientes et longitudinale
chez 6 autres (5). Aucune lésion des gref-
fons n’a été rapportée. Cela dit, l’accou-
chement s’est fait dans 47 % des cas par les
voies naturelles dans le NTPR, et les avan-
tages et les inconvénients de chacune des
techniques restent à évaluer.
DEVENIR DES PATIENTES
ET DES GREFFONS
Au dernier suivi dans le NTPR, 21 rece-
veuses avaient encore une fonction rénale
et pancréatique satisfaisante (4). Parmi
les autres, 4 avaient encore une fonction
pancréatique satisfaisante, mais avaient
dû reprendre l’épuration extrarénale par
dialyse, 2 avaient une fonction pancréa-
tique satisfaisante, mais une dégradation
de la fonction rénale, une avait dû
reprendre une insulinothérapie avec une
fonction rénale satisfaisante et une avait
une dégradation de la fonction pancréa-
tique et rénale sans recours à l’insuline ni
à la dialyse. Deux patientes étaient décé-
dées, dont une en raison d’une encépha-
lite après retransplantation rénopancréa-
tique ; l’autre avait une perte de la
fonction rénale et pancréatique et est
décédée d’une pneumonie 2 ans après la
dernière grossesse, survenue à la suite
Le Courrier de la Transplantation - Volume III - no3 - juillet-août-sept. 2003
132
DOSSIER
thématique
Tableau I. Devenir des grossesses chez
31 receveuses de transplantation rénopan-
créatique (4).
■Facteurs maternels
– Intervalle transplantation-conception 3,6 ans
– Hypertension durant la grossesse 76 %
– Diabète durant la grossesse 0 %
– Infection durant la grossesse 55 %
– Épisode de rejet durant la grossesse 8 %
– Prééclampsie 31 %
– Perte du greffon dans les deux ans 16 %
■ Devenir (n) 45
– Avortement thérapeutique 7 %
– Avortement spontané 11 %
– Grossesse ectopique 2 %
– Naissance vivante 80 %
■ Naissance vivante (n) 36
– Âge gestationnel moyen 35 sem.
– Prématurité (< 36 sem.) 75 %
– Poids moyen de naissance 2 167 g
– Poids de naissance < 2 500 g 57 %
– Naissance par césarienne 53 %
– Complications néonatales 53 %
– Morts néonatales (< 30 j) 1
■ Traitement immunosuppresseur (n, %)
– CsA, AZA, stéroïdes 19 (44)
– CsA, stéroïdes 6 (14)
– CsAME, AZA, stéroïde 10 (23)
– CsAME, stéroïde 2 (5)
– Tacrolimus, AZA, stéroïde 3 (7)
– Tacrolimus, AZA 2 (5)
– Tacrolimus, stéroïde 1 (2)