
La Lettre du Gynécologue - n° 331 - avril 2008
Éditorial
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besoin ni le désir), a fortiori s’il souhaite que le secret soit
gardé totalement ou s’il veut protéger tous ses proches et
taire sa maladie.
Enfin, dans certains cas, on constate qu’il y a une confu-
sion institutionnelle forte entre “personne de confiance”
et “personne à prévenir”. La seconde n’a pas du tout la
même finalité que la première, elle n’est conçue pour
être utilisée qu’en cas de problème majeur ou de décès
pour donner une information en ce sens. Elle n’a en
aucun cas les autres rôles de la personne de confiance ;
les confondre peut avoir de lourdes conséquences en
termes relationnels et de responsabilité médico-légale.
La personne de confiance a des missions claires définies
par la loi et qui confèrent aux soignants de nouvelles
responsabilités, ce qui n’est pas le cas pour la personne
à prévenir. Faire la distinction est donc essentiel.
Ainsi, les établissements et les services qui veulent faire
de la désignation de la personne de confiance un indica-
teur de qualité de l’accueil et de l’information des patients
doivent se garder de toute évaluation uniquement quan-
titative (nombre de patients ayant fait une désignation),
mais sont tenues de promouvoir une approche qualitative.
Cette dernière devrait passer par plusieurs approches.
Tout d’abord, les approches peuvent être un mode de dési-
gnation médicalisée par un médecin, en lien si besoin avec
l’équipe infirmière, ce qui permet de donner sens à la place
d’une éventuelle personne de confiance dans la démarche
de soins et d’informer le patient sur l’intérêt de cette dési-
gnation et sur les rôles de la personne de confiance. La
question de la rupture du secret sera également discutée
ici. Faire place à la présence de la personne de confiance
suite à cette désignation est également un élément essentiel
pour l’informer sur ses rôles et ses devoirs. Ainsi, cette dési-
gnation a de telles conséquences pour le patient qu’elle ne
saurait être “noyée” entre divers documents d’admission.
Par ailleurs, cette approche doit permettre de conseiller
le patient, dans un sens ou dans l’autre, au mieux du
vécu de la maladie, à un moment donné, dans un
environnement familial ou affectif parfois complexe.
La désignation, comme la non-désignation, peuvent
dès lors être des choix tout à fait légitimes. C’est en ce
sens que le Code de santé publique stipule qu’il y a une
obligation à proposer une personne de confiance, mais
non une obligation de désignation. Le fait de laisser
cette liberté au patient et de le guider au mieux de ses
intérêts constitue une responsabilité d’ordre éthique.
Un autre point qualitatif important à prendre en compte
est la durée de validité de la désignation d’une personne de
confiance. En effet, les aléas relationnels de la vie et l’évo-
lution du vécu de la maladie par un patient font que les
choses peuvent changer au fil du temps. L’esprit de la loi et
la variabilité légitime des choix d’une personne amènent à
dire qu’il convient d’interroger le patient sur la pérennité
de la désignation ou de la non-désignation d’une personne
de confiance, à chaque nouvelle hospitalisation ou plus
souvent si le médecin le juge nécessaire.
Enfin, la désignation ou la non-désignation doivent être
systématiquement notées dans le dossier médical avec les
coordonnées précises et la nature des liens entre patient
et personne désignée. Cela n’est pas encore effectif, ce qui
fait que, dans certaines équipes, on s’interroge parfois, en
situation de crise, sur l’existence ou non d’une personne
de confiance, le patient n’étant alors plus en état de s’ex-
primer. La démarche écrite dans ce domaine, figurant
dans le dossier, fait partie des critères de qualité pour opti-
miser la transmission entre les équipes et les services en
charge d’un patient.
Soulignons en dernier lieu, en termes d’approche qualita-
tive, qu’il serait souhaitable qu’un document d’informa-
tion reprenant tous ces points soit remis au patient, afin
de compléter l’information orale.
Ainsi, entre démarche clinique, éthique et droit, ce
nouvel outil de la relation soignants-soignés qu’est
la personne de confiance doit nous amener à nous
interroger en permanence sur l’abord de la personne
et sur la distinction entre approche administrative et
approche médicale d’une question qui touche avant
tout à l’humain et à l’intime.
n
© Lettre du Cancérologue n° 5, vol. XVI, mai 2007.
Articles du Code de la santé publique
“Toute personne majeure peut désigner une personne de
confiance qui peut être un parent, un proche ou le médecin
traitant, et qui sera consultée au cas où elle-même serait
hors d’état d’exprimer sa volonté et de recevoir l’information
nécessaire à cette fin. Cette désignation est faite par écrit.
Elle est révocable à tout moment. Si le malade le souhaite,
la personne de confiance l’accompagne dans ses démarches
et assiste aux entretiens médicaux afin de l’aider dans ses
décisions.
Lors de toute hospitalisation dans un établissement de santé, il
est proposé au malade de désigner une personne de confiance
dans les conditions prévues à l’alinéa précédent. Cette dési-
gnation est valable pour la durée de l’hospitalisation, à
moins que le malade n’en dispose autrement.” “…Lorsque la
personne est hors d’état d’exprimer sa volonté, aucune inter-
vention ou investigation ne peut être réalisée, sauf urgence ou
impossibilité, sans que la personne de confiance, ou la famille,
ou à défaut, un de ses proches ait été consulté…