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mie aiguë angioblastique ou une maladie de Hodgkin. La tolé-
rance a été correcte, en dehors de la présence intermittente
d’une GVH modérée. Après la greffe, le taux de lymphocytes
CD4+ est retrouvé à un taux supérieur au taux de base. Ces
résultats préliminaires semblent encourageants et suggèrent
que l’infection à VIH ne représente pas une contre-indication
absolue à la greffe allogénique (Kang E, abstr. 3, A15).
SARCOME DE KAPOSI : MODE DE TRANSMISSION
DU HUMAN HERPES VIRUS 8 (HHV-8)
Les prévalences du HHV-8 et du sarcome de Kaposi restent
concordantes et se répartissent, de la plus forte à la plus faible
prévalence, de la façon suivante : Afrique équatoriale, Europe
du Sud, Europe de l’Ouest, États-Unis, et populations homo-
sexuelle, hétérosexuelle, puis féminine (Hayward G, abstr.
S6, A9).
L’association directe, démontrée par de nombreuses études,
entre le nombre de partenaires sexuels chez les homosexuels et
le risque d’infection à HHV-8 permet d’admettre avec évi-
dence que l’infection à HHV-8 est une maladie sexuellement
transmissible. Les études épidémiologiques portant sur les
modes de transmission de HHV-8 restent cependant controver-
sées (Martin, abstr. S7, A9).
Une transmission verticale, de la mère à son enfant, a par
ailleurs été retrouvée lors de l’étude de séroprévalence de
HHV-8 réalisée chez 1 337 sujets d’origine africaine résidant
en Guyane française (Gessain, abstr. S8, A9).
En Afrique du Sud, on retrouve, dans les populations à risque
d’infection à HHV-8, les prostituées (en raison des multiples
partenaires), les homosexuels masculins, mais aussi les popu-
lations issues des couches socio-économiques les plus faibles
(odds-ratio de 1,4 avec IC 95 % de 1,1 à 1,7), une mère séro-
positive pour HHV-8 s’exposant à un risque de transmission
materno-fœtale (OR de 30). Par ailleurs, la séroprévalence
semble plus élevée chez les donneurs de sang d’origine noire
américaine par rapport aux donneurs d’origine blanche (20 %
versus 3 %) (Sitas, abstr. S9, A10). D’autres études se révèlent
nécessaires pour identifier les voies possibles de transmission
de HHV-8, en Afrique et dans le reste du monde (en particulier
à travers le lait maternel et la salive).
Cannon et al. (abstr. A, A15) ont alors étudié de façon prospec-
tive la séroprévalence de HHV-8 chez 871 femmes infectées
par le VIH par rapport à 439 femmes non infectées mais ayant
des facteurs de risque de contamination et issues de quatre
sites géographiques différents des États-Unis.
Les facteurs de risque associés de façon significative à l’infec-
tion à HHV-8 sont les suivants :
– population de race noire (p = 0,01) ;
– origine hispanique (p = 0,05) ;
– éducation déficitaire (p = 0,03) ;
– infection à VIH (p = 0,001) ;
– syphilis (p = 0,001) ;
– hépatite C (p = 0,001) ;
– toxicomanie par voie veineuse (p = 0,02).
Si l’association de la syphilis et de l'infection à HHV-8
implique une transmission par voie sexuelle, l’association
hépatite C et HHV-8 semble suggérer une transmission par
voie sanguine (partage de seringues, etc.).
RELATION ENTRE LE SARCOME DE KAPOSI ET HHV-8
(KSHV/HHV-8) : TRANSMISSION IN VITRO ;
PHYSIOPATHOLOGIE DE L’INFECTION CELLULAIRE
Des séquences de HHV-8 ont été retrouvées à plusieurs
reprises dans les cellules fusiformes et endothéliales des
lésions de sarcome de Kaposi ; HHV-8 a en outre été mis en
évidence dans les cellules endothéliales atypiques de lésions
débutantes de ce sarcome. Les cellules fusiformes (caractéris-
tiques des lésions de SK) semblent être d’origine endothéliale ;
l’infection des cellules endothéliales par HHV-8 peut contri-
buer à la prolifération hyperplasique de ces cellules fusiformes
et au développement des lésions de sarcome de Kaposi
(Moses, abstr. S12, A10).
In vitro, des cellules endothéliales humaines de veines ombili-
cales mises en culture avec de l’interféron α (IFNα) ne présen-
tent aucun signe d’infection après incubation avec HHV-8 ;
ces résultats suggèrent un rôle protecteur de l’IFNαvis-à-vis
de HHV-8. En effet, il a été démontré que l’IFNαpouvait
accélérer la perte d’ADN viral par des cellules infectées par
HHV-8 (Offermann MK, abstr. 8, A16).
Ainsi, l’expression de plusieurs gènes antiviraux peut être
induite par l’infection à HHV-8, comme ceux codant pour le
TNFα, l’IFNγ, l’INFα, l’IL1βet certaines protéines kinases
(PKR).
Le cas particulier du TNFαsemble intéressant ; ce dernier
pourrait en effet faciliter l’infection des cellules saines par
HHV-8, alors qu’il contribue à l’élimination de l’ADN viral
dans des cellules déjà infectées par le virus (Offermann MK,
abstr. 8, A16).
LES LYMPHOMES MALINS (LNH) ASSOCIÉS AU VIH
La plupart des études précliniques et cliniques sur les LNH
permettent de suggérer qu’il existe un avantage thérapeutique
à délivrer des agents cytotoxiques sous forme de perfusions
continues (Sparano et al, J Clin Oncol 1993 ; 11 : 1071). Spa-
rano (abstr. S15, A11) nous a présenté une revue de trois
études publiées par Einstein, Aviano et l’ECOG portant sur
182 patients chez qui le protocole CDE a été administré
(tableau IV). Ce protocole comprend du cyclophosphamide
(200 mg/m2/j sur 4 jours), de la doxorubicine (12,5 mg/m2/j sur
4 jours) et de l’étoposide (60 mg/m2/j sur 4 jours) associés à
des facteurs de croissance hématopoïétiques, des antirétrovi-
raux, des antibiotiques et du fluconazole.
L’addition de didanosine comme antirétroviral semble proté-
ger de la neutropénie, de la thrombopénie et de l’anémie. Elle
permet ainsi de diminuer le nombre de transfusions érythrocy-
taires et plaquettaires. L’addition d’une antiprotéase comme le
saquinavir semble provoquer plus de mucites de grades 3-4
(67 % versus 12 %). En dépit de l’utilisation de ces antirétrovi-
raux, le nombre de lymphocytes CD4+ est diminué de 50 %
pour l’ensemble des patients. En analyse multifactorielle, un
faible nombre de lymphocytes CD4+ est associé de façon
significative à un taux plus faible de réponse complète (odds-
ratio de 0,16 ; p = 0,01) et à une survie globale plus courte
(p = 0,01). Douze patients (médiane CD4+ = 138/mm3) ont par
La Lettre du Cancérologue - volume IX - n° 4 - septembre 2000