LES MAISONS DU VILLAGE D’ARFONS
Le village agricole d’Arfons présente aujourd’hui un habitat qui date pour l’essentiel du
XVIIIe siècle et XIXe siècle, et pour une part du début du XXe siècle. L’utilisation du schiste et de
l’ardoise, autant en couverture qu’en recouvrement des murs appelé essentage, donnent au village
une personnalité qu’il a su garder jusqu’à aujourd’hui.
Environ 180 constructions constituent la base de la matière sur laquelle les observations
sont fondées. Les dépendances agricoles des maisons, principalement les étables et les porchères,
ont aussi été associées à ce dossier.
Compte tenu que l’habitation constitue l’immense majorité du bâti du village, il a semblé
judicieux de traiter ici, dans le cadre du dossier portant sur l’habitat, de la nature des matériaux et
de leur mise en œuvre.
Le texte qui suit constitue une première synthèse sur l’habitat du village d’Arfons. Il a été
rédigé à partir des données recueillies lors de l’inventaire préliminaire mené sur la commune,
c'est-à-dire essentiellement sur la base d’observations faites in situ. Des recherches en archives et
des analyses des bâtiments plus complètes que celles qui sont réalisées dans le cadre de cette
enquête permettraient d’approfondir l’étude.
Fig. 1. 30 plô du Barbier. Fig. 2. 2 plô du Barbier. Fig. 3. 29 place du Poids public.
Mission d’inventaire du patrimoine bâti – CAUE du Tarn 1
Fig. 4. Le village d’Arfons, localisation des principales rues et places (extrait du plan cadastral de 2003).
1 – L’HABITAT
Les maisons sont le reflet de la condition sociale de leur propriétaire. La façade, par son
développement, le soin qui y est apporté, traduit le statut de l’habitant. L’habitat peut ainsi être
caractérisé par sa typologie. Trois grands types de maisons se dégagent.
La demeure
Les demeures, ou maisons de maître, appartiennent aux notables d’Arfons. Elles se
retrouvent principalement dans le centre du village.
Outre la demeure exceptionnelle située 26 rue de l’Église, les deux demeures les plus
représentatives de ce type sont la maison Trilhe (32 rue de l’Église) et la maison Durand-Gorry
(30 plô du Barbier), du nom de leurs propriétaires, toutes deux datables de la première moitié du
XIXe siècle.
Les demeures présentent une grande façade alignée sur la rue, à six ou sept travées. Les
encadrements des ouvertures sont en pierre de taille de granite. La porte ornée d’une corniche
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ou/et d’un motif à crossette sur les piédroits, comporte le seul ornement de toute la façade. La
solennité est donnée par la régularité des travées et l’alternance des encadrements en pierre de
taille de granite sur l’enduit blanc. Les façades s’élèvent sur un seul étage ou un étage surmonté
d’un comble à surcroît. À l’arrière, les maisons s’adjoignent un petit parc privatif, isolé de la rue,
et clos de mur.
Dans les écarts, les maisons à la tête de domaines agricoles important adoptent la même
organisation (maison de la ferme du Pierron).
Fig. 5. Organisation schématique de la façade de la maison 30 plô du Barbier.
La maison de village
Un autre grand type d’habitat se distingue dans ce que l’on peut qualifier de « maison de
village ». Ces maisons appartiennent à l’origine à la catégorie des petits propriétaires ou des
commerçants. Ce type de maison se trouve majoritairement autour de la place du Poids public et
autour de la place du Plô du Barbier, c’est-à-dire dans toute la partie ouest du village. Les façades
se composent sur deux ou trois travées et s’élèvent sur un étage et un comble à surcroît. Les
encadrements des ouvertures sont en pierre de taille de granite. Ceux des portes sont marqués en
plus par un décor de crossettes, parfois surmonté par une corniche moulurée qui désigne ainsi la
porte comme un élément majeur de la façade. Lorsque la porte est centrée, elle ouvre sur un
couloir qui distribue les pièces de part et d’autre. Pour les maisons simples en profondeur, c'est-à-
dire qui n’ont qu’une pièce en profondeur, l’escalier est en position centrale.
Fig. 6. Principaux types d’organisation de façade des maisons de village.
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La maison élémentaire
C’est principalement à la périphérie du village que se concentre l’habitat le plus modeste
(rue de la Colombe, route de Dourgne et chemin des Cabanes). Ces maisons sont celles
d’ouvriers ou de brassiers, c’est-à-dire de travailleurs payés à la journée pour œuvrer dans les
bois ou aux travaux agricoles.
Les largeurs de façade sont étroites, de quatre à cinq mètres en moyenne. Les maisons
abritent une seule salle par niveau pour les plus modestes, ou deux salles pour celles qui se
développent en profondeur. Ces constructions se structurent majoritairement sur trois niveaux.
Deux types principaux se dégagent. Pour les maisons les plus modestes, le rez-de-chaussée
pouvait être dévolu au stockage de nourriture, de bois et d’outils. Il n’était ouvert à l’origine que
par la porte. Il a bien souvent été transformé en pièce d’habitation depuis. L’étage constitue
toujours un niveau habitable que la famille partage. La cuisine ouvre sur la rue, comme en
témoignent encore les pierres d’évier associées à de petites ouvertures visibles en façade. Si
l’étage comporte une partition, la chambre se situe sur l’arrière, sans avoir toujours de fenêtre. Le
comble, ventilé par de petits jours, servait aussi d’espace de stockage.
Fig. 7. La maison élémentaire.
Une variante de ce modèle présente un rez-de-chaussée qui constitue un niveau
d’habitation. Dans ce cas, il est ouvert en façade par une fenêtre de taille variable, et un évier peut
être associé à l’ouverture. Les chambres se situent à l’étage.
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Fig. 8. La maison élémentaire, avec fonction d’habitat au rez-de-chaussée.
Les petits lotissements : un habitat structuré le long de ruelle
Dans la partie orientale du village, l’habitat des brassiers et/ou des ouvriers se structure
aussi le long d’impasses implantées perpendiculairement à la rue de la Colombe. Leur origine
pourrait remonter à la fin du XVIIIe siècle, période de développement majeur du village.
Les petites habitations mitoyennes s’organisent par ensemble cohérent de quatre ou cinq le long
d’une ruelle commune. De l’autre côté de la ruelle se développent les jardins potagers et les
porchères.
Quelle est la logique qui a sous-tendu au développement de ces petits lotissements ? Est-
ce pour permettre aux membres d’une même famille de s’établir ensemble dans une structure
commune ou, plus largement, pour donner la possibilité à un groupe social de développer une
cohésion dont il pouvait tirer profit ?
D’autres alignements de ce type subsistent à Fonsaguet et le long de la rue de Fayence,
toujours en limite du village.
Fig. 9. Le lotissement situé aux n° 60 à 66 rue de la Colombe. Fig. 10. Implantation des lotissements (n° 46 à 54 et 60
à 66 rue de la Colombe).
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