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La Lettre du Gynécologue - n° 285 - octobre 2003
– Conditions de logement correct.
– Entourage prévu pour le raccompagnement à domicile et
pour la surveillance de la première nuit.
– Téléphone.
– Distance du domicile à un centre de soins inférieure à 1
heure.
Obtenir le consentement éclairé du patient est indispensable, et
constitue un gage de la réussite de son éducation pour la prise
en charge des suites opératoires à domicile.
L’ANESTHÉSIE EN CHIRURGIE GYNÉCOLOGIQUE
AMBULATOIRE
L’anesthésie générale intraveineuse est la technique de loin la
plus utilisée en gynécologie ambulatoire (2). Elle fait appel à
des agents dont la pharmacodynamique répond aux exigences
de l’ambulatoire : induction rapide, adaptabilité facile peropé-
ratoire à l’intensité des stimuli chirurgicaux et à la durée opé-
ratoire, récupération rapide des réflexes de protection et des
fonctions cognitives.
L’hypnose est le plus souvent induite avec le propofol, puis
entretenue avec le même agent à débit continu, ou avec un gaz
halogéné (sévoflurane ou desflurane).
La curarisation est exceptionnelle, y compris pour les micro-
cœlioscopies à visée diagnostique, qui requièrent par contre
une intubation oro-trachéale.
Pour tous les autres types d’intervention, le contrôle des voies
aériennes est assuré par un masque facial ou un masque
laryngé en fonction de la durée de l’acte opératoire.
Les opiacés sont largement utilisés. Les agents classiques –
alfentanil et sufentanil –, administrés en doses successives ou
en perfusion continue, peuvent s’accumuler, entraînant une
dépression respiratoire et une phase de réveil prolongé. Par
contre, le rémifentanil, morphinique le plus récent, semble le
mieux adapté à la chirurgie gynécologique ambulatoire (3-6).
Son action est rapide et modulable, sa durée d’action est totale-
ment prévisible (effet “on-off”). Toutefois, sa demi-vie très
courte explique son inconvénient majeur qui est l’absence
d’analgésie résiduelle postopératoire, obligeant à prendre le
relais de l’analgésie bien avant la fin de l’intervention.
LA GESTION DES COMPLICATIONS ANESTHÉSIQUES :
DOULEUR ET NAUSÉES-VOMISSEMENTS
POSTOPÉRATOIRES (NVPO)
Les deux complications anesthésiques postopératoires princi-
pales, que sont la douleur (7) et les nausées-vomissements,
sont au centre des préoccupations de la pratique ambulatoire,
notamment gynécologique.
Ces complications peuvent en effet retarder la sortie du
patient, voire l’empêcher, entraînant alors une admission hos-
pitalière imprévue. Ces complications peuvent également avoir
un retentissement fonctionnel à domicile non négligeable :
troubles du sommeil, retard à la reprise des activités quoti-
diennes domestiques et/ou professionnelles.
La douleur postopératoire
La prévention de la douleur résiduelle postopératoire est
essentielle :
– L’information du patient lors de la consultation d’anesthésie
est un facteur déterminant pour la réussite de la prise en charge
de la douleur périopératoire.
– Le rôle du chirurgien dans la prévention non-médicamenteuse
de la douleur postopératoire est fondamental, notamment
lorsqu’il s’agit de chirurgie cœlioscopique : procédure courte ne
nécessitant pas de réinsufflations successives de pneumopéri-
toine, hémostase soigneuse évitant l’irritation péritonéale, enfin
exsufflation complète du pneumopéritoine en fin d’intervention.
– L’administration locale et/ou péritonéale d’anesthésiques
locaux de longue durée d’action (bupivacaïne ou ropivacaïne)
après chirurgie coelioscopique a démontré un bénéfice certain
(8, 9). Cette technique diminue la consommation d’antalgiques
au réveil et durant les 24 premières heures, et améliore la qua-
lité des suites anesthésiques, en particulier l’incidence des
NVPO.
L’approche multimodale de la prise en charge de la douleur
postopératoire est valable pour l’ensemble des interventions de
chirurgie gynécologique ambulatoire. Cette analgésie multi-
modale fait appel aux antalgiques de paliers 1 et 2, d’abord par
voie intraveineuse durant la phase de réveil en salle de sur-
veillance post-interventionnelle (SSPI), puis par voie orale
avant la sortie du patient : paracétamol, association paracéta-
mol-codéine ou paracétamol-dextropropoxyphène. Les anti-
inflammatoires non stéroïdiens (AINS), en dehors des contre-
indications habituelles, peuvent être associés pour une période
n’excédant pas cinq jours. Le phloroglucinol en raison de son
action antispasmodique s’avère le plus souvent efficace en
complément des autres antalgiques.
Les nausées-vomissements postopératoires
Ils sont souvent la conséquence de la douleur postopératoire
elle-même. Mais les facteurs de risque de NVPO sont bien éta-
blis (10) : sexe (féminin ou masculin), le statut tabagique (non-
fumeur ou fumeur), les antécédents de NVPO ou de mal de
transport, le type d’anesthésie (générale ou autre), la durée de
l’anesthésie (longue ou courte).
La prévention est essentielle et repose sur plusieurs volets :
– le protocole anesthésique choisi doit avoir un faible potentiel
émétisant : propofol pour l’induction et l’entretien de l’anes-
thésie plutôt qu’un halogéné, pas de protoxyde d’azote, limita-
tion des morphiniques (rémifentanil ou alfentanil, plutôt que
sufentanil) (11), hydratation per-opératoire suffisante, pas
d’antagonisme des curares (l’effet émétisant de la néostigmine
utilisée pour l’antagonisme du bloc neuromusculaire est cepen-
dant discuté) (12) ;
– dans la chirurgie gynécologique à fort potentiel émétisant,
comme les microcoelioscopies, le traitement médicamenteux
préventif des NVPO repose sur deux associations possibles :
ondansétron 1mg plus dropéridol 0,5 à 1 mg, ou ondansétron
1mg plus dexaméthasone à une dose inférieure à 10 mg (13).
Le traitement curatif des NVPO fait appel à l’ondansétron effi-
cace à faible dose 1 mg.
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