La Lettre de l’Infectiologue - Tome XIV - n° 10 - décembre 1999
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du traitement des BA sur la survenue de pyélonéphrites aiguës
et sur le nombre d’hospitalisations. Il s’agit d’une étude
prospective randomisée en double aveugle contre placebo, menée
chez 109 femmes diabétiques âgées de plus de 16 ans, ayant
présenté une BA sur deux prélèvements. Cinquante-sept d’entre
elles (groupe 2) ont été traitées par cotrimoxazole ou cipro-
floxacine pendant 15 jours et, par la suite, chaque nouvel
épisode de BA a été traité. Cinquante-deux femmes (groupe 1)
ont reçu un placebo pendant 15 jours, puis n’ont plus été trai-
tées, sauf en cas d’infection urinaire symptomatique. Un suivi a
été réalisé à J3, J14, J28, J42 puis les 3 mois pendant 36 mois.
Les deux groupes sont similaires en termes de moyenne d’âge,
type de diabète (DID et DNID), durée de suivi, nombre de
patientes évaluées à 12 mois, 24 mois et au-delà. Parmi les
52 femmes non traitées, 27 épisodes d’infection urinaire haute
sont à déplorer, contre un seul dans le groupe de femmes
traitées initialement puis lors de chaque épisode de BA. Les
femmes traitées ont donc moins de pyélonéphrites et sont moins
souvent hospitalisées que les femmes non traitées (tableau III).
La fonction rénale n’a pas été affectée, quel que soit le groupe.
L’incidence élevée des pyélonéphrites chez les femmes diabé-
tiques ayant une BA non traitée, résultat totalement différent
de celui de l’étude précédente, peut éventuellement s’expliquer
par une durée de suivi plus longue (36 vs 18 mois).
À la question de savoir s’il faut ou non traiter les BA de la
femme diabétique, cette étude permet de répondre par l’affir-
mative.
INFECTION URINAIRE SUR SONDE EN RÉANIMATION
L’infection urinaire est la troisième infection en réanimation.
Elle est associée à une cathétérisation des voies urinaires dans
à peu près 80 % des cas. E. Tissot et coll. (Besançon, France
[722]) ont suivi 149 patients hospitalisés consécutivement en
réanimation entre février et octobre 1998, et porteurs d’une
sonde urinaire. Le sex-ratio est de 1,9, l’âge moyen de 56 ± 18 ans,
le score de gravité simplifié (IGS2) de 43 ± 18 points, la durée
d’hospitalisation de 14 ± 13 j, la durée de cathétérisation de
15 ± 13 j. L’infection urinaire est définie par une bactériurie
105UFC/ml et < 2 espèces. L’incidence de l’infection urinaire
sur sonde a été de 29 %. Les germes en cause ont été Escheri-
chia coli (34 %), Pseudomonas sp (16 %), Enterococcus sp
(16 %),Candida sp (14 %), Staphylococcus coagulase négative
(6 %), Proteus sp (6 %), Klebsiella pneumoniae (2 %), Staphy-
lococcus aureus (2 %), Enterobacter cloacae (2 %), Strepto-
coccus sp (1 %) et Morganella morganii (1 %). En analyse mul-
tivariée, seuls une durée de cathétérisation supérieure à 11 jours
et le sexe féminin sont des facteurs de risque d’infection uri-
naire sur sonde (tableau IV). Une prise antérieure d’antibio-
tiques est un facteur très protecteur. L’âge, la durée d’hospita-
lisation en unité de soins intensifs, la sévérité de la maladie,
l’existence d’un déficit immunitaire, d’un diabète ou de troubles
neurologiques ne sont pas dans cette étude des facteurs de risque.
L’ablation précoce de la sonde urinaire doit être réalisée dès que
l’état du patient le permet.
P. Lecocq
Tableau III. Évolution comparative des infections urinaires en
fonction du traitement.
Paramètre Nombre (%) RR p
Groupe 1 Groupe 2
(n = 52) (n = 57)
Guérison à J42 4 (8) 37 (65) 10,51 0,0001
IU symptomatique
–basse 21 21 1,07 0,8
–haute 27 1 19,02 0,000003
IU symptomatique
1000 patients-jour
–basse 0,47 0,43 1,20 0,39
–haute 0,61 0,02 33,06 0,0001
Hospitalisation
pour IU 8 1 7,73 0,018
IU : infection urinaire ; RR : risque relatif.
Tableau IV. Facteurs de risque d’IU sur cathéter en réanimation,
étude multivariée.
Facteur de risque Odds-ratio IC
95
p
Durée de cathétérisation > 11 j 19,4 5,5-68,7 0,0001
Prise d’antibiotique antérieure 0,06 0,019-0,21 0,0001
Sexe féminin 5,1 1,86-13,5 0,001
IC : intervalle de confiance 95 %.