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Tariq Ramadan, «vitrine» consentante du
Qatar (5/5)
PAR MATHIEU MAGNAUDEIX
ARTICLE PUBLIÉ LE MARDI 26 AVRIL 2016
© DR
Le site du Centre de recherche sur la législation islamique
et l'éthique (CILE), dirigé par Tariq Ramadan au Qatar
Le site du Centre de recherche sur la législation islamique
et l'éthique (CILE), dirigé par Tariq Ramadan au Qatar
Depuis quelques années, Tariq Ramadan est dans les
petits papiers de l'émirat du Qatar. Au prix de quelques
contorsions notables. Cinquième et dernier volet de
notre enquête sur un penseur influent et controversé.
Tariq Ramadan ne s'est pas simplement éloigné de
France à cause de sa très mauvaise réputation auprès
des élites hexagonales. Depuis quelques années,
l'ancien prédicateur du début des années 1990, qui
vit à Londres, a surtout la tête beaucoup plus
tournée vers l'étranger. En particulier vers l'émirat
du Qatar, qui finance indirectement la chaire de
sciences islamiques contemporaines qu'il occupe à la
prestigieuse université britannique d'Oxford, et lui a
confié la direction à Doha d'une structure au titre
ronflant, le Centre de recherche sur la législation
islamique et l'éthique (CILE).
L'« éthique », c'est le nouveau dada de cet homme de
53 ans qui court désormais après une reconnaissance
intellectuelle qu'il a tardé à obtenir il faut dire que sa
thèse, revisitant positivement le parcours de son grand-
père, le fondateur des Frères musulmans Hassan el-
Banna, avait été jugée en Suisse trop hagiographique
et historiquement douteuse, ce qui lui avait fermé les
portes des universités prestigieuses.
Le site du Centre de recherche sur la législation islamique
et l'éthique (CILE), dirigé par Tariq Ramadan au Qatar
« Le Qatar, c'est le caillou dans sa chaussure »,
dit Haoues Seniguer, chercheur à Sciences-Po Lyon.
D'abord parce que Ramadan, qui a toujours eu un
discours critique sur les fédérations musulmanes (y
compris l'UOIF, représentante de la ligne des Frères
musulmans, dont il est intellectuellement proche
mais avec qui il a souvent pris ses distances), a
beaucoup fustigé l'influence des puissances étrangères
dans l'islam de France. Mais aussi parce que
ce rapprochement avec le petit émirat pétrolier
richissime, en quête effrénée de puissance et
d'influence, détonne avec l'ascétisme islamiquement
ultraorthodoxe que Ramadan a toujours prôné. « Un
jour, on le retrouve dans les bras du Qatar à se
pavaner, s'étrangle Abdelaziz Chaambi, un de ses
anciens disciples de l'Union des jeunes musulmans
de France (UJM). C'est luxe, vanité et ostentation. Se
rappelle-t-il des forums sociaux il est allé [au début
des années 2000 ndlr] ? Du partage des richesses ?
De ce qu'il disait sur la luxure ? »
Le tango de Ramadan avec le Qatar a commencé à
la fin des années 2000. Après les attentats de 2005 à
Londres, un an après s'être vu refuser un visa pour
aller enseigner aux États-Unis à cause d'un don de
1 336 dollars à une association humanitaire proche du
Hamas palestinien l'interdiction sera levée en 2010
par Barack Obama et Hillary Clinton –, Ramadan est
invité par le premier ministre britannique travailliste
Tony Blair à intégrer une « task force » (un groupe de
travail ad hoc) chargée de formuler des propositions.
Bien vu par les autorités britanniques, qui ont besoin
de lui pour court-circuiter certaines organisations
communautaires plus rigoristes, il obtient la même
année une bourse universitaire pour intégrer en tant
que professeur invité le centre d'études proche-
orientales (Middle East Center, MEC) du célèbre St.
Antony's College d'Oxford, une institution.
« À ce moment-là, je n'ai pas de contact avec le
Qatar ni avec les États du Golfe », dit Ramadan. En
2008, il candidate à deux postes d'enseignant à Oxford.
Il est retenu pour la chaire de sciences islamiques
contemporaines. Une nouvelle chaire permanente,
créée grâce au généreux mécénat financier du Qatar
(2,4 millions de livres sterling, soit 3 millions d'euros),
et qui porte d'ailleurs le nom du cheikh d'alors, « HHH
(Son excellence) Sheikh Hamad Bin Khalifa al-
Thani ».
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« La chaire est financée par une donation faite
à Oxford en cadeau par la Qatar Foundation [la
fondation officielle de l'émirat qatari, très active en
matière d'éducation – ndlr] », confirme à Mediapart le
directeur du Middle East Center d'Oxford, Eugene
Rogan, un historien du monde arabe réputé. « Les
bénéfices de cette donation sont utilisés pour payer
le salaire du titulaire du poste actuellement le
professeur Ramadan » et le poste de Ramadan est
bien « à temps plein » (soit huit heures par mois),
« permanent, et cela jusqu'à sa retraite », assure
Rogan. Ramadan, ajoute-t-il, « dirige des étudiants de
master et de thèse ». « Il a, ajoute-t-il, été nommé à
la suite d'une recherche internationale » menée par
plusieurs professeurs, et « a été sélectionné » parmi «
quatre candidats préretenus, chacun d'entre eux étant
un expert internationalement reconnu de la pensée
islamique contemporaine ». Son salaire est celui d'un
professeur lambda : 66 000 livres sterling brut par
an, « soit 3 800 livres net par mois [4 800 euros par
mois – ndlr] », calcule Tariq Ramadan.
[[lire_aussi]]
En réalité, une très grande partie du poste consiste
à enseigner non pas à Oxford, mais à la faculté des
sciences islamiques de Doha. Tariq Ramadan y passe
désormais deux semaines par mois. Et c'est lors d'un
cours, dit-il, qu'il a rencontré la très influente Cheikha
Mozah, l'épouse préférée de l'ex-émir, par ailleurs
présidente de la Qatar Foundation. Il lui a par la suite
proposé de créer le CILE, sorte de think tank destiné
à réfléchir sur les lois et l'éthique en islam. Sur le
site de la fondation, on lit que le centre a pour but de
« réexaminer l'éthique et les valeurs islamiques » en
« rapprochant les savants du texte et du contexte ».
Autrement dit, c'est un lieu de dialogue entre les plus
rétrogrades, pour qui le texte doit être suivi à la lettre,
et ceux qui l'interprètent au prisme des exigences
modernes.
Depuis, Ramadan a fait du CILE, doté par la faculté
de Doha de douze postes qu'elle finance, une sorte
de tribune qui lui permet de faire connaître sa pensée
et d'organiser toutes sortes de travaux, colloques,
séminaires, ateliers. Il y a reçu des théologiens
ouverts, mais aussi Hassan el-Tourabi, fondateur
des Frères musulmans soudanais et chantre ultra
controversé du panarabisme islamiste, décédé il y a
quelques semaines. Ou encore, comme le rappelle
le biographe de Tariq Ramadan Ian Hamel,
l'universitaire américain Norman Finkelstein, dont le
pamphlet L'Industrie de l'Holocauste (2000) critique
l'instrumentalisation de la Shoah par le « lobby juif »
américain « un petit livre ambigu » qui « déraille sur
le fond », selon le journaliste du Monde diplomatique
Dominique Vidal.
Qu'une université se voie financer une chaire par un
État étranger peut poser des questions, mais cela se
fait beaucoup, et depuis des années, dans le monde
anglo-saxon. Le Qatar, petit émirat autoritaire et
oligarchique, les naturalisés sont discriminés et des
centaines de milliers de travailleurs immigrés traités
dans des conditions parfois dignes de l'esclavage
sur les chantiers, est très actif en la matière. L'objectif
étant de promouvoir une image de modernité le pays
a été désigné pour organiser la Coupe du monde de
football en 2022, performance rendue possible par de
faramineux pots-de-vin.
Au vu de ces objectifs, une figure comme Ramadan,
populaire dans de nombreux pays musulmans comme
en Occident, est évidemment un atout. « Le Qatar
n’a pas d’idéologie très forte, si ce n’est être
influent : comme ils ont acheté le PSG, ils sont venus
s'acheter Ramadan », juge le politiste Vincent Geisser.
Une figure de l'islamologie française, interrogée par
Mediapart, se dit tout de même « surpris » du choix
de Ramadan, « qui n'est pas vraiment un grand
universitaire ». Pour le chercheur de Sciences-Po
Lyon Haoues Seniguer, qui a beaucoup travaillé sur le
Qatar, Ramadan peut être un « utile relais diplomatico-
religieux » pour relayer les messages de l'émirat en
Europe, ou appuyer l'image qu'il veut se donner d'un
État « éclairé ». Ramadan ne rate d'ailleurs pas non
plus une occasion de critiquer l'Arabie saoudite et son
idéologie « littéraliste » wahhabite. Un pays qui est
aussi un rival géostratégique et politique du Qatar.
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Yusuf al-Qaradawi, un parrain gênant
« Je sais bien ce que je peux représenter pour
eux comme réputation et comme vitrine par rapport
au monde anglophone et arabophone », concède
Ramadan, qui affirme ne rien recevoir du Qatar en
dehors de son poste à Oxford, versé par l'université
britannique mais financé par l'émirat. « Je refuse de
jouer les intermédiaires. Tout ce qui est important
pour moi, c’est que jamais ce qu’ils veulent faire de
moi ne m’empêche de faire ce que je veux faire par
rapport à eux. »
Cette phrase alambiquée signifie que Tariq Ramadan
est libre de sa parole, même s'il admet qu'une de ses
conférences a un jour été interdite par le ministère
de l'intérieur qatari. À l'intérieur du pays, Ramadan
sert aussi de soupape politique, en faisant travailler le
CILE qu'il dirige sur la question du sort honteux fait
aux migrants. « Ma démarche est systématiquement
critique, jure-t-il. J'ai toujours dit qu'Al-Jazeera[la
grande chaîne d'info qatarie ndlr] avait eu une
politique à géométrie variable dans la couverture
du printemps arabe, elle n'a pas couvert les
événements à Bahreïn. J'ai critiqué le fait que le Qatar
se soit engagé aux côtés des Américains et de la
France en Libye. »
Le jour de l'inauguration du CILE, en 2012, on pouvait
croiser le chanteur Cat Stevens, converti à l'islam, le
grand mufti de Sarajevo, la fameuse Cheikha Mozah,
mais aussi un personnage très sulfureux dans le monde
occidental : Yusuf al-Qaradawi, 89 ans, le théologien
officiel du régime de Doha. Sorte de parrain du CILE,
al-Qaradawi est très influent auprès des autorités et a
été l'« initiateur », dixit Ramadan, de la faculté des
sciences islamiques où celui-ci enseigne. Le CILE est
d'ailleurs financé et abrité par l'université. Intime de
la présidente de la Qatar Foundation Cheikha Mozah
(mère de l'émir actuel), al-Qaradawi est une sommité
intellectuelle du monde arabe sunnite.
Photo officielle de l'inauguration du CILE. Tariq Ramadan, en chemise
blanche, avec à sa droite Cheikha Mozah et Yusuf al-Qaradawi © DR
Frère musulman égyptien exilé au Qatar en 1951,
président de l'Union internationale des savants
musulmans (dont Ramadan est aussi membre),
président du Conseil européen pour la fatwa et
la recherche de Dublin (la branche européenne de
l'UOIF), al-Qaradawi, qui anime aussi une émission
théologique très regardée sur Al-Jazeera La charia et
la vie ») est, selon Haoues Seniguer, le « chef de file de
la matrice idéologique de l'islamisme contemporain ».
Dans le pays, cet ultraorthodoxe, un de ces «
littéralistes » critiqués par Ramadan, est le garant
de la tradition islamique la plus rétrograde. Auteur
en 1960 d'un traité de théologie intitulé Le Licite et
l'illicite et maintes fois réédité depuis, il prône la
« solution islamique » : l’avènement d’une société
islamique, alternative au « libéralisme démocratique
» comme au « socialisme révolutionnaire », et
supérieure à l'Occident » qui « ne connaît pas la foi
en Dieu ». Dans ses ouvrages, dont l'arabisant Haoues
Seniguer a fait une lecture attentive, il s'en prend
au « judaïsme international », parle de l'« avarice
des juifs » et de « leur adoration de l’argent ». Al-
Qaradawi justifie « l’amputation de la main du voleur,
la flagellation du fornicateur ou sa lapidation, la
flagellation des alcooliques, les récits de mise à mort,
l’application des règles de la charia en pratiquant
les châtiments corporels », rappelle Seniguer dans
Petit Précis d'islamisme (L'Harmattan, 2014). Il
souhaite un enseignement islamique qui fusionne «
l’enseignement religieux et l'enseignement civil », une
société qui cantonne la femme à « l’entretien de la
maison », encourage le « mariage précoce ».
À propos de l'homosexualité, il évoque une «
perversion de la nature, une plongée dans le cloaque
de la saleté, une dépravation de la virilité », se
demande s'il faut « tue[r] l'actif et le passif », et « par
quel moyen ? Est-ce avec un sabre ou le feu, ou en les
jetant du haut du mur ? Cette sévérité qui semblerait
inhumaine n'est qu'un moyen pour épurer la société
islamique de ces êtres nocifs qui ne conduisent qu'à la
perte de l'humanité ». Plus récemment, il a justifié les
attentats suicides en Palestine et appelé au djihad en
Syrie, «un devoir qui incombe à tous les musulmans ».
Al-Qaradawi, qui devait se rendre en 2012 au congrès
de l'UOIF au Bourget, a été interdit de séjour en
France.
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Ramadan et al-Qaradawi se connaissent bien. Selon
un universitaire qui a rencontré le vieux théologien
à Doha, celui-ci est d'ailleurs en privé assez
condescendant envers Ramadan, qu'il nomme son «
petit-fils », façon d'afficher une proximité affective et
une forme de dédain intellectuel.
Tariq Ramadan, que nous avons interrogé à propos
d'al-Qaradawi lors de notre entretien, assure être en «
claire opposition » avec le théologien « sur nombre de
ses déclarations ». Après la rencontre, il est revenu en
détail, et à ma demande, sur ces divergences au sujet
desquelles on ne l'entend pas – à la fois parce qu'il les
esquive et parce que les journalistes lui posent peu la
question.
« J’ai dit et écrit dans plusieurs livres que l’islam
politique avait atteint ses limites. Qu’il n’y a pas
de “solution islamique” et qu’il faut une réforme
radicale de l’approche sur cette question comme
sur d’autres d’ailleurs. L’idée que l’Occident serait
décadent et que la civilisation islamique était l’avenir
n’a aucun sens pour moi. Comme l’idée d’islamiser la
modernité, qui est une approche simplificatrice. Par
ailleurs, il m’a critiqué et a dit que l’on avait une seule
identité, musulmane, lorsque je défendais le fait que
nous avions des identités multiples. »
Sur Israël, Ramadan prend aussi ses distances: «
Qaradawi dans ses écrits de jeunesse, comme c’est
souvent le cas dans le monde arabe, confond la
critique d’Israël et le rapport aux juifs. Or il faut
être clair, l’antisémitisme est anti-islamique et tout
propos tendancieux doit être condamné. La critique
de la politique d’Israël doit être effectuée en termes
politiques et elle est légitime. » Il dénonce aussi le
soutien aux attentats suicides: « Je ne suis pas d'accord
avec lui lorsqu'il dit que tuer des civils en Israël est
légitime dans une situation de résistance : j’ai dit
publiquement et écrit que la résistance était légitime,
mais que les moyens devaient l’être en condamnant
les attentats suicides visant des civils et des innocents.
»Même pas de côté pour l'appel au djihad: « Un appel
au djihad international n’est pas légitime à mon sens.
Par ailleurs, ses propos sur Kadhafi que l’“on devrait
tuer” ou sur les chiites qui “sont les plus dangereux
ennemis de l’islam” sont des positions auxquelles je
m’oppose et que tout mon engagement condamne. »
Concernant les châtiments corporels, Ramadan se
démarque d'al-Qaradawi avec sa proposition de
moratoire, qu'il continue de défendre alors qu'elle est
décriée depuis quinze ans dans les pays occidentaux
et lui vaut d'être considéré comme infréquentable.
La proposition d'un moratoire a, dit-il, « des vertus
pédagogiques fondamentales » parce qu'elle permet
d'engager « une discussion de fond sur la peine de
mort, les châtiments corporels et la lapidation » dans
les pays musulmans.
Sur l'égalité entre les hommes et les femmes, Ramadan
assure que ses « positions vont à l’encontre » de
celles du théologien qatari, même s'il juge « injuste
de réduire sa pensée à cela ». « Je me bats pour une
égalité sociale d’accès à l’éducation et au marché
de l’emploi, et pour l’égalité des salaires », dit
Ramadan, qui dit aussi « condamne[r] » ses propos
sur l'homosexualité. « Pour moi, on ne peut pas
normaliser islamiquement l'homosexualité, mais le
respect de la personne est indiscutable et inaliénable.
»
Pourtant, Tariq Ramadan ne va pas jusqu'à le déjuger.
« Yusuf al-Qaradawi apporte une réflexion par
rapport à la réforme de l'islam [entendue chez
Ramadan, comme toujours, comme une réforme
conservatrice qui ne remet pas en cause le dogme
ndlr]. On me dit que je devrais couper avec lui, mais je
préfère confronter et être dans la discussion critique.
Ostraciser des gens, je ne veux pas le faire. »
À nouveau, revoilà Tariq Ramadan pris en flagrant
délit de ce « grand écart » permanent qui le caractérise.
Boite noire
Edwy Plenel, président et directeur de la publication de
Mediapart, se voit parfois reprocher d'avoir dialogué
avec Tariq Ramadan. Récemment, un de ses tweets
sur «l'excommunication politicienne » dont Ramadan
serait l'objet a été commenté (lire son billet ici). Ces
faits n'ont rien à voir avec cette enquête, lancée il y a
plus d'un mois, à mon initiative, et menée depuis en
toute autonomie, comme le sont tous les articles de
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Mediapart. L'entretien avec Tariq Ramadan a eu lieu le 25 mars. Il n'a pas relu ses citations. Sur ce volet
spécifique, je lui ai demandé quelques précisions qu'il
m'a transmises par courrier électronique le 31 mars.
Directeur de la publication : Edwy Plenel
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