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ans le cadre du programme national de santé publique concernant l’HTA, la
CNAM a mené une enquête dont les résultats ont été diffusés récemment.
Il existe plusieurs rapports : l’un a été communiqué aux médecins libéraux
début septembre 2000 ; il s’agit d’un résumé des résultats de l’enquête de
quelques pages ; l’autre est présenté in extenso sur le site Internet de la CNAM
(www.cnamts.fr) et comprend une centaine de pages. Les résultats régionaux
ont été adressés aux médecins dans chaque région.
Le rapport résumé présente les résultats nationaux du programme national de santé
publique concernant l’hypertension artérielle sévère exonérée. Il s’agit de l’“enquête de
l’Assurance maladie sur la prise en charge médicale des malades”.
Quels en sont les messages importants ?
– il existe un décalage entre les recommandations et les pratiques de terrain ; par exemple,
dans la technique de mesure de pression artérielle et la manière d’exprimer les valeurs de
pression artérielle (chiffres arrondis au zéro contre valeurs millimétriques). Pour être plus
faciles à accepter, les recommandations devraient en tenir compte ;
– quatre malades sur 10 ont une pression artérielle strictement normalisée (< 140/90 mmHg).
Seulement 27 % des plus de 60 ans sont normalisés. Cette situation préoccupante intéresse
encore plus les patients diabétiques (objectif < 130/85 mmHg) et insuffisants rénaux
(objectif < 125/75 mmHg) ;
– parmi les spécialités les plus prescrites, on retrouve deux antagonistes calciques, trois
bêtabloquants, deux diurétiques, un antihypertenseur central, un antagoniste de l'angio-
tensine II et une combinaison d'antagoniste de l'angiotensine II et de diurétique ;
– la majorité des patients reçoivent une trithérapie (34 %) ou une quadrithérapie (18 %) ;
35 % reçoivent une bithérapie et seulement 13 % sont traités en monothérapie ;
– les résultats sont globalement satisfaisants pour ce qui concerne le choix des classes théra-
peutiques, mais certains traitements pourraient être améliorés (prescriptions contre-indiquées
du fait de pathologies associées, sous-prescription des IEC chez les diabétiques hypertendus) ;
–les mesures hygiéno-diététiques sont sous-utilisées ;
–le coût annuel de traitement de ces patients est de 150 millions de francs. Neuf millions
d’économie auraient pu être générés par la prescription de “spécialités moins chères du
même groupe équivalent thérapeutique”.
Les objectifs de l’enquête de la CNAM dépassent en fait les simples constatations énumé-
rées ci-dessus. La lecture du rapport dans sa version intégrale le montre. Ces objectifs
étaient multiples : tout d’abord mieux connaître les caractéristiques de la population can-
didate à l’ALD, puis mettre en place une communication entre les médecins conseils et les
praticiens en leur rendant visite pour récupérer les données sensibles intégrées dans l’en-
quête, et enfin analyser l’impact des recommandations de l’ANAES en deux temps, avant
et après sensibilisation des praticiens.
Les critères d’exonération définissant “l’HTA sévère” pour l’entrée dans l’ALD sont appréciés
par le médecin conseil : ce sont les critères manométriques des chiffres tensionnels et les critères
liés au retentissement associé à l’HTA : cérébral, vasculaire, cardiaque, rénal ou oculaire. Cette
sélection permet d’analyser un échantillon à risque cardiovasculaire particulièrement élevé. La
discussion du rapport reprend les thèmes résumés ci-dessus : insuffisance du contrôle tension-
nel, en général et dans les populations spéciales (diabétiques, insuffisants rénaux), insuffisance
des mesures hygiéno-diététiques, insuffisance de la prise en charge globale de ces patients.
Plusieurs remarques viennent à l’esprit :
–la population étudiée ne reflète pas la population des hypertendus sévères vivant en
France. Il s’agit d’une population de 10 000 patients étudiés en 1999 pour lesquels une
demande de mise en ALD a été effectuée par les médecins praticiens. La mise en ALD a
Éditorial
Éditorial
Résultats de
l’enquête
nationale de la
CNAM sur
“l’HTA sévère”.
Faut-il laisser la
CNAM mener
ce type
d’enquête ?
Jacques Julien*
D
* Paris.
Act. Méd. Int. - Hypertension (13), n° 3, mars 2001