progrès en Progrès en diabétologie Insulinorésistance et risque cardiovasculaire : des chainons manquants Paul Valensi* thie autonome cardiaque, lusieurs études prospectives réalisées chez des l’insulinorésistance, le de type 2 et les sujets non diabétiques suggèrent qu’un hyperinsu- diabète complications cardiovasLa dysfonction autonome linisme, témoin de l’insulinorésistance, constitue un culaires. L’insuline endocardiaque s’exprime de facteur de risque de cardiopathie ischémique. Le syn- gène pourrait rendre compte des modifications façon précoce, à un stade drome d’insulinorésistance conjugue une élévation de l’activité autonome infraclinique, par des altérations des variations concomitante de la glycémie et de l’insulinémie, une cardiaque, en déprimant de la fréquence cardiaque augmentation des triglycérides, une baisse du HDL- le contrôle parasympathique de la fréquence (VFC). Ces altérations peuvent être mises en évi- cholestérol, une hypertension artérielle et un état cardiaque et en activant le dence au cours d’épreuves d’hypofibrinolyse. Les mécanismes par lesquels l’insu- système nerveux sympastandardisées (respiration linorésistance contribue à l’aggravation du risque thique, une telle modification de la balance vagoprofonde, orthostatisme actif, Valsalva) proposées cardiovasculaire sont encore incomplètement connus. sympathique exposant au par Ewing, ou dans des Deux types d’anomalies bien décrites chez les diabé- risque de troubles du conditions spontanées sur tiques se trouvent en fait associées à l’insulinorésistan- rythme cardiaque. Une suractivité sympathique des enregistrements ECG de longue durée en recou- ce et pourraient rendre compte du mauvais pronostic pourrait aussi contribuer rant à des analyses dans de ce syndrome. Il s’agit de la dysfonction autonome à la rigidité artérielle. L’hyperglycémie, des facle domaine temporel (dé- cardiaque et de la dysfonction endothéliale. teurs nutritionnels ou la viation standard de l’inréduction d’activité phytervalle RR ou différents Dans l’étude hollandaise HOORN portant sique pourraient ensuite renforcer l’exindices de variabilité à court terme) et sur une population de 50 à 75 ans, d’impression des gènes. dans le domaine fréquenciel (analyse portantes altérations des VFC sont notées spectrale). Chez les diabétiques, le rôle de dès la découverte du diabète et même au l’hyperglycémie chronique avec sa cascade stade de l’intolérance au glucose. L’étude métabolique subséquente est fortement épidémiologique Fredericia, du nom soupçonné à partir des études transverLa dysfonction endothéliale est un phénod’une ville danoise, qui a débuté en 1961, sales et surtout des essais d’optimisation mène ubiquitaire qui joue sans doute un s’est intéressée aux descendants non diade l’équilibre glycémique. Cependant, en rôle physiopathologique important dans bétiques de sujets diabétiques ou non diadehors du diabète, des arguments de préles complications macro- et microvascubétiques qui faisaient partie de la cohorte somption en faveur du rôle de l’insulinolaires du diabète. Elle affecte les troncs initiale. Chez les sujets ayant un parent résistance peuvent être avancés : relation artériels (aorte, artères brachiales, fémodiabétique de type 2, les VFC au cours des anomalies des VFC avec l’indice de rales et coronaires) et la microcirculation d’épreuves standardisées étaient signifimasse corporelle, le surpoids androïde, (peau, reins, rétine, corps caverneux). Ses cativement plus faibles, même après ajusles triglycérides, et comme nous l’avons conséquences en sont notamment une tement sur la glycémie et le taux observé, avec l’insulinémie. Deux études altération de la vasomotricité, une augd’HbA1c, que chez les sujets n’ayant pas récentes renforcent cette présomption. mentation de la perméabilité vasculaire, d’hérédité diabétique, et la dysfonction une réduction de l’activité fibrinolytique. autonome cardiaque était associée à des Des taux circulants augmentés de cerniveaux plus élevés d’insulinémie à jeun. taines glycoprotéines d’adhésion solubles Ces données suggèrent l’existence d’un * Hôpital Jean-Verdier, université Paris-Nord, (VCAM-1, selectine E), du facteur von syndrome génétique incluant la neuropaBondy. Variations de la fréquence cardiaque P L’endothélium en question 141 progrès en Progrès en diabétologie Willebrand et du PAI-1 constituent d’autres témoins de la dysfonction endothéliale. Le rôle de l’hyperglycémie est fortement suggéré par la normalisation de ces taux à la faveur de quelques jours de normoglycémie. Une série de données récentes suggère que la dysfonction endothéliale peut également résulter de l’insulinorésistance. Ainsi le groupe de J. Tooke a rapporté chez des sujets ayant une hyperglycémie à jeun (à risque de devenir diabétique), une réponse hyperhémique au réchauffement local de la peau du dos du pied réduite, négativement corrélée à l’insulinémie et positivement corrélée à la sensibilité à l’insuline. De même nous avons montré chez les obèses, une réduction de la vasodilatation cutanée endothélium-dépendante (évaluée par laser doppler) induite par l’application iontophorétique d’acétylcholine, et que la vasodilatation est corrélée négativement à la glycémie 120 minutes après charge orale en glucose. D’autres auteurs ont noté que la vasodilatation au niveau des membres inférieurs, en réponse à l’injection intra-artérielle d’acétylcholine, est réduite et corrélée négativement à l’excédent pondéral à disposition androïde. L’insulinorésistance pourrait être impliquée dans la dysfonction endothéliale en contribuant au stress oxydant par une production exagérée de radicaux libres, mais aussi en réduisant la capacité de production endothéliale d’oxyde nitrique. Cela amène à considérer l’existence d’une insulinorésistance vasculaire, dans la mesure où l’insuline exerce physiologiquement son effet vasodilatateur propre en activant la NO-synthase. Les désordres secondaires à l’insulinorésistance, dyslipidémie ou hypertension artérielle, contribuent à leur tour à la dysfonction endothéliale. Selon l’hypothèse de Barker, un faible poids de naissance s’associe à un risque accru d’insulinorésistance pendant la vie adulte. De façon intéressante, chez des enfants de 11 ans nés avec un faible poids de naissance mais indemnes de désordres métaboliques, des anomalies de la vasomotricité ont été observées au niveau brachial. Ces données ont conduit à émettre l’hypothèse que les gènes impliqués dans la sensibilité à l’insuline E.mail : [email protected] Internet : http//www.edimark.fr 62-64, rue Jean-Jaurès, 92800 Puteaux Tél. : 01 41 45 80 00 - Fax : 01 41 45 80 01 Act. Méd. Int. - Hypertension (13), n° 6, juin 2001 142 affecteraient également la fonction endothéliale. Ainsi l’insulinorésistance voit sa sémiologie clinique s’enrichir de désordres qui peuvent contribuer à son mauvais pronostic cardiovasculaire et qui relèveraient de facteurs génétiques communs. Ces désordres précèdent le diabète, les désordres lipidiques et l’HTA. Leur régression sous l’influence de nouveaux traitements améliorant la sensibilité à l’insuline commence à être évaluée et mérite certainement d’être testée de façon plus approfondie. Références bibliographiques – Gerritsen J, Dekker JM, Ten Voorde BJ et al. Glucose tolerance and other determinants of cardiovascular autonomic function : the HOORN study. 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